Colloque international
« Après la déconstruction : reconstruire les sciences et la culture »
Sorbonne (Amphi Liard et visio zoom), le 7- 8 janvier 2022
organisé par le Collège de philosophie avec le soutien du Comité Laïcité République
Emmanuelle Hénin (Sorbonne Université), Xavier-Laurent Salvador (Paris 13),
Pierre-Henri Tavoillot (Sorbonne Université, Président du Collège de philosophie)
INSCRIPTION obligatoire via ce lien HELLOASSO
La « pensée » décoloniale, aussi nommée woke ou cancel culture, représente un défi pour le monde éducatif. Au-delà d’un débat intellectuel légitime qu’il ne convient pas d’éluder, et certainement pas d’interdire, elle introduit dans le domaine éducatif et parfois scolaire une forme d’ordre moral incompatible avec l’esprit d’ouverture, de pluralisme et de laïcité qui en constitue l’essence. Partant de l’idée que la colonisation constitue le stade ultime de l’oppression humaine sous toutes ses formes — de l’Occident sur l’Orient, des blancs sur les « minorités visibles », de l’homme sur la femme, du productivisme capitaliste sur la Nature pure et sauvage, … —, elle en vient à imposer « l’oppression » comme grille exclusive d’analyse du réel. A l’analyse nuancée se substitue peu à peu la dénonciation, l’opposition frontale entre le mal et le bien ; puis, in fine, la tentation de l’« annulation », c’est-à-dire d’une table rase du passé, de l’histoire, de l’art, de la littérature, et de l’ensemble de l’héritage civilisationnel occidental, désormais voué au pilori. Même les apparents « progrès » — décolonisation, libération de la femme, droit des travailleurs, lutte contre des discrimination — sont perçus comme des ruses sournoises masquant une domination, non seulement toujours à l’œuvre, mais de plus en plus scandaleuse.
Il ne convient ni de surestimer ni de sous-estimer la puissance de cette idéologie, importée pour une bonne part des Etats-Unis. Il suffit de constater qu’elle monte aujourd’hui en puissance dans tous les secteurs de la société, y compris dans le monde éducatif et scientifique, où elle a déjà causé quelques dégâts. Le principe de ce colloque est de faire un état des lieux, aussi nuancé que possible, et d’envisager comment conserver au sein du monde scolaire et universitaire, les conditions d’un pluralisme éclairé qui interdise à toute idéologie de s’imposer comme dogme moral contre l’esprit critique. Car il s’agit avant tout de favoriser la construction, chez les élèves et étudiants, des repères culturels fondamentaux.
Comité scientifique : Sami Biasoni, Andreas Bikfalvi, Jean-François Braunstein, Charles Coutel, Yana Grinshpun, Hubert Heckmann, Nathalie Heinich, Philippe d’Iribarne, Samuel Mayol, François Rastier, Dominique Schnapper, Jean Slamowicz, Pierre-André Taguieff, Pierre Vermeren
NB : Dans l’attente des consignes sanitaires (et du fait des incertitudes quant à la jauge autorisée), l’inscription du colloque ne peut se faire, pour l’instant, qu’en mode distanciel. Un message sera ensuite adressé à toutes les personnes inscrites sur les modalités permettant d’y assister physiquement (amphi Liard — entrée au 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris).
INSCRIPTION obligatoire via ce lien HELLOASSO
— PROGRAMME —
Vendredi 7 janvier
9h. Introduction par Pierre-Henri Tavoillot et Emmanuelle Hénin
Session I- Généalogies de la déconstruction —
9h15. Table-ronde 1- Les trois âges de la déconstruction—
Albert Doja (anthropologue, Lille), Jacques Julliard (historien), Philippe Raynaud (philosophe, Paris II), Véronique Taquin (romancière, professeur CPGE), Pierre Vermeren (historien, Paris I)
Modérateur : Pierre-Henri Tavoillot (philosophe, Sorbonne-Université)
10h15. TR 2- Rives et dérives du déconstructionnisme —
Pierre Jourde (écrivain, critique), Pierre Manent (philosophe, EHESS), Pascal Perrineau (politologue, Sciences-po), Pierre-André Taguieff (historien des idées, CNRS)
Modérateur : Xavier-Laurent Salvador (linguiste, Paris 13)
11h30. Issues of Deconstruction Abroad (in English) :
Bruno Chaouat (littérature, Université Minesota), Sergiu Klainerman (mathématiques, Princeton), Marcel Kuntz (biologist, CNRS), Timothy Jackson (musicologue, North Texas), Helen Pluckrose (écrivaine), Peggy Sastre (philosophe des sciences, éditorialiste)
Modérateur : Jean Szlamowicz (linguiste, Sorbonne-Université)
12h30. Pause déjeuner
Session II- La tentation des ruines ou les impasses de l’intersectionnalité —
14h. TR 4- Le retour de la race : racialisme et néoracisme : quatre grands témoins
Mathieu Bock-Côté (sociologue, essayiste), Pascal Bruckner (romancier, essayiste), Claire Koç (journaliste), Boualem Sansal (romancier, essayiste)
Modérateur : Sami Biasoni (philosophe)
15h. TR 5- L’islam à l’université : peut-on encore en parler ?
Florence Bergeaud–Blacker (anthropologue, CNRS), Arnaud Lacheret (politologue, Arabian Gulf University), Bernard Rougier (sociologue, Sorbonne Nouvelle), Thibault Tellier (historien, Sciences-po Rennes)
Modérateur : Vincent Tournier (politologue, Sciences-po Grenoble)
16h. Pause
16h15. TR 6- Gender, néoféminisme et écoféminisme
Jean-François Braunstein (philosophe, Paris I), Belinda Cannone (littérature comparée, Université de Caen), Yana Grinshpun (sciences du langage, Sorbonne-Nouvelle), Claude Habib (littérature, Sorbonne-Nouvelle), Liliane Kandel (sociologue)
Modératrice : Nathalie Heinich (sociologue, CNRS)
17h15. TR 7- Il faut sauver Blanche-Neige ! Totems et tabous de la cancel culture
Raphael Doan (historien, haut fonctionnaire), Xavier Gorce (dessinateur de presse), Vincent Tournier (politologue, Sciences-po Grenoble), Pierre Valentin (philosophe politique).
Modérateur : Pierre Vermeren (historien, Paris I)
Samedi 8 janvier
Session III- Vers la reconstruction : chantiers en cours & horizons communs
9h30. TR 8- Enjeux institutionnels : politique, droit, laïcité
Anne-Marie Le Pourhiet (juriste, Université de Rennes), Adrien Louis (philosophe, professeur CPGE), Rémi Pellet (juriste, Université de Paris et Sciences-po), Dominique Schnapper (sociologue, EHESS)
Modérateur : Éric Anceau (historien, Sorbonne-Université)
10h30. TR 9- Enjeux éducatifs : repenser la transmission
Charles Coutel (philosophe, Université d’Artois), Alain Frugière (directeur de l’INSPE de Paris), Mara Goyet (écrivaine, professeur d’histoire), Alain Seksig (Inspecteur de l’Education Nationale), Tarik Yildiz (sociologue)
Modérateur : Éric Deschavanne (philosophie, vice-président du Collège de philosophie)
11h30. Pause
11h45. TR 10-Des noires, des blanches, des rondes : la musique pour tous
Catherine Kintzler (philosophe, Université de Lille), Bruno Moysan (musicologue, UVSQ), Nicolas Meeùs (musicologue, Sorbonne-Université), Dania Tchalik (pianiste)
Modérateur : Hubert Heckmann (littérature médiévale, Université de Rouen)
13h. Pause déjeuner
15h. TR 11- Enjeux épistémologiques à l’ère de la post-vérité
Eric Anceau (historien, Sorbonne-Université), Nathalie Heinich (sociologue, CNRS), Philippe d’Iribarne (économiste, anthropologue, CNRS), François Rastier (linguiste, CNRS), Jean Szlamowicz (linguiste, CNRS)
Modérateur : Pierre Valentin (philosophe politique)
16h. TR 12 – Les arts, les humanités, l’humanité
Jérôme Delaplanche (historien de l’art), Alexandre Gady (historien de l’architecture, Sorbonne-Université), Hubert Heckmann (littérature médiévale, Université de Rouen), Carole Talon-Hugon (philosophie, Sorbonne-Université).
Modératrice : Yana Grinshpun (sciences du langages, Sorbonne-Nouvelle)
17h. Conclusion
Gilbert Abergel, président du Comité Laïcité République
Thierry Coulhon, président du Haut Conseil de l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES)
Le Collège de Philosophie est une association loi 1901, créée en 1974, héritière du Collège philosophique, fondé par Jean Wahl en 1946. Centre de recherche et de réflexion, il organise des conférences publiques en Sorbonne qui, pour certaines, ont donné lieu à publication aux éditions Grasset dans la collection « Nouveau Collège de Philosophie ».
https://collegedephilosophie.blogspot.com/2021/12/colloque-apres-la-deconstruction.html
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