“T’es la prochaine Mila”. Yassine Belattar séquestre un journaliste et le menace de mort
Sans doute est-ce là le numéro de trop pour Yassine Belattar, celui qu’Emmanuel Macron avait fait Membre du Conseil présidentiel des villes, celui que des émissions politiques choisirent pour commenter les débats en fin d’émission, celui-là donc qui reprocha à un Bernard Kouchner de l’avoir tutoyé, celui-là encore qui se lança dans ladite émission politique pour expliquer à la France qu’il n’y avait pas de terrorisme et que l’assassinat du Père Hamel ou ceux de Toulouse n’étaient que des faits isolés, celui qui utilise en guise de menaces le nom de Samuel Paty, celui qui avait choisi ses voeux à l’endroit de Zineb El Rhazoui: Inch Allah t’es plus là en 2020, celui qui appela à la haine à l’encontre du respectable Imam Hassen Chalghoumi…, celui que … Télérama, dans sa série “Rencontre au long cours avec une personnalité du monde de la culture ou des idées“, ( sic ), invita il y a dix jours et qui répondit: “Je ne suis ni islamiste, ni djihadiste, ni voyou… juste un mec de son époque”
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C’est sur Twitter que Jordan Florentin raconte les faits : l’humoriste l’a retenu enfermé pendant une heure.
C’est toi, Jordan ? Jordan ! T’es le putain de fils de pute qui a piégé les mecs d’Aulnay ? T’es un putain de suicidaire, t’es recherché par tout le 93, tout Aulnay cherche ton prénom, t’es la prochaine Mila. Jordan Florentin est journaliste du média indépendant Le Livre Noir. Il accuse Yassine Belattar de séquestration, extorsion et menaces de mort.
Le témoignage du Rédacteur en chef de Livre Noir, média de reportages, enquêtes et entretiens, comme Brut et Konbini, uniquement sur YouTube, débute ainsi : Hier soir, Yassine Belattar m’a retenu enfermé, grille baissée, pendant 1 heure dans son théâtre avec mon collaborateur.
Tout a commencé aux alentours de 20 h. Au moment des faits, Jordan Florentin réalisait un documentaire intitulé Yassine Belattar, humoriste ou homme politique ? Raison pour laquelle il s’est rendu devant le théâtre des dix-heures, boulevard de Clichy, dans le 18e arrondissement de Paris.
Je réalisais pour Livre Noir un documentaire : Yassine Belattar, humoriste ou homme politique ? et me suis rendu à 20h devant le théâtre des dix-heures, boulevard de Clichy, dans le 18e arrondissement de Paris. Avec notre micro Livre Noir, et notre caméra, nous réalisons, en toute légalité, des interviews dans la rue.
Nous réalisons, en toute bienveillance dans le ton et le style (comme d’habitude, notamment à Aulnay, et comme 15K commentaires YouTube le confirment), des interviews de son public : Que vous inspire-t-il ? Est-ce un politique ou un humoriste ? Que pensez-vous de l’ambiance en France ?
Après 5/6 interviews, nous rangeons tous nos accessoires, entrons au théâtre après avoir validé nos billets, nous installons, et assistons sans filmer (conscients de l’illégalité si nous l’avions fait) au spectacle. Belattar, à nouveau sans preuves, m’a violemment demandé ma carte SD, persuadé à tort que nous avions filmé à l’intérieur.
Lorsque Belattar reconnaît le journaliste, il hurle : C’est toi Jordan ? Jordan ! T’es le putain de fils de pute qui a piégé les mecs d’Aulnay ? T’es un putain de suicidaire, t’es recherché par tout le 93, tout Aulnay cherche ton prénom, T’es la prochaine Mila.
Là t’es dans la cage aux lions, t’es rentré dans la jungle, le lion c’est moi il va te mordre maintenant. Je fais venir l’armée de terre pour toi, poursuit le comique, qui décroche son téléphone pour appeler un jeune d’Aulnay auquel il dit : Viens, j’ai Jordan de Livre noir dans mon théâtre. Il s’est introduit chez nous dans le 18ème.
Yassine Belattar assure le journaliste que ses hyènes allaient le chercher, qu’Aulnay allait lui tomber dessus.
Pour rappel, le magazine GQ encensait l’an passé Belattar, un des humoristes les plus intéressants de cette génération, et évoquait son spectacle En marge en ces termes :
“Ce soir-là, le public ressemble à l’homme qu’il est allé voir. Inclassable et redouté. On y croise des bandes du 78, des enfants en bas âge, des femmes voilées, des profs du 91, des bobos du 1er arrondissement de Paris, un journaliste mystère. […] Yassine Belattar, impérial, dresse cette bande d’agités en moins de 2 minutes. La première partie du spectacle, consacrée à ses nombreux déboires, est remarquable.”
GQ décrit l’enchaînement de vannes – le fameux “1 rire toutes les 7 secondes” et raconte un personnage obsédé par le vivre-ensemble mais dépassé par son caractère de chien. Ce qui donne des passages hilarants, comme lorsqu’il explique aux femmes voilées présentes dans la salle qu’elles ont clairement “brisé” sa carrière et que “maintenant, c’est chacun sa route”, ou qu’il aurait préféré s’amuser sur le décor penché de Vendredi tout est permis “avec Issa Doumbia” plutôt que d’organiser une marche contre l’Islamophobie dans le froid.
GQ poursuit : Derrière l’enragé qui débat face à Eric Zemmour se cache évidemment un père de famille vulnérable.
L’accusation de Jordan Florentin
La défense de Belattar qui se pose en victime
Un air putride, une ambiance sourde, régnent sur une France défigurée par l’omniprésence de bandes hostiles, un brin primaires, comme dénuées de toute raison, prêtes à l’affrontement.
Sarah Cattan
Un petit mot sur le pass sanitaire au nom d’Adolph Hitler présenté par Jordan ?
Avez-vous fait un réel travail d’investigation avant d’écrire votre papier ?