
Au sortir de la guerre d’Algérie, toute une génération d’hommes politiques a favorisé l’immigration en France, mais aussi en Europe, d’une frange de la population arabo-musulmane, souvent la moins éduquée. Ce sont des familles entières, très modestes pour la plupart, qui sont venues chercher un avenir meilleur pour leurs enfants.
Dans beaucoup de ces familles, pas toutes évidemment, l’antisémitisme est culturel. Transmis de parents à enfants, il est d’une virulence et d’une bêtise qui feraient passer les jeunesses hitlériennes pour des enfants de chœur. Les Juifs sont qualifiés de démoniaques, sous-hommes, sanguinaires, violeurs sataniques, égorgeurs d’enfants, j’en passe et des meilleures.
Bien sûr, fort heureusement, beaucoup de Musulmans, d’un niveau social en général supérieur, ont une vision des Juifs plus apaisée, et parfois même, positive, voire sincèrement bienveillante.
En étudiant les conséquences de l’immigration récente des Musulmans en France, on peut considérer qu’il y a eu un virage, en termes d’expression visible de l’antisémitisme, au tout début des années 2000. En effet, jusque-là, les Musulmans de France, sans doute encore trop peu nombreux, vivaient au milieu des Juifs et des Chrétiens, dans des cités dans lesquelles ils restaient minoritaires. Voir un Juif de près, partager un banc d’école avec lui, c’était avoir l’opportunité de s’émanciper, au moins en surface, de cet antisémitisme instillé dans le lait maternel.
A partir de 2000, donc, la classe politique a maintenu, voire accéléré, l’immigration d’une population aux fondements culturels viscéralement antisémites, exposant ainsi les Juifs de France à un danger existentiel. Et même si, avant cette date, on pouvait encore, à sa décharge, lui accorder l’excuse de l’ignorance, on serait bien indulgent de lui trouver la moindre circonstance atténuante lorsque ont augmenté le nombre de départs de Français juifs vers Israël à partir de 2002 et 2003, ainsi que celui des agressions antisémites en France.
Les lanceurs d’alerte furent nombreux et avertirent très tôt, qu’après le tour des Juifs viendrait celui des Chrétiens et des non-Musulmans en général. Des Juifs allaient être insultés, bastonnés puis tués. Après eux, viendraient les Forces de l’Ordre, les journalistes et enfin, l’ensemble de la population.
Il fallait être sourd et aveugle pour ignorer ces alertes. Et puisque, me semble-t-il, aucun de nos dirigeants depuis l’année 2000 ne souffrait de tels handicaps, comment qualifier leur absence totale de volonté de freiner l’immigration musulmane ? Comment qualifier, pire encore, leur objectif ouvertement poursuivi d’augmenter et de faciliter cette immigration ? Y a-t-il pire antisémite que celui qui agit de sorte à exposer les Juifs à un danger existentiel grandissant ? Y a-t-il pire traitrise que d’exposer l’ensemble de la population à une immigration pleine de rancœur, de haine des Juifs et plus largement, d’une détestation de l’Occident ? Et surtout, y a-t-il pire traitrise que de le faire en conscience ?
La classe politique fut bien aidée par les médias, toutes tendances confondues. La diabolisation d’Israël, la victimisation à outrance des arabes de Palestine, alimentèrent cette haine du Juif qui couvait et qui trouva dans l’antisionisme le prétexte dont elle rêvait pour s’exprimer sans retenue.
Y a-t-il pire antisémite que celui qui diabolise le seul pays, au demeurant minuscule, offrant un refuge aux Juifs du monde entier ?
Ainsi, cette classe dirigeante, aidée de pratiquement tous les médias, s’est évertuée à créer un environnement de plus en plus hostile aux Juifs de France. Comble du culot, non contents d’avoir sacrifié la sécurité des Juifs pendant des décennies, ils viennent aujourd’hui, la main sur le cœur, jurer qu’ils ont enfin compris et promettre de faire à présent la politique que le pays tout entier réclame depuis des décennies. Et ils voudraient qu’on les croie.
Le pire, c’est que de nombreux électeurs sont enclins à le faire. Pendant toutes ces années, Eric Zemmour, lui, dénonçait sans relâche la montée de cet antisémitisme arabo-musulman. Il menait un combat, avec quelques autres, pour tenter de freiner l’immigration d’origine africaine. Pendant ce temps aussi, Eric Zemmour, encore lui, reconnaissait sans jamais faillir le droit d’Israël à se protéger physiquement et culturellement contre ses voisins haineux. Il osait affirmer que le concept de peuple palestinien avait été inventé par Yasser Arafat et que cette brillante idée lui avait été soufflée par les soviétiques. Eric Zemmour, toujours lui, s’insurgeait contrer la victimisation des populations arabes dans le monde, et des Palestiniens en particulier. Une victimisation dont il comprenait qu’elle était le moteur de toutes nos lâchetés et qu’elle exposait toute la population du pays, en particulier les Juifs, à des violences qui iraient croissantes.
Ne voyez-vous pas le paradoxe ? Celui qui, sans discontinuer, s’est évertué à protéger les Juifs de France (et les Français dans leur ensemble), se trouve aujourd’hui accusé d’antisémitisme par ceux qui les ont jetés en pâture, provoqué leur exode interne, leur désertion des écoles publiques des quartiers dits sensibles, et même leur émigration en Israël.
On croit rêver, mais non. Cette inversion des culpabilités ne semble choquer personne. Et l’on trouve des millions de Français, y compris de confession juive, monter sur leurs ergots et vociférer leur haine contre le Z. Quant à ce qui les motive, il y a la bêtise bien sûr, la mémoire courte aussi, mais plus impardonnable encore, l’appât du gain et la prospérité de leurs petites affaires.
Les vrais antisémites, dont la majorité s’ignore, sont ceux qui ont voté Macron en 2017, qui s’apprêtent à le refaire ou à voter Pécresse. Ce sont eux, les idiots utiles complices des massacreurs de Juifs. Eux et personne d’autre. Certes, les islamo-gauchistes auraient pu en être. Mais, heureusement pour la France, et surtout pour les Français de confession juive, ils n’ont jamais gouverné. Dieu seul sait ce que les Juifs auraient eu à endurer s’il en avait été autrement.
© Elie Sasson