Michèle Mazel
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe.
On vient d’apprendre que trois sociétés françaises « ont fourni des outils de surveillance numérique massive au régime égyptien. »
Surveillance numérique : un terme élégant qui recouvre toute une série de mesures invasives destinées à espionner des organisations et des individus.
C’est Le Monde qui se fait l’écho de ces révélations fracassantes en reprenant les éléments principaux révélés par le média en ligne « Disclose » et l’hebdomadaire « Télérama », après une longue et minutieuse enquête. Des ventes qui, pour le quotidien « posent question, alors que le régime égyptien est accusé de violations des droits de l’homme : l’Egypte compterait quelque 60 000 prisonniers politiques selon des ONG depuis l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi en 2013. »
Lisons donc : il s’agit de
- « Nexa Technologies et son entreprise sœur – elles ont les mêmes dirigeants – Advanced Middle East Systems, basée à Dubaï, ont fourni un système de surveillance du trafic Internet appelé Cerebro, dans le cadre d’un contrat baptisé Toblerone et signé le 24 mars 2014 pour un montant de plus de 11 millions d’euros.
Dans sa demande de licence d’exportation, transmise en mai 2014 au ministère de l’économie français et que Disclose et Télérama se sont procurée, Nexa mentionne un « système d’interception légale IP dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité ;»
- d’Ercom-Suneris, une société rachetée par le géant de la défense française Thalès en 2019. Pour 15 millions d’euros, elle fournit au Caire des moyens d’écouter les conversations téléphoniques et de géolocaliser les téléphones mobiles. »
- Enfin de « Dassault Systèmes, filiale du groupe de défense du même nom spécialisé dans les technologies numériques, a fourni un moteur de recherche appelé Exalead. »
Ce n’est pas tout. Toujours selon le quotidien : « L’Etat français était parfaitement au courant de cette vente. En effet, ce type de technologies de surveillance doit faire l’objet d’une licence d’exportation. »
Deux jours plutôt déjà le journal avait rapporté que « la mission de renseignement française « Sirli », débutée en février 2016 au profit de l’Egypte au nom de la lutte contre le terrorisme, a été détournée par l’Etat égyptien, qui se sert des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de trafiquants présumés à la frontière avec la Libye. »
C’est ainsi que « « les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018 ».
Il ne fait pas de doute que la France va maintenant semoncer vertement l’Egypte ; le président Macron prendra son téléphone – après que les services de sécurité français aient vérifié qu’aucun logiciel espion ne s’y trouve – pour appeler son homologue au Caire et lui faire savoir que ce détournement était inacceptable.
Si comme il y a tout lieu de croire, certains des téléphones ainsi espionnés étaient des IPhone fabriqués par la toute puissante firme américaine Apple, elle ne manquera pas d’attaquer les trois sociétés en question.
Par ©️ Michèle Mazel pour Tribune Juive et Terre-des-Juifs
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