Clôture de sécurité à la frontière de Gaza : une prouesse technologique





Clôture de sécurité à la frontière de Gaza : une prouesse technologique

Le 7 décembre 2021, le Ministre de la Défense, Benny Gantz, a annoncé l’achèvement de la clôture de sécurité le long de la bande de Gaza : « la clôture est un projet innovant et technologiquement avancé. Elle empêche le Hamas de développer ses capacités de nuisance et met un mur de fer, de capteurs et de béton entre lui et les habitants du sud ». Pour le général de brigade Eran Ofir (qui a dirigé la construction), il s’agit de « l’un des projets les plus complexes que l’establishment de la défense ait jamais construit ». Enfin, pour le chef d’état-major de Tsahal, Aviv Kohavi : « La barrière est en train de changer la réalité. Ce qui s’est passé dans le passé ne se reproduira plus ». Description d’une prouesse technologique présentée comme « unique en son genre ».

Le mur et la clôture (en fer et en acier), d’une longueur de 65 km, s’étendent depuis l’Egypte, contournent la Bande de Gaza et s’avancent à l’intérieur de la mer Méditerranée. Ils ont nécessité 3 ans et demi de travail et coûté 3.5 milliards de shekels (1.1 milliard de dollars). Le mur high-tech devrait sécuriser les populations juives vivant à proximité de la bande côtière, et empêcher toute incursion de terroristes, par la terre, par la mer, ou de manière souterraine. L’innovation technologique est tout à fait originale. La fortification (construite avec 140 tonnes de fer et d’acier), se compose d’équipements de surveillance, notamment, des dizaines d’antennes et des centaines de caméras et de radars.

La barrière comprend une partie située au dessus du sol, d’une hauteur de plus de 6 mètres, et d’une partie souterraine, profonde de plusieurs mètres, composée de capteurs pour détecter la construction de tunnels. Par ailleurs, le mur est équipé d’un système d’arme télécommandé et une barrière maritime doté d’un équipement de surveillance permettant de détecter toutes les tentatives d’intrusion par voie maritime. Enfin, la surveillance s’opèrera au moyen de salles de commandement et de contrôle. Les techniques employées sont si sophistiquées que le Ministre de la défense la qualifiée de « clôture intelligente ».

Eran Ofir a, également, apporté des indications concernant les difficultés rencontrées pour finaliser l’ouvrage : «Le travail était tout sauf simple. Nous avons enduré 15 rounds de combats. Ils nous ont tiré dessus. Nous avons travaillé sous le feu, mais nous n’avons presque jamais cessé de travailler, sauf quelques heures». S’agissant des moyens mis en œuvre, la construction de la barrière a nécessité la main d’œuvre de 1 200 travailleurs, l’enlèvement de 330 000 camions de sable, de terre et de roches, deux millions de mètres cubes de béton et « suffisamment de barres d’armature qui, si elles étaient disposées sur une seule ligne, atteindraient l’Australie ».

Le projet (dévoilé en 2016) avait, effectivement, pour objet de parer à cette technique, assez ancienne du Hamas, consistant dans la construction de tunnels pour mener des opérations terroristes : en 2004, des tunnels ont été creusés sous des positions israéliennes installées à Gaza pour y faire exploser des bombes. En 2006, des terroristes du Hamas ont pénétré en Israël, tué 3 soldats, et enlevé un quatrième, Gilad Shalit (séquestré pendant cinq ans avant d’être libéré lors de son échange avec des terroristes détenus en Israël). Les tunnels ont encore été utilisés lors de la guerre de Gaza en 2014 : Tsahal avait du pénétrer à Gaza pour les détruire.

Depuis quelques années, Tsahal a amélioré ses techniques de détection, ce qui lui permet de les détruire, depuis les airs, et d’éliminer les terroristes qui s’y cachent. Toutefois, si Tsahal déjoue les infiltrations de façon aérienne, la construction de la nouvelle clôture devrait rendre toute nouvelle tentative impossible : les terroristes palestiniens ne devraient plus pouvoir les utiliser pour s’en prendre à la population israélienne. De même, la clôture empêchera les tentatives d’invasion du territoire israélien, comme celles organisées, en 2018, le long de la frontière de la Bande de Gaza (que les gazaouis appelaient « Grande marche du retour »).

Benny Gantz a toutefois indiqué que « le calme pourrait précéder la tempête ». Le Hamas et les autres groupuscules terroristes ne cessent de menacer Israël de nouvelles opérations, reprochant les délais pris pour la reconstruction de la bande de Gaza. En effet, Israël subordonne la reconstruction complète de Gaza au retour de deux civils israéliens qui s’y trouvent et à la restitution des restes de deux soldats de Tsahal détenus depuis 2014. Or, le Hamas réclame, en contrepartie, la libération de nombreux terroristes incarcérés dans les prisons israéliennes, ce à quoi Jérusalem s’oppose.

Dans ces conditions, Benny Gant a entendu rassurer la population israélienne : « Nous continuerons de nous préparer à neutraliser toute tentative de nuire aux civils israéliens depuis la bande de Gaza – avec la menace de roquettes ». « Nous empêcherons les connaissances et la technologie iraniennes d’atteindre Gaza et nous continuerons de contrecarrer toute tentative du Hamas d’utiliser ses mandataires en Cisjordanie et en Israël. Ces tentatives échouent à maintes reprises ».

Pour sa part, Kohavi a indiqué que la protection d’Israël ne suffisait pas et qu’il fallait, concomitamment, améliorer les capacités offensives notamment contre l’Iran qui poursuit le développement de son arme nucléaire : « Nous nous souvenons qu’une victoire décisive n’est obtenue que par une attaque et nous la renforçons constamment et de manière significative – en particulier contre l’Iran l’année dernière ».

Inversement, les groupuscules terroristes palestiniens disent ne pas être impressionnés par la construction de ce mur et affirment qu’il ne les empêchera pas de creuser de nouveaux tunnels. Ils annoncent même que ce mur est voué à l’échec, comme les autres fortifications israéliennes réalisées dans le passé. Les brigades Izz al-Din al-Qassam (branche armée du Hamas) ont alors expliqué avoir développé de nouvelles capacités, après avoir tiré des leçons de l’expérience des guerres et des affrontements précédents : « À Gaza, les factions, malgré leurs capacités simples par rapport à l’arsenal israélien, sont capables de surprendre l’ennemi avec des opérations qualitatives. Ce mur n’empêchera pas la résistance de répondre aux agressions et aux crimes d’Israël»… De même, «Le dôme de fer n’a pas empêché les roquettes palestiniennes, qui ont atteint leur portée la plus éloignée à l’intérieur du pays occupant »…Enfin,  «De tels murs n’affecteront pas les capacités des factions à Gaza, qui travaillent constamment à leur développement et ne manqueront pas d’atteindre leurs objectifs.»

A ce jour, la protection d’Israël s’est considérablement renforcée. Côté Cisjordanie, l’Etat juif a entrepris, en 2002, la construction d’un mur de séparation d’une longueur de 700 km, comprenant des parties en béton armé, hautes de huit mètres. Par ailleurs, Israël possède un dispositif anti-missile, le Dôme de fer, qui lui permet de se protéger des tirs de roquettes du Hamas

Subsiste donc la frontière avec le Liban, où la protection est actuellement insuffisante. Benny Gantz a donc annoncé la prochaine étape : la construction d’une barrière intelligente similaire, au nord, pour se protéger des infiltrations du Hezbollah.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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