Alireza Firouzja, 18 ans, est un surdoué des échecs. Né en Iran, le jeune homme vient d’obtenir la naturalisation française à Chartres (Eure-et-Loir), où il habite depuis deux ans. Deuxième mondial déjà, et champion d’Europe en individuel, ce mordu de l’échiquier semble promis à un avenir plus que radieux.
Dix-huit ans seulement. Et déjà au sommet. Alireza Firouzja est actuellement deuxième joueur mondial aux échecs. Il n’est devancé que par le Norvégien Magnus Carlsen, qui a remporté son cinquième titre mondial. Alireza Firouzja est né en Iran. Et il vient d’être naturalisé français après deux années passées à Chartres. Il semble promis à un fabuleux destin dans le monde des échecs.
En novembre 2021, le jeune surdoué de l’échiquier a remporté en solitaire le Grand Swiss, qualificatif pour le tournoi des candidats au titre de champion du monde d’échecs. Un tournoi avec les huit meilleurs joueurs mondiaux, qui sélectionne le challenger pour le championnat du monde. Il est arrivé avec huit points sur onze, au bout de douze jours de jeu. Une énorme performance, alors que l’autre Français, Maxime Vachier-Lagrave, 12e mondial, ne s’est classé « que » 6e de ce tournoi. “En arrivant ici, je pensais que mes chances n’étaient pas très grandes car les joueurs sont expérimentés, confie Alireza Firouzja. En termes de classement, je faisais évidemment partie des prétendants mais ces tournois sont toujours très piégeux et difficiles. Il y a de la satisfaction.”
Firouzja a ensuite permis à la France de remporter la médaille d’argent aux championnats d’Europe. Alors qu’il portait les couleurs tricolores pour la toute première fois. En entraînant dans son sillage tout un collectif bleu. Le jeune prodige a aussi a décroché la médaille d’or en individuel, le 21 novembre 2021. Avec sept victoires et deux nuls, il est devenu, à un peu plus de 18 ans, le plus jeune joueur au monde à franchir la barre des 2 800 points au classement ELO, qui peut être comparé au classement ATP au tennis.
Son arrivée en France, un virage vers les sommets
La vie et la carrière d’Alireza Firouzja ont pris un nouveau tournant en septembre 2019. Date à laquelle il a quitté l’Iran, lui, le natif de Babol, dans la province du Mazandéran, au nord-est de Téhéran, pour s’installer définitivement en France à Chartres. Un changement d’univers et de culture qu’il a opéré avec sa famille.
Trois mois avant son arrivée, l’ancien président de la Fédération française Bachar Kouatly l’avait invité aux internationaux de France de parties rapides et blitz. Puis il avait glissé le nom du jeune Iranien au club de Chartres, qu’Alireza Firouzja a finalement rejoint sous l’impulsion de son président François Gilles. Une opportunité en or pour les deux parties. L’Iran interdisait au jeune homme de jouer contre des joueurs israéliens, par exemple. Il aurait pu rejoindre les États-Unis, mais c’est en France qu’il a choisi de poser ses valises.
Sa progression a été fulgurante. Et sa précocité bluffante. Il a commencé les échecs à 8 ans et ne trouvait déjà plus intéressant de jouer avec son frère à 10 ans. Né avec les ordinateurs devant les yeux, il s’est « fait » presque tout seul, en autodidacte. Champion d’Iran, il a rapidement joué la première place dans tous les tournois auxquels il a pris part à ses débuts.
Plus jeune joueur classé plus de 2700, il a ensuite été classé numéro 13 mondial au classement FIDE, qui prend en compte les résultats du Tata Steel. Il a obtenu sa troisième norme de Grand Maître il y a seulement trois ans, lors de l’Open Aeroflot 2018, le réputé tournoi d’échecs annuel à Moscou, qui est rapidement devenu populaire au point de devenir l’Open le plus fort du monde.
Le titre mondial dans un futur proche ?
Si l’on remonte un peu plus loin. Son étonnante sixième place lors du championnat du monde de rapides en décembre a été un premier déclic pour lui. Une première affirmation de son potentiel. Un résultat qu’il a obtenu en partant tête de série numéro 169. Un an plus tard, il était sacré vice-champion du monde de la discipline derrière Carlsen.
Le 23 novembre 2021, il a reçu le décret de naturalisation française, à Chartres, en présence de son père et de son frère. Un moment fort. “C’est un honneur. Je ressens de la gratitude”, a-t-il déclaré. Mordu du jeu, Alireza Firouzja est lié aux échecs. Et ce, pour la vie semble-t-il : “Je ne pourrais jamais abandonner les échecs. Une fois que vous avez appris les échecs, c’est fini, vous devez aller jusqu’au bout. Même si vous n’êtes pas un joueur professionnel, vous penserez au jeu tous les jours. C’est un jeu incroyable, et très bon pour le cerveau en plus”, a-t-il expliqué lors d’une interview en anglais après son succès au Grand Swiss.
Le jeune champion est très soutenu en Eure-et-Loir et nombreuses sont les personnes qui se soucient de son épanouissement. Alireza doit parfaire sa maîtrise de la langue française, encore approximative. Hébergé dans un logement social à son arrivée, il vit désormais dans une maison avec sa famille.
Une subvention spéciale a été attribuée par la ville de Chartres à son club. Le maire en personne, Jean-Pierre Georges, a participé à la recherche de sponsors. Ces derniers lui fournissent une voiture et un ordinateur puissant, et des entraîneurs de haut niveau. Des moyens renforcés vont même être mis en place pour l’accompagner financièrement jusqu’au tournoi des candidats. Le jeune Alireza Firouzja franchit les étapes à toute vitesse.
Avant, peut-être, la consécration : un titre de champion du monde pour ce prodige des échecs. Elle pourrait arriver très vite puisqu’une confrontation avec le jeune Français semble être la priorité du maître actuel Magnus Carlsen : “Si quelqu’un d’autre que Firouzja gagne le tournoi des Candidats, il est peu probable que je dispute le prochain match du Championnat du monde”, a déclaré le Norvégien, numéro un mondial, ce mardi 14 décembre.
© Arthur Frand
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