Novembre s’étire alors que dans une Salle de l’Assemblée nationale se poursuivent les auditions de toutes les Parties qui ont été priées de se présenter pour être entendues devant les membres de la Commission d’Enquête parlementaire présidée par Meyer Habib et concernant les éventuels dysfonctionnements relevés dans l’Affaire Sarah Halimi.
Parties civiles. Témoins. Avocats. Experts. Grand Rabbin. Famille. Les prétendument séquestrés Diarra. Et bien d’autres. Tous témoignant, après avoir prêté serment, devant les Membres de la Commission, quelques-uns, rares, ayant été autorisés à déposer à huis clos.
Il est important de rappeler que le Président Habib a fait le choix de rendre publiques toutes les auditions, un droit régi par le statut dont dépendent lesdites Commissions.
Important aussi de noter la maitrise dont il fait part dans cet exercice plus que délicat.
Important d’évoquer la fermeté dont il fait preuve et qui le dispute à une courtoisie élémentaire jamais prise en défaut à ce jour.
Chaque audition a livré, on le sait, son lot de révélations stupéfiantes et chargée qu’elle était de rechercher les dysfonctionnements éventuels en l’Affaire, nous pouvons écrire sans risque d’être déjugé que la Commission, lorsqu’elle livrera son Rapport au 15 janvier, rendra public un résumé extravagant bien que conforme aux faits, capital en termes de révélations, et cela alors même que n’avaient pas été entendus … la Police, et… la Juge Anne Ihuellou.
Concernant La Police, la déposition du Brigadier restera dans les annales comme l’illustration de la lâcheté insigne et ne manquera pas de soulever des questions capitales. Nul ne saura oublier que ledit Brigadier, en possession du trousseau de clé lui permettant d’entrer dans l’appartement des Diarra et peut-être d’empêcher le drame qui coûta la vie à Sarah Halimi, déclara devant la Commission, toute honte bue, que, saisi d’anesthésie de la pensée[1], il ne se souvenait de rien. Qu’il n’était pas conscient de tenir la précieuse clé dans les mains. Qu’il n’avait pas ressenti la nécessité de pénétrer le lieu : cet homme, qui se souvenait fort bien avoir entendu paroles, cris de fureur, sourates et apostrophes à Allah émanant de celui qui allait être le tueur, cet homme, entendez bien, n’entendit rien qui vînt de Sarah, la victime, la proie du barbare. Il n’entendit pas d’appel au secours. Mieux : il n’entendit aucun des cris de celle qu’une graine de terroriste insulta, maudit, tortura, lyncha, fracassa, avant de la jeter par la fenêtre en hurlant aux voisins alertés qu’une femme allait se suicider.
Ainsi, les cris de Sarah Halimi, ses hurlements de terreur et de douleur devenus plaintes puis gémissements avant de s’éteindre, éveillèrent les voisins alentour, mais n’alarmèrent en rien le Brigadier qui se tenait à l’étage, derrière une porte qu’il aurait pu, avec son équipe, ouvrir. Et c’est ainsi qu’il déclara sous serment, inoubliables visage et regard de la lâcheté, qu’il n’avait rien entendu.
Cette audition, accablante concernant l’établissement de la vérité et riche en interrogations pour ce qui relève du courage et de la lâcheté, fut dépassée en termes de stupéfaction lorsqu’on écouta attentivement celle, très attendue, de la Juge Anne Ihuellou, laquelle laissa d’abord sans voix nombre d’entre nous avant de susciter une colère indicible.
Sans vergogne. Voilà comment il convient désormais de qualifier celle qui déposa hier, deux heures durant, devant des Membres de la Commission pour beaucoup stupéfaits : ils attendaient des réponses clés à des interrogations fondées, et en furent pour leurs frais.
D’emblée, la Dame, dont chacun, des journalistes aux avocats mêlés à l’affaire, découvrait le visage, se montra comme ulcérée d’avoir ici à s’expliquer, Elle, toute Juge qu’elle était, et prit des airs offusqués mais encore la voix qui va avec, comme déraillant dans des aigus supposés illustrer son indignation.
Elle se souvenait, elle, quatre années après, mais cela semblait lui coûter infiniment que d’avoir à s’expliquer, et bientôt se justifier, devant ladite Commission.
C’est que dès son introduction, le Président Habib, après avoir remercié d’être venue celle qui n’eut pas le choix de se soustraire à la chose, lista les questions qui allaient être abordées. De l’absence totale de tout contact avec les Parties civiles qu’elle refusa de recevoir jusqu’à ce manque d’empathie qui frisait le parti-pris, en passant par les décisions qu’elle prit tout au long de cette caricature d’Instruction : le refus d’organiser une reconstitution mais encore celui de requalifier le meurtre en assassinat, le refus encore, placée face à un rapport d’autopsie inénarrable, d’acter la barbarie mais encore le temps mis à consentir, tel un lot de consolation ou quelque os à ronger, que la circonstance aggravante pour antisémitisme fût ajoutée aux griefs à l’encontre du mis en examen.
Anne Ihuellou avait réponse à tout, ou tout au moins crut-elle que la manœuvre allait longtemps faire bonne figure : Non Elle n’avait pas interrogé reçu les avocats car elle n’avait ni le temps, ni le goût, dit-elle, de faire salon. Oui, elle avait refusé toute reconstitution afin de ne pas risquer de fragiliser davantage celui que ses proches appellent Bébé. Oui, elle n’avait pas daigné jeter un œil sur les photos que William Attal, frère de Sarah Halimi, lui confia et qu’elle passa à la greffière sans un regard. Non elle n’avait entendu aucun des témoins, pas même celui chez qui Traoré avait passé la nuit : la police ne l’avait-elle pas déjà fait… Non elle n’avait pas investigué la Mosquée Omar, de triste réputation salafiste. Non Elle n’avait pas investigué le portable du tueur… parce qu’il ne figurait pas parmi les pièces sous scellé. Oui, elle concédait n’avoir pas cherché à se procurer ledit portable… Parce que personne n’en savait le numéro. Non Elle n’avait pas jugé utile d’accompagner les membres sur les lieux du crime, dans l’appartement de Sarah Halimi, et l’on pourrait continuer ad nauseam, mais il convient de s’arrêter pour dire les raisons invoquées par Anne Ihuellou :
Le manque de temps. Le manque de temps. Le manque de temps.
Le fait encore que ça ne lui avait pas été demandé : Je n’ai pas été saisie d’une affaire de potentiel terrorisme.
Et puis surtout, revenant à tout bout de champ : La Loi. La Loi. La Loi. La Loi : Elle ne pouvait élargir le champ d’investigations, répétait-elle d’un air las et quelque peu méprisant, comme un mauvais professeur face à un élève obtus, mais surtout refaisant le Code de Procédure pénale, amenant un avocat à nous dire qu’il n’avait jamais vu un Juge se foutre de notre gueule à ce point, et conduisant un Meyer Habib excédé mais décidé à mener à terme sa Commission à rétorquer à celle qui lui parla insolemment qu’il était le Président de ladite Commission et que donc il allait poser les questions qu’il avait décidé de poser, charge à elle de refuser d’y répondre.
Elle était en co-saisine avec un autre magistrat[2] dès l’origine, répétait-elle. Elle était magistrat, et donc chargée d’instruire pour la seule manifestation de la vérité, qu’elle soit jolie ou moins jolie, qu’elle fasse plaisir à l’un ou à l’autre, répétait-elle. […] Le juge d’instruction n’a pas de sentiment, il doit appliquer la loi, plaidait-elle encore. L’instruction était aujourd’hui terminée, on n’allait pas la refaire ici, C’était interdit par la Loi, par la Séparation des pouvoirs, par l’Autorité de la chose jugée.
L’audition de la Juge, ajoutée à celle des policiers, est si lourde de conséquences à venir qu’il est difficilement concevable que seule la chaîne I24News les relata, et qu’on ne peut s’empêcher de se demander où donc se sont encore abrités nos représentants communautaires réunis, eux qui, quelle que fussent leurs fonctions, ne pouvaient et ne devaient détourner le regard de ce qui se jouait en direct depuis des semaines : l’invraisemblable escroquerie qu’on vendit à la société juive concernant l’affaire Sarah Halimi, lourde de non-dits, de pressions certaines , de fautes d’une gravité exceptionnelle. Déshonorant à jamais la Justice du pays.
Nul n’entendit aucun de ceux-là, occupés à garder leurs fauteuils et ne voulant surtout pas se mettre à dos quelque chantre du Vivre Ensemble qu’un procès aux Assises d’un terroriste islamiste, assassin d’une femme juive, aurait pu … contrarier.
Pourtant, ce soir, une Camille Polloni
Camille Polloni vint titrer dans Mediapart un papier grotesque duquel l’auteur imagina qu’il pourrait arranger l’image désormais désastreuse d’Anne Ihuellou, la Juge dont plusieurs avocats déclarèrent que Traoré n’avait pas besoin d’avocat, puisqu’il avait … la Juge.
Meurtre de Sarah Halimi : une Commission d’Enquête dévoyée par son Président
Et de fustiger d’entrée de jeu un Meyer Habib qui dirigerait les travaux de ladite Commission d’Enquête car il n’admettrait pas la conclusion judiciaire de la chose.
Et de décrire une brute épaisse qui aurait imposé son opinion lors des auditions, mais encore, ignorante des Statuts, de dénoncer un Président qui aurait posté sur Facebook des éléments confidentiels. ( Madame Polloni aurait vérifié, en travaillant un peu, que le Président d’une Commission décide de rendre publiques, s’il le désire, les auditions, charge à lui de ne taire que ce qui relèverait du Secret d’Etat
Et de parler d’un procès pernicieux qui se jouerait devant l’Assemblée nationale, mené par un Meyer Habib envoyé spécial de la famille et qui reprendrait à son compte une certaine vision du dossier, faisant d’un homme en proie à la folie un assassin, voire un terroriste islamiste, à la lucidité suffisante pour comparaître devant une Cour d’Assises.
Et de citer un courrier du président de l’Assemblée nationale daté du 28 octobre où Richard Ferrand aurait rappelé Meyer Habib à ses obligations et évoquant sa consternation devant le fait que le Député se serait autorisé à publier sur son compte Facebook un commentaire reprenant des propos exprimés au cours d’une audition tenue à huis clos, commentaires désignés comme relevant, grâce à une lecture biaisée et élargie à dessein, de ce qui serait du domaine … du Secret d’Etat et de facto indivulgable, là où des auditions consenties à huis clos le furent à seule fin de protéger un déposant.
L’auteur du papier croit utile de rappeler aux lecteurs de Mediapart que Meyer Habib, très impliqué au sein de la communauté juive française, est encore connu pour sa proximité avec Benjamin Netanyahou. Elle croit aussi régler leur compte à Maître Szpiner, accusé d’avoir qualifié d’hallucinante la décision de la Cour de Cassation, et à Maître Nathanaël Majster, qui aurait, entendez bien, conclu, après un travail incessant sur le déroulé des faits, que lorsque la victime était juive, on minimisait les faits, dénonçant une forme de mensonge organisé et accusant la juge d’instruction d’avoir manifestement pris fait et cause pour Kobili Traoré.
Pour le plaisir, la réponse de Meyer Habib à Mediapart : Mediapart, dont la vocation est censée être la transparence de l’information publique ne devrait pas s’offenser des déclarations de témoins rendues publiques […] en toute légalité. Mediapart devrait rendre compte des débats d’une commission d’enquête parlementaire sur un assassinat antisémite islamique, et dont il n’a pas dit un seul mot. Mediapart choisissant les minorités que l’on doit défendre.
Restent. Des Faux en écriture avérés désormais, puisque la juge a fait état de séquestration là où la famille Diarra, entendue par les membres, a indiqué n’avoir jamais été séquestrée et s’être d’elle-même barricadée dans une chambre.
Faux encore lorsqu’il est écrit que la police n’avait jamais eu entre les mains le trousseau de clé de l’appartement, les même Diarra affirmant avoir lancé par la fenêtre ledit trousseau fait de clés et du badge d’accès.
Restent des manquements et incohérences, lacunes, fautes dont des avocats se sont déjà saisis.
Les auditions ne sont guère terminées.
Meyer Habib doit aujourd’hui poursuivre le travail avec l’intégrité et la fermeté dont il a fait preuve à ce jour, ce qui suppose qu’il ne doit en aucun cas plier devant ces membres qui aujourd’hui, voyant l’affaire mal engagée, tournent honteusement casaque et lui témoignent, à l’instar d’une Aurore Berger, une hostilité étonnante.
Enfin, des professionnels du Droit, tels Loïc Henri ou Nathanaël Majster, forts de la “distance nécessaire”, vont monter en renfort sur cette “Affaire”. William Attal est toujours dans la recherche de la Vérité. Les précieux Groupes de Soutien, LGPS et Agissons pour Sarah Halimi, sont avec nous. Merci à eux à qui nous avons emprunté pour l’occasion des extraits de video, l’audition en elle-même faisant partie d’une video de 6 heures. Enfin, Un merci particulier à Radio Kol Aviv qui, comme elle l’avait fait pour la triste “Affaire Bensoussan”, suit de très près l’Affaire Sarah Halimi”.
Sarah Cattan
[1] Ne plus se sentir responsable de ce que l’on fait, voilà le ressort de la banalité du mal pour Hannah Arendt
[2] Laurence Lazerges
Voici le lien pour suivre les travaux à venir
Vous pourrez retrouver les auditions passées en replay, mais encore l’agenda des auditions à venir.
J’ai suivi l’intégralité des débats accessibles sur le site de l’Assemblée Nationale et je trouve ce compte-rendu strictement conforme à la vérité. Chaque témoignage accroit l’évidence de la mauvaise justice qui a été rendue. Sans compter qu’il est inconcevable que non seulement la juge n’a pas daigné procédé à une reconstitution mais qu’elle ne s’est pas non plus rendu sur les lieux du crime “faute de temps” !! Alors que la Commission d’enquête s’y est rendue pour découvrir que la fenêtre de Mme Halimi avait été fracturée, ce qui démontre l’acte intentionnel de pénétrer chez elle !
Quant à la juge, on pourrait rapprocher sa position – insoutenable et odieuse – de celle d’Eichmann : “je n’ai fait qu’obéir aux ordres”.
Pour ma part, je trouve que Meyer Habib est vraiment quelqu’un de formidable et a révélé toute sa pertinence, sa sagacité et sa pugnacité lors de toutes ses auditions.
Bravo Monsieur et chapeau bas ! Le travail que vous faites est précieux pour la démocratie !
Bonjour, Je crois que la photo dans l’article qui indique en légende la juge Anne Ihuellou est en fait une photo de Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture et directrice des éditions Actes Sud.
Merci pour votre compte-rendu du travail de la commission d’enquête parlementaire.
Bonjour. Oui c’est exact que soudain j’ai un doute sur cette photo que l’on m’a présentée comme officielle. Merci Hervé. Je préfère la retirer, d’autant que cela est san simportance…
Respect et bravo Mr Habib il n’y a que vous pour tous les faire tomber juge policier psychiatre et pour que ce monstre soit jugé aux assises et pourrisse en prison et encore trop doux pour lui En cette période de hanoucca que la lumière soit faite
le manque de temps n excuse pas avoir tenu compte seulement des declaraations de la famille de l assassin.quand on veut etre juge il faut donner la voix a la victime sinon tout est biaise d avance simple constat de bon sens
Plus on creuse l’affaire Sarah Halimi et plus on se rend compte que c’est un scandale d’État historique. D’autant qu’on pourrait en déterrer deux ou trois autres…Le véritable fascisme et la véritable extrême droite sont déjà au pouvoir, depuis déjà pas mal d’années : la plupart des gens n’en ont pas conscience, faute d’être informés et surtout faute de culture politique.
Quand je pense que l’assassin qui est traité en psychiatrie va sortir un jour vu qu’il n’est pas fou et a juste tué sous le coup d’une « bouffée délirante « je frémis et j’ai envie de vomir sur cette justice délirante !