Malgré les publications sur la vente de navires de guerre à la Grèce par les États-Unis, la France prétend qu’elle va vendre ces mêmes navires à la Grèce – malgré les déclarations américaines

Eyal Pinko | 13/12/2021 partage

REUTERS / Kevin Lamarque

En septembre dernier, l’Australie a annoncé qu’elle annulait son projet de sous-marin avec le groupe naval français Naval Group et se lançait dans un nouveau projet de sous-marin, pour se procurer des sous-marins nucléaires, avec le Royaume-Uni et les États-Unis, dans le cadre d’un accord stratégique signé entre les trois pays. 

Le président français Emmanuel Macron est resté bouchée bée, lançant une campagne politique contre l’Australie, la Grande-Bretagne et les États-Unis, les accusant de divers chefs d’accusation, sans assumer la responsabilité de la conduite de Naval Group dans le projet, des retards qu’il a occasionnés et de l’inachèvement de nombreux jalons incontourables dans le projet.

Il est à noter que le gouvernement français, en collaboration avec le ministère français de la Défense et des Services de renseignement, soutient les industries de défense locales, et fait de gros efforts, afin qu’elles remportent des appels d’offres internationaux. Macron, qui se bat pour un nouveau mandat et est au milieu d’une année électorale difficile, n’a pas tardé à tourner ses efforts vers le marché grec. 

En octobre dernier, environ deux semaines après l’annonce dramatique de l’Australie, le président français et le Premier ministre grec ont annoncé que les deux gouvernements étaient parvenus à un accord sur l’achat de trois ou quatre frégates pour la marine grecque aux chantiers navals de Naval Group. 

Mais Washington ne renonce pas à la concurrence croissante dans la dimension maritime. Le week – end dernier, l’ Agence américaine de coopération pour la sécurité et la défense a annoncé qu’elle approuvait la vente par Lockheed Martin de quatre frégates multi-missions avancées à la Grèce dans le cadre d’un projet estimé à 6,9 milliards de dollars, en plus de l’approbation d’un autre projet de modernisation des navires Meko de la marine grecque : l’intégration des systèmes de combat à leur bord pour environ 2,5 milliards de dollars.

Les Français ne sont pas restés indifférents à la déclaration américaine, et le ministère français de la Défense s’est empressé de déclarer ce jour-là qu’il n’y avait pas de réel intérêt aux déclarations américaines, car le projet avec Naval Group avait déjà été convenu, et ses détails seraient signé la semaine prochaine. 

Naval Group fournira à la marine grecque quatre frégates françaises, dont la première sera livrée dès 2024, s’est empressé de rectifier un représentant du ministère français de la Défense. Naval Group, comme pour tous ses projets au cours des dernières années, fournit des calendriers déraisonnables et achète ses clients avec des promesses de livraisons rapides et de prix révolutionnaires. Ce fut également le cas au Chili, au Brésil et en Inde. Dans tous les projets de ces dernières années, l’entreprise française a dépassé d’au moins deux ans ses délais de livraison et ses budgets de projets.

Avec Macron en arrière-plan, il perd sa capacité à aider les industries françaises en raison de son implication dans le processus électoral et parce qu’il a déjà perdu beaucoup de crédit dans l’affaire des sous-marins australiens d’une part. D’autre part, la formidable intensification de la marine turque menaçant la Grèce, le geste américain pourrait bien faire pencher la balance des décisions en Grèce, en faveur des navires américains, de leurs systèmes de combat, intégrés dans le dispositif de l’OTAN, et de la modernisation des navires de la marine grecque.

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