Bretagne :
DELINQUANCE Une expérimentation est amorcée au sein de la prestigieuse école de Saint-Cyr Coëtquidan, dans le Morbihan C.A.
Publié le 10/12/21 à 07h05 — Mis à jour le 10/12/21 à 09h29
- Le ministre de la Justice était dans le Morbihan jeudi pour rencontrer des mineurs suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
- Eric Dupond-Moretti y a rencontré l’association Irvin, constituée d’anciens militaires, qui va accompagner les jeunes.
- L’objectif est d’offrir un «séjour de rupture» à des mineurs et de les changer d’environnement.
Il avait évoqué cette idée dans la foulée de sa nomination à la Chancellerie. Devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, le tout nouveau ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti annonçait vouloir « moins enfermer » les mineurs délinquants. Plutôt qu’incarcérer, le ministre rêvait alors d’envoyer ces jeunes pour un séjour dans l’armée, reprenant au passage une idée véhiculée par Eric Ciotti. Eric Dupond-Moretti ajoutait qu’il préférait qu’un jeune « ait un militaire pour idole qu’un islamiste radical ou un caïd ». Le garde des Sceaux aura patienté un an et demi avant de voir son vœu s’exaucer. Depuis le 15 novembre, six jeunes issus du centre éducatif fermé d’Evreux (Eure) sont accueillis au sein de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, dans le Morbihan.
Jeudi, le ministre de la Justice s’est déplacé en Bretagne pour découvrir le « parcours d’inspiration militaire » mis en place pour ces six jeunes âgés de 14 à 17 ans aux parcours souvent chaotiques. Sur les cinq mois de leur séjour en centre éducatif renforcé, ils passeront cinq semaines auprès des militaires, en binôme avec un élève officier, puis deux semaines dans un chantier de génie écologique et une semaine de découverte de l’institution militaire. Pendant cette période, ils resteront encadrés par leurs éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), accompagnés par l’association Irvin dirigée par d’anciens militaires. « L’objectif des centres éducatifs fermés est de créer une rupture avec l’environnement des mineurs, qui sont souvent désinsérés. On cherche à créer un esprit de solidarité et de cohésion. Le séjour d’inspiration militaire s’inscrit dans ce cadre », explique la Chancellerie.
« Ce n’est pas une classe verte »
Pendant cinq semaines, les « stagiaires » seront plongés en immersion dans l’armée française, dont ils devront assimiler les valeurs, notamment la rigueur. Les journées seront rythmées par de nombreuses activités en pleine nature : de la marche, y compris de nuit, de l’escalade, des bivouacs ou de la course d’orientation. « Ce n’est pas une classe verte, prévient la Chancellerie. C’est un séjour de rupture où il est question de cohésion, de dépassement de soi. Nous avons affaire à des jeunes qui ont des difficultés majeures au quotidien. L’idée, c’est de provoquer un déclic ».
En signant un protocole cet été, le ministère des Armées et le ministère de la Justice espéraient « mieux se connaître ». L’armée espère-t-elle recruter à l’occasion de ces parcours ? « Nous n’allons pas recruter au sein de la PJJ, ce n’est pas l’objectif », rétorque le ministère. Avant de rappeler qu’elle propose « des perspectives de carrière pour les jeunes » mais qu’elles restent « encore peu connues ». Qu’elle veuille recruter ou non, l’armée pourrait se heurter à un problème de taille. Pour devenir militaire, un candidat doit présenter un casier judiciaire vierge, à moins de s’engager dans la Légion d’honneur.
Cette première session entamée en novembre sera suivie d’une seconde courant 2022, où six autres jeunes seront accueillis à Coëtquidan. Un bilan sera ensuite tiré de cette expérimentation, prévue pour durer jusqu’en août 2022.
Poster un Commentaire