Selon Thierry Oberlé, du Figaro le 29 novembre, La France et Israël veulent mettre fin à leur brouille
Qu’il avait bon dos le p’tit cheval
A en croire le journaliste du Figaro, l’unique “brouille” subsistant entre la France et Israël tiendrait, essentiellement, aux “révélations” d’un consortium de journalistes (du Monde, du New york Times, du Guardian, etc) de Forbidden Stories associé à l’expertise informatique de l’ONG Amnesty International, dont le point de vue anti-israélien est rarement à démontrer.
S’il faut reconnaître qu’une telle enquête contient plus d’un aspect embarrassant, en termes diplomatiques, on peut néanmoins souligner l’hypothèse biaisée du Figaro, qui rend la technologie et son producteur, le prestataire, responsables et, partant coupables, des agissements de ses pays-clients.
En somme le feu brûle, donc le feu est coupable. Mais il permet aussi de cuire les aliments et d’assainir notre nourriture : dans le cas d’espèces, de traquer des terroristes et de réels criminels (les narcotrafiquants par exemple).
Qu’en est-il des “ONG” blanchissant l’oseille du terrorisme?
Il a aussi permis de mettre en exergue les zones floues de la reconversion de terroristes déjà “grillés” par leurs années de prison, comme l’aspirant assassin de Grand Rabbin d’Israël, le Franco-Palestinien Salah Hamouri, membre du FPLP, qui a pris une casquette plus “légitime” de participant à “l’ONG” Addameer. L’un des buts principaux de cet organisme, selon NGO- Monitor et le Shin Bet, est de récolter des fonds et d’alimenter les réseaux financiers du terrorisme, comme dans le dossier de la mort de Rina Schnerb, à Dolev, en août 2019, alors que son père et son frère étaient blessés dans l’explosion.
La France dispose aussi de ses propres procédures de mises sur écoutes de dangers pour la sécurité nationale et, en admettant que Pegasus ait pu réaliser une telle tâche, cela ne retire rien aux soupçons que l’individu poursuit par d’autres moyens les mêmes objectifs et qu’il a repris du service pour son groupe de frappe. Il pourrait donc encore contribuer à tuer des jeunes filles juives de 17 ans – qui, elles, ne participent pas encore à la guerre-. C’est la principale raison de son éviction du territoire par la Ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, à qui on ne “la fait pas à l’envers”. En inversant la charge de la preuve, on peut aussi dire que la France, en protégeant diplomatiquement de tels individus, dans l’ambiguïté de leurs missions suspectes ou/et avérées (le dossier n’a pas encore été totalement éclairci, malgré que Gantz ait désigné ces ONG comme terroristes), tient aussi sa part de responsabilité dans la “brouille”.
Un terrain “déminé” depuis le printemps 2019
Ensuite, Oberlé nous informe que : “Emmanuel Macron signifie la fin officielle de la brouille avec Israël en recevant ce mardi (30 novembre) à l’Élysée Yair Lapid, le ministre des Affaires étrangères israélien et numéro deux du gouvernement”.
La réflexion est, d’autant plus, amusante et anachronique que Yaïr Lapid est déjà venu et a déjà été traité en “meilleur ami” à l’Elysée : c’était au début avril 2019, alors en plein affrontement électoral des egos, entre Blanc-Bleu de Lapid et Gantz, contre le Premier Ministre sortant Binyamin Netanyahu. Aucun des accords actuels de coalition n’était alors en vue. Pour Macron, il s’agissait d’afficher sa nette Préférence… Mais le coup de pouce n’avait pas suffi.
Centristes tous deux, ou cherchant la synthès-miracle du “tout en même temps”, Lapid et Macron ont tout pour s’entendre, y compris leurs désaccords géostratégiques sur les questions de sécurité au Moyen-Orient.
Bennett, selon Macron : simple huissier au service de Lapid?
Bennett et Macron auraient déjà réalisé un pas important, nous rappelle le journaliste du Figaro, à Glasgow, le 1er novembre, “en marge du sommet sur le Climat”. Mais c’est peu dire que l’ancien responsable des implantations de Judée-Samarie, chef de Yamina, même si “nouvelle-droite” recentrée et bien plus “libérale”, comparativement au Foyer Juif des radicaux Smotrich et Ben Gvir, continue, pour l’Elysée, de “sentir le souffre” de l’opposition farouche à l’existence d’un “Etat Palestinien” armé au cœur de l’Israël de la tradition, en Judée et Samarie, Vallée du Jourdain… La rencontre, bien qu’agréable, ne pouvait être tenue pour décisive par Emmanuel Macron. Ce serait trahir ses aspirations les moins avouables (Iran, Liban, Etat Palestinien…)
Rappelons que la Start-up -Nation que représente le Premier Ministre Bennett a beaucoup à offrir à l’Hexagone en voie de digitalisation (3% des grandes entreprises françaises seraient réellement à la page sur ce point). Il en va de même sur le climat, grâce à ses “entrepreneurs Verts”, où Israël peut contribuer fortement au développement de certains pays africains amis, aussi grâce à l’entremise des Accords d’Abraham : des portes d’entrée comme le Soudan, le Tchad et, surtout le Maroc vont être essentiels, dans les années à venir pour résoudre des problématiques liées à la sécheresse, au réchauffement climatique, à l’absence d’irrigation, au besoin d’agronomie, à l’ensoleillement qu’il faut canaliser par les énergies solaires et autres…
Or, on relève que le Maroc a aussi été pris la “main dans le sac Pégasus”, mais étrangement peu incriminé, à l’inverse du méchant “petit canard” Israël, tenu pour responsable principal, puisque pays qui a mis au point l’intrus informatique.
On peut donc admettre que lorsqu’on dit, au Quai d’Orsay informant nos journalistes, qu’on met fin à la “brouille”, on le fait au travers des admonestations adressées à Israël, mais que cela pourrait aussi concerner ses “ayant-droits”, ou pays, vite excusés, qui ont “un peu abusé” du logiciel-espion!
Une coopération ouverte avec Rabat vaut mieux que les obscurs sous-entendus
En l’occurrence, il existe un ensemble de “brouilles” non-démêlées, inclues dans la brouille “principale” -liée soi-disant à Pegasus, le cheval ailé s’approchant trop du Soleil (le Roi-Macron?) :
- on sait qu’il s’agissait, entre autres, de savoir ce que pensaient des Ministres et responsables français, dont probablement le chef de l’Etat, de la situation en Algérie (Hirak et répression…), du conflit autour du Sahara Occidental, et du bras de fer en général entre Rabat et Alger -qui n’est pas sans risque d’affrontement direct à un moment donné, de basse ou plus haute intensité (?)
- On connaît aussi la position anti-terroriste de la France en litige au Mali (sans qu’il ait directement été question de Pegasus), Paris souhaitant qu’Alger prenne ses responsabilités régionale, avec un régime qui est prêt à faire appel aux mercenaires du groupe Wagner de Poutine et Evgueni Prigogine
- Ce même groupe interlope, ainsi que les miliciens islamistes syriens, envoyés par la Turquie d’Erdogan, sont déjà présents en Libye, où s’affrontement les gouvernements de Tripoli et Benghazi.
- L’Algérie en “brouille” avec tout le monde, de Rabat à Paris, en passant par son propre peuple, a interdit le survol de son espace aérien, par des avions français venant renforcer le dispositif Barkhane.
- Parallèlement à l’ensemble de ces conflits enchevêtrés au Maghreb, Israël, par l’entremise de son Ministre de la Défense Benny Gantz, vient de prendre faits et causes pour le Maroc et s’allier sur le plan sécuritaire à ce pays. Cela concernera l’échange de renseignements et de formation militaire, la fabrication de drones et de moyens anti-aériens, d’éventuelles invitations à des manœuvres communes avec d’autres pays, comme Bahrein, les Emirats, etc.
Déni officiel de participation à la gymnastique anti-iranienne commune
En n’étant jamais qu’un poil plus réaliste que le journaliste du Figaro, on notera que la France a participé récemment et même par un passé plus lointain, à plusieurs grands exercices maritimes et aériens avec Israël, la Grèce et quelques autres pays méditerranéens, dans le cadre de la dissuasion adressée à la Turquie et à ses aspirations d’association avec la Libye de Tripoli, pour perturber les projets gaziers gréco-chyprio-égypto-israéliens dans ce secteur de l’Est de la Grande Bleue.
Une flottille israélienne en mer Méditerranée. MENAHEM KAHANA / AFP
Mais, début novembre, la France a également participé aux manoeuvres du NAVCENT (Commandement Central des Forces Américaines) avec Israël, les Emirats Arabes, Bahrein, la Grèce… visant l’interopérabilité. Etrangement, Le Figaro nous le cache, dans son article du 11 novembre. On est encore dans la logique du “vilain petit canard” qu’il convient d’éviter, consistant à ne jamais reconnaître ouvertement les bienfaits des Accords d’Abraham, “complotés” par Trump et Netanyahu, ni sa propre participation à ce que fait Uncle Sam et encore moins Jérusalem. Rappelons-nous les éclats théâtralisés de Chirac (1996) immité par Macron en janvier 2020 à Jérusalem, imposant le personnel de son consulat contre la sécurité israélienne, le pays d’accueil. Comme si une portion de la capitale d’Israël appartenait, de fait, à l’Empire macronien ou chiraquien De quoi en brouiller plus d’un.
En route pour l”‘Etat failli” à Ramallah-Gaza?
On ne parlera pas, ici, de “brouille”, mais d’ambiguité comme ligne diplomatique, consistant à ne jamais fâcher les adversaires ou ennemis catégoriquement hostiles à Israël et à limiter l’affichage public de ses points de coopération. On comprend vite qu’il s’agit de garder une posture intangible sur le fameux dossier palestino-israélien, même si, avec le temps, elle apparaît plus que risquée de s’abîmer en un projet d’Etat “failli”, doté d’une composante terroriste indéniable, celle du Hamas, allié du Hezbollah -parrain du Liban – et de l’Iran…
Là encore, reconnaissons que les ambivalences de l’Elysée, y compris dans ses arrangements avec l’Iran et le groupe terroriste -jamais nommé comme tel- du Hezbollah à qui il laisse la mainmise au Liban, aurait de quoi “brouiller” plus d’un pays-ami. Mais Israël doit feindre ne pas en prendre ombrage, même quand le port de Beyrouth explose. Mais qui sait, c’est peut-être encore la faute de Pégasus, qui aurait voulu briller, l’arrogant, plus fort que le nitrate d’ammonium!
La France suiviste derrière le JCPOA de Biden?
Cela nous amène à envisager d’autres raisons plus immédiates et en phase avec la politique internationale, de la présence de Lapid à Paris : nous ne sommes qu’au lendemain de la relance des pourparlers entre les 5 puissances mondiales +1 et l’Iran au sujet des limitations de son programme nucléaire, balistique et hégémonique régional. La France est partie prenante, mais a besoin de concessions iraniennes (ou de copilotage ave le Hezbollah -voire autre esclandre contre le journaliste du Figaro Malbrunot, le 2 septembre 2020) au Liban.
Israël est frontalement opposé à ce projet d’accord, mais la posture de Lapid et éventuellement, Gantz, est juste un peu moins intransigeante que celle de Bennett, Aviv Kochavi et Bibi Netanyahu, sur les deux derniers points : si un accord global pouvait être trouvé sur les sujets balistiques et de l’hégémonie iranienne (qu’Israël pilonne en Syrie, alors que les pays du Golfe la craignent au Yémen et à leurs frontières -bombardement d’Abqaïq et de Khurais en Arabie Saoudite, le 14 septembre 2019), Israël pourrait partiellement consentir à certains apports ou décalages apportés par ladite entente internationale, au moins le temps de parfaire son arsenal en vue de frappes des installations nucléaires iraniennes, si elles s’imposaient, au lendemain de l’échéance de l’accord.
Bouderies du coin des lèvres
On voit donc que la fâcherie dont nous entretient le Figaro, ce matin, relève largement de la légende de Pégase et que les sujets de brouille, pour peu qu’on soit susceptibles, sont potentiellement plus étendus que ne veut bien nous le faire accroire le journal de référence.
Nous n’avons abordé que quelques sujets de politique étrangère, sans déborder sur les problèmes intérieurs que connaît la France, où l’antisémitisme à caractère terroriste s’est exponentiellement aggravé depuis 20 ans, avec la mort d’une bonne douzaine de concitoyens juifs et une “réponse” institutionnelle” très en deçà de ce qu’elle pourrait être (voir les défaussements policiers et de la Juge d’Instruction Anne Ihuellou, durant la Commission Parlementaire autour de l’Affaire Sarah Halimi, les cafouillages sécuritaires du Bataclan, etc.).
Israël a aussi contribué, depuis 2013, à empêcher plusieurs attentats en France (Villepinte) et en Europe, décrivant très précisément ce que serait l’Etat Islamique, deux ans plus tard (frappes terroristes de janvier à novembre de cette année-là). Mais l’Elysée se passera bien de demander si c’était grâce à ce brave petit cheval ailé…
Alors, la cause principale de la brouille ne serait-elle pas l’ingratitude généralisée, comme ligne Maginot de Paris prenant régulièrement ses distances avec le “vilain petit canard”, incidemment bouclier de l’Occident, là où cela chauffe?
Par ©️ Marc Brzustowski
Les votes contre Israel à l’onu dans son combat contre les terroristes, la dejudaisation de Jérusalem, le partage de Jérusalem, la contribution de la France à l’ap, hamas, unrwa, l’affaire du Tombeau des Rois, les représailles disproportionnées… Dois je continuer?