Un frère Musulman se dresse en « rempart républicain » contre Zemmour! Marc Brzustowski

Déjà aux Européennes de 2019.

Qui l’eut cru? On n’avait pas encore tout vu!

Issu d’Oumma.com, aux dérives islamistes, antisionistes, promoteur de thèses complotistes.

Frais émoulu des éditoriaux d’Oumma.com, -ex- AllahOuhakbar.com, selon Gilles Kepel – Nagib Azergui, fondateur du logo trompeur de l’Union des « Démocrates » Musulmans de France, en 2012, opposé à la Loi contre le Séparatisme, soutien indéfectible de la dictature d’Erdogan et de ses ingérences dans l’actualité politique française, l’éditorialiste-vedette sur le site français précité, qui cherche à étendre son influence au-delà du club réservé aux Frères Musulmans et aux salafistes (Oumma.com), y déclare sa candidature à la Campagne Présidentielle 2022!

On sait, par alleurs, qu’ Eric Zemmour, l’homme servant de tremplin à cette candidature improbable, qui devrait annoncer sa candidature au « Z comme » Zénith de Paris, le lendemain du vote au Congrès de la droite, le 5 décembre, peinera néanmoins à rassembler les 500 signatures. On peut en déduire qu’un plus petit candidat ramera d’autant plus et sera, vraisemblablement, éliminé à ce stade précoce. Pourquoi, alors, parler d’un épiphénomène qui aura bien du mal à se hisser à la hauteur de ses ambitions déclarées dans la vidéo tonitruante ci-dessus?

Azergui a lu Houellebecq le Prophète

Tout simplement parce que se présenter à la Présidentielle, même de façon éphémère, va probablement donner un éclairage particulier à ce champion de l’entrisme et à son petit parti encore quasi-inexistant, malgré ses 9 années de rôdage. C’est, en soi, un signe positif, puisque la France électorale semble bien résister à la tentation communautaire, du moint en ce qui concerne un scrutin majoritaire.

Cela reste un indicateur avant-coureur important, puisque l’élection 2022 sert de cadre au roman de Houellebecq, « Soumission » -paru le 7 janvier 2015, jour même du traumatisme national lié au massacre collectif dans les locaux de Charlier-Hebdo …-. On pourra donc tester l’hypothèse houellebecquienne grandeur nature, grâce aux tentatives répétées du Sieur Azergui :

parvient-il à nous faire prendre des vessies pour des lanternes avec son costume « républicain », s’adressant à un vote protestataire communautariste presque exclusivement « musulman »? Comme pour faire pendant à celui « d’en-face » -dont il contre-utilise les argumentaires, afin de se construire un électorat? -essentiellement incarné plus par le « Rassemblement National » de Marine Le Pen, que par Zemmour qui lui sert de cible?

Quand les Institutionnels, fashion-victims du Wokisme, se trompent de combat

Entre parenthèses, ce qui semble vrai pour les électeurs -ne pas adhérer massivement au positionnement communautaire- ne l’est pas pour les dirigeants juifs français : lors d’une régression morale et intellectuelle collective, plusieurs en sont arrivés à se conformer au modèle woke, que dénoncent, entre autres, Rachel Kahn dans « Racée » -qui lui vaut les plaintes de l’association « décolonial(ist)e » La Place en tant que directrice d’un centre de Hip-Hop- ou l’excellente écrivaine Tania de Montaigne, primée, en même temps que Georges Bensoussan, par le Comité Laïcité République pour son livre : L’Assignation, les Noirs n’existent pas, aux Editions Grasset, 2018 (ci-dessous).

Qu’il s’agisse du Président du CRIF, Francis Kalifat, du bréteur Bernard-Henri Lévy ou du grand Rabbin Korsia, chacun y est allé de sa tirade pour ré-assigner « le Juif » Zemmour à sa supposée « trahison » des valeurs Juives, quand il n’a pas s’agi, purement et simplement, de l’éjecter de l’autre côté de la barricade morale, dans le camp des « Antisémites », « Négationnistes », « Révisionnistes ».

Ne pas adhérer sans besoin de le faire taire (ou le refus de la Cancel Culture)

Fort de café, tout de même, pour le crime moral d’avoir suivi de trop près un historien contesté et contestable, mais donnant librement sa version de l’histoire en s’appuyant aussi sur Raul Hillberg et Léon Poliakov qu’on n’irait pas soupçonner des mêmes vices : le Rabbin Massorti Alain Michel, reconnu, un temps à Yad Vashem. Comme l’a mentionné Laurent Joly, dans le décompte des déportés de France, Alain Michel « ne compte pas les enfants d’étrangers nés en France et par conséquent, pour la plupart d’entre eux, faits français à titre définitif par la loi !  » (du 10 août 1927). Fils de ceux-là, on voudra bien que l’auteur de ses lignes se démarque de Zemmour, tout en lui accordant le droit voltairien de défendre des thèses qui « nous » froissent.

La question de fond, dans le cadre communautaire et au-delà, est de savoir s’il y a encore place pour le « débat » et s’il y a motif à le poursuivre, sur les « zones grises » de l’histoire de la période la plus noire de la France, ou si toute l’affaire est, d’ores et déjà classée, objet de judiciarisation et d’anathème. Est-on toujours au pays de Voltaire (lui-même antijudaïque dans certains de ses écrits d’époque, mais défenseur des Juifs persécutés)?

La question subsidiaire consiste à déceler s’il fallait absolument ré-assigner Zemmour à son appartenance d’origine, quand lui-même n’en fait pas étalage ou seulement en privé. Soit le taxer de « traître », soit risquer de se couvrir de ridicule en faisant de ce droit à pré-candidater sur les thèses qui n’appartiennent qu’à lui, l’introduction à un réglement de comptes dans l’entre-soi des synagogues, au risque de déclencher une nouvelle « guerre des Juifs » de France que n’avait pas connu (Flavius) Josèphe…

La provocation, arme médiatico-politique

Par opposition, le « talent » de Zemmour a été d’oser faire scandale, quitte à comparaître devant la XVIIème chambre correctionnelle, en soulevant des thèmes sujets à polémiques sociopolitiques fortes, comme la délinquance, l’immigration, les dégâts provoqués par les supposés « mineurs isolés », etc. Car c’est, semble t-il, le moyen (le seul?) de faire réémerger des thématiques de fond enterrées sous la surface du politiquement correct. Dans ce cadre-là, il était clair -et faisait partie du jeu politique – qu’il n’allait pas épargner des proches ethnico-religieux, comme à travers le risque de routinisation sans examen des « acquis » de l’histoire de la Déportation, et c’est allé jusqu’à ce qu’il mette en cause par écrit le choix de lieu de sépulture d’enfants juifs martyrisés par des djihadistes, soudain « logés à la même enseigne » de l’étrangeté. On ne comprend qu’ensuite qu’il subordonne toute interprétation de l’histoire au concept de Nation, comme au-delà de tous les « accidents » du terrain (faut-il pour autant les gommer?). Même et surtout s’il est glissant.

Fermons la parenthèse sur la recommunautarisation malgré lui d’Eric Zemmour, qu’on supporte ou non ses outrances (personnellement, pas toutes! C’est dit), il était légitime des deux côtés, que cela fasse des « étincelles ». Par antinomie, on peut affirmer qu’il a tout fait pour se dégager du socle brut de la provenance et de l’origine, affirmation sans merci de l’individualisme français et de la méritocratie dans ses expressions les plus « épurées » (sans jeu de mots). La communauté est la pierre brute (rite franc-maçon s’il en est! Mais en est-il? je n’en sais rien, sachant que cela donnera bien des idées à certains!-) dans laquelle il est taillé, ne restant autour de lui que des éclats, au moment de se d-éclat-rer.

Historique d’un parti identitariste islamique/iste

Or, c’est le danger inverse qu’on peut souligner, par-là même dénoncer, dans la déclaration de candidature de Nagib Azergui. Tout, dans son discours, n’est que réduction au pur utilitarisme des cadres de la République, du droit à la tolérance et de différer, y compris de ses plus semblables, dans le seul but de mobiliser les forces identitaires islamistes qui se reconnaîtront en lui ou s’y agrégeront. De fait, cette candidature factice, en ce sens qu’il n’ira guère au-delà d’un certain seuil, est avant tout une phase de recrutement. Mais son parti, ses acolytes et lui se sont déjà présentés à plusieurs scrutins : élections européennes, municipales, régionales. Bon an mal an l’oiseau fait son nid (d’Aigle?).

Exemple : Bien que n’ayant pas imprimé de bulletins de vote mais demandé aux électeurs de le faire, le parti recueille, aux Européennes de 2019, des scores significatifs dans certaines communes et quartiers à forte population musulmane (17 % au Val Fourré, 7 % à Garges-lès-Gonesse et Montereau-Fault-Yonne, 6 % à La Courneuve et Chanteloup-les-Vignes)

Le dernier en date, notamment à Nantes et à Rennes, en Bretagne, c’était au moment des Régionales (en s’appuyant sur des données de l’époque dans « Bretagne Actuelle« ).

L’Union des Démocrates Musulmans Français s’était alors engagée dans la course bretonne aux élections régionales. Sa présence en Bretagne avait pour but de bousculer le paysage politique péninsulaire. La revendication identitariste islamique devenait alors un argument électoral.

De l’enclavement communautaire comme d’une province insulaire

L’Union des Démocrates Musulmans Français a été créée en 2012 par Nagib Azergui, ingénieur nanterrien d’origine marocaine. Son orientation politique est on ne peut plus claire : anticolonialiste, antisioniste, non confessionnelle et « profondément républicaine »​, ce qui ne l’empêche pas de militer pour l’autorisation du port du voile à l’école et dans les universités. Déjà implantée dans plusieurs régions, l’U.D.M.F. a déposé une liste en Bretagne baptisée « Tous unis contre l’islamophobie, agir pour ne pas subir » ; elle est menée par le Rennais Kamel Elahiar, qui s’est également présenté en binôme aux élections départementales.

Selon Kamel Elahiar, les Musulmans d’aujourd’hui sont un peu comme les Bretons d’hier! (Une région de France à part entière, donc!)

L’U.D.M.F est un mouvement  antilibéral « centre-gauche […] fondé suite au constat que le Musulman ​était devenu un argument électoral majeur et récurrent dans la vie politique de notre pays » (dixit son créateur) ; il est toutefois classé par les Préfets comme d’obédience « communautaire », certains élus allant même jusqu’à réclamer son interdiction : c’est le cas de Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, souhaitant élargir l’interdit à toutes les listes communautaires ; quant à Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, il a également déposé une proposition de loi en ce sens. Surprise de Nagib Azergui qui compare l’U.D.M.F. au P.C.D, Parti Chrétien-Démocrate de Christine Boutin (rebaptisé V.I.A., la Voix du Peuple, en 2020), et condamne vivement les accusations de communautarisme.

Un contre-discours fondé en miroir de l’Autre

La tête de liste bretonne, Kamel Elahiar, est un conducteur routier de 50 ans, il vit aux alentours de Rennes, et a choisi cet engagement parce qu’il en « avait marre des partis qui ont fait de l’islamophobie leur fonds de commerce afin de séduire les électeurs. C’est le concours de celui qui tape le plus fort sur la tête des Musulmans pour gagner des voix. »

Rejoignant ainsi l’U.D.M.F., il souhaite lutter activement contre la montée de l’islamophobie, et fait sien l’un des slogans du mouvement  : « Sanctionnez ceux qui utilisent la haine des Musulmans pour se faire élire ». Kamel Elahiar observe que les partis politiques font de « l’islamodiversion […] au lieu d’évoquer les vrais problèmes : la crise économique, l’explosion du chômage et des inégalités, la précarité, les délocalisations… nos dirigeants ne parlent que d’islam ! » ; il ose, en outre, une analogie avec l’histoire de la Bretagne « Dans le passé, les Bretons ont parfois été stigmatisés, montrés du doigt, considérés comme des non-Français. C’est ce qui nous arrive aujourd’hui. » Sur sa liste, Kamel Elahiar a réuni des commerçants, des chefs d’entreprises, des enseignants, des ouvriers : « Tous ne sont pas musulmans, certains sont catholiques, d’autres athées », sans préciser la proportion de chacun.

Qui se cache derrière les Démocrates Musulmans de France?

L’étude du programme de l’U.D.M.F. force à constater le souhait d’une « démocratie miroir » qui reflèterait la société telle qu’elle est devenue, le corps électoral devant représenter toutes les diversités ; un peu comme avec la loi sur la parité accordée aux femmes, l’U.D.M.F. souhaite une équivalence avec les autres diversités (NDLR : ou les Juifs après le 3Concordat de Napoléon?) , à commencer par la musulmane. Notons toutefois qu’une telle liste bouscule la tradition française, aveugle aux questions d’origine et de confession. 

Dans l’esprit républicain, lorsqu’un élu incarne une forme de diversité, il n’en est ni le représentant, ni encore le défenseur attitré (NDLR : avec Zemmour comme archétype?). Pour autant, les candidats de l’U.D.M.F. ne cachent pas vouloir incarner une population particulière, en l’occurrence musulmane.

Peut-on à la fois se prétendre laïque et se battre comme un diable pour obtenir l’autorisation du port du voile à l’école et dans les universités ? Mais surtout, que vient faire la question de « l’islamophobie » lors d’élections régionales et cantonales, puisque le sujet n’entre aucunement dans les compétences de ces institutions territoriales ? Et que penser d’un parti qui demande la suppression de la candidature d’un de ses plus tenaces opposants – Philippe Vardon (ex Bloc-Identitaire, Rassemblement National) lors des municipales niçoises 2020 – l’accusant d’être un « néonazi » ? Quant à l’argument de vouloir représenter une « population qu’on n’écoute jamais » (sic), ne prête-t-il pas à sourire, dans la mesure où la communauté musulmane française est l’une des plus écoutées, autant pour satisfaire ses exigences que pour canaliser ses dérives ?

Un vocabulaire issu de la bonne conscience woke

Le programme de l’U.D.M.F. martèle les idées rebattues de la bonne conscience woke… façon musulmane. Un vocabulaire choisi et des aphorismes redondants qui manquent souvent de précisions. Voici quelques exemples. « Faire barrage aux extrêmes »… Lesquelles ? –  « Agir pour défendre nos libertés et pour ne plus subir»… Les Musulmans de Bretagne ou de France auraient-ils droit à des libertés différentes que celles des autres Bretons et Français ? – « Défi du vivre ensemble pour une égalité homme/femme »… Certes, mais il s’agit en l’espèce de femmes potentiellement voilées – « Devoir de solidarité »… Envers qui ? – « Droit de vote des étrangers non communautaires aux élections »… Quid des migrants arrivants en France ? Etc.

Notons également ceci, car L’U.D.M.F. souhaite lutter contre « l’exploitation régulière des Musulmans servis en pâture, partout en Europe, afin d’endosser la responsabilité de l’échec des choix politiques menés au sein de l’U.E. en matière d’économie, de sécurité ou d’intégration. » (sic).

Enfin, monsieur Kamel Elahiar veut impérativement « une loi pour combattre l’islamophobie »… Quand on sait que les actes anti-chrétiens sont en augmentation constante depuis ces trois dernières années – plus 1000 ont été commis en 2020 sur le territoire français, dont plusieurs en Bretagne – auxquels s’ajoutent 339 actes antisémites (pour 0,1% de la population totale) contre 235 antimusulmans, on est en droit de s’interroger sur la nécessité d’une éventuelle loi de protection, et au bénéfice de quelle communauté son application serait la plus urgente.

Les régions à forte identité locale sont-elles épargnées par les extrêmes?

La reconfiguration régionale engagée par la réforme territoriale de François Hollande en 2015, laisse aujourd’hui imaginer que les Basques, les Alsaciens et les Lorrains pourraient voter « musulmans » au prétexte que l’U.D.M.F. est représentée dans leur région. C’est faux ! La Nouvelle-Aquitaine (incluant le Pays Basque) et le Grand-Est (regroupant l’Alsace et la Lorraine) englobent chacune un espace si vaste qu’il ne distingue plus les pays régionaux à forte identité locale, alors que ce sont précisément eux qui constituent le plus solide barrage contre les extrêmes, qu’elles soient de gauche, de droite, ou religieuse : la seule identité qui vaille dans ces territoires, est l’identité régionale. En outre, les voix briguées par l’U.D.M.F. obligent à constater que l’islamisation de la France concerne désormais nos provinces… Sauf la Corse ! L’U.D.M.F. ne s’y présente pas. Pas pour le moment. Quand le vote autonomiste est au plus haut, la démocratie semble renforcée par l’absence de listes communautaires, faute d’électeurs.

N’oublions pas non plus les paradoxes. Celui de s’affirmer à la fois laïc et Musulman démocrate. Observons les non-sens. Celui de vouloir « participer à la cohésion et non à la fragmentation » (par un vote « communautaire »), tout en défendant bec et ongles le port du voile pour les femmes.

Considérons qu’un projet politique mené par le prisme des intérêts d’une seule communauté ne peut être démocratique. Et méfions-nous des antilibéraux à la bonne conscience éthérée qui, trop souvent, s’avèrent être les fossoyeurs de la laïcité. Reconnaitre les signes d’une époque et savoir les analyser est la vertu des plus forts. Si certaines démocraties s’accommodent bon an mal an du communautarisme. La France non.

©️ Marc Brzustowski

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