Zemmour : procès des 4 vérités du polémiste? Ou tir de barrage contre le présumé candidat? Par Marc Brzustowski

« PROVOCATION À LA HAINE RACIALE »: ERIC ZEMMOUR JUGÉ POUR SES PROPOS SUR LES « MINEURS ISOLÉS »

Eric Zemmour le 24 septembre 2021 en Hongrie
Eric Zemmour le 24 septembre 2021 en Hongrie – Attila KISBENEDEK / AFP

L’exposé des faits, d’abord

Le polémiste est jugé ce mercredi pour avoir, sur un plateau de télévision, qualifié les migrants réputés mineurs de « voleurs, assassins, violeurs ». Il ne devrait pas être présent devant le tribunal correctionnel.

Eric zemmour est un habitué des prétoires. Avant une déclaration quasi-certaine de candidature à la présidentielle, le polémiste, considéré comme « populiste », devra passer devant les juges. Il est jugé ce mercredi pour « complicité de provocation à la haine raciale » et « complicité d’injure raciale » après ses propos sur les « mineurs » isolés.

Le 29 septembre 2020, Eric Zemmour s’exprime sur CNews, chaîne sur laquelle il officie alors quotidiennement. Le débat organisé dans l’émission Face à l’info porte sur l’attentat perpétré au hachoir quatre jours plus tôt à Paris devant les anciens locaux de Charlie Hebdo par un Pakistanais de 25 ans, alors que l’auteur présumé de l’attaque du 25 septembre bénéficiait de l’accompagnement de l’aide sociale à l’enfance du Val d’Oise. Selon la photo d’une pièce d’identité récupérée par les enquêteurs, Hassan A. s’appellerait en réalité Zaheer Hassan Mehmood.

 Le chroniqueur s’en prend alors aux migrants mineurs isolés: « Ils n’ont rien à faire ici. Ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer, il ne faut même pas qu’ils viennent. »

Les départements se constituent parties civiles

La déclaration avait entraîné son lot de condamnations, jusqu’au plus haut sommet de l’État. La ministre déléguée en charge de la Diversité et de l’Égalité des chance saisit le procureur de la République de Paris, tout comme le Conseil supérieur de l’audiovisuel, le CSA.

Elisabeth Moreno dans son ministère rue saint dominique, Ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances

Une enquête est ouverte par le parquet de Paris qui décide, en juillet dernier, de citer à comparaître Eric Zemmour. SOS Racisme, la Ligue des Droits de l’Homme, etc. avaient également porté plainte contre le polémiste.

Le procès était initialement audiencé le 8 septembre dernier. Mais en raison d’un grand nombre de constitution de parties civiles, il a été reporté à ce mercredi. Une trentaine de départements, qui gèrent l’Aide sociale à l’enfance qui prend en charge les mineurs isolés, ont en effet décidé de demander des comptes à Eric Zemmour et réclamer réparation au tribunal.

« En portant plainte au nom du département, nous refusons que ces propos soient banalisés, et que soient mis.e.s en cause les mineur.e.s étrangers isolé.e.s (NDLR : écriture inclusive oblige!) qui viennent demander protection en France, ainsi que toutes celles et ceux qui travaillent du mieux possible à leur offrir« , a fait valoir en septembre dernier Stéphane Troussel, le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis.

Zemmour absent

Me Olivier Pardo

« Que viennent faire les conseils départementaux dans cette affaire? », rétorque l’avocat d’Eric Zemmour. Me Olivier Pardo dénonce « de la pure politique s’ils sont là » alors que son client pourrait se déclarer officiellement candidat à la présidentielle dans les prochains jours. Ce dernier a d’ailleurs fait savoir qu’Eric Zemmour ne sera pas présent ce mercredi au tribunal.

Sera jugé à ses côtés le patron de Canal+, propriétaire de CNews. La chaîne a déjà été sanctionnée par le CSA d’une amende de 200.000 euros pour « incitation à la haine » et « à la violence ». Eric Zemmour n’officie d’ailleurs plus sur CNews comme chroniqueur, alors que le gendarme de l’audiovisuel avait demandé début septembre à la chaîne de décompter son temps de parole.

(Résumé de profil d’audience à partir des infos commentées de Justice Chevalier, du service Police-Justice de BFMTV)

Contexte motivé par une prise en charge d’un terroriste, majeur depuis 7 ans!

On peut comprendre l’empressement des services départementaux d’aide à l’enfance de justifier leur salaire et de « protéger » leur gagne-pain. La première des justices consisterait pourtant à remettre cette saillie du « polémiste » (dont c’est précisément le métier au moment des faits) dans le contexte de l’attentat perpétré : il faut l’enquête de terrain de la police sur sa véritable identité pour découvrir qu’il vit aux frais du contribuable français sur un abus manifeste de critère d’âge et d’identification depuis août 2018, à savoir deux bonnes années bien frappées et sans que les services en question ne vérifient outre-mesure.

Donc de quoi provoquer l’ire de celui qui incarne, pour les besoins de l’émission, la réaction « moyenne » de l’homme de la rue devant son petit écran, apprenant la nouvelle.

Il n’est pas « mineur », est-il « isolé »?

Le nombre de mineurs isolés étrangers augmente depuis plusieurs années. Surtout originaires d’Afrique francophone (Guinée, Mali, Côte d’Ivoire, filières d’Afrique du Nord), leur protection relève des départements au titre de l’aide sociale à l’enfance (ASE). En 2019, 16 760 mineurs ont ainsi été confiés à l’ASE par décision judiciaire. D’après l’Assemblée des départements de France (ADF), si l’on ajoute à ce chiffre le nombre de mineurs isolés étrangers qui étaient déjà pris en charge, près de 40 000 jeunes (NDLR : chiffre minimisé selon le Rapporteur du Sénat) au total étaient accompagnés par les départements fin 2019. (Source : Le Monde).

Il serait faux de prétendre qu’il n’y a jamais eu crime, vol ou viol, de la part de cette catégorie d’individus, « mineurs » confirmés ou pas : (voir encart ci-dessous

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Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 19/09/2018 à 18:31

Un mineur isolé de 16 ans, soupçonné d’avoir commis de nuit trois viols sur la voie publique à Marseille, a été mis en examen et placé en détention provisoire, a-t-on appris de source policière aujourd’hui.

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Henri Leroy, gendarme de carrière, a été nommé par le Sénat avec 3 autres sénateurs (Hussein Bourgi, PS, Laurent Burgoa, LR et Xavier Iacovelli, LREM) pour une Mission d’information sur les Mineurs Non Accompagnés (MNA), chargée d’émettre des préconisations en septembre2021.

Il déclare : « Il y a une hausse inquiétante et qui semble exponentielle. Le nombre de migrants mineurs était de 30.000 en 2015 et 60.000 en 2018 (plus d’un tiers supplémentaire par rapport aux chiffres avancés par Le Monde), et les problèmes associés augmentent au même rythme. La plupart des grandes villes et communes périurbaines sont concernées, et aujourd’hui, les données mettent en avant deux points noirs, à Paris et Bordeaux. Le parquet de Paris établissait en novembre dernier que 75% des mineurs déférés sont des migrants. À Bordeaux, 40% des faits de délinquance leur sont imputables, et la proportion était de 24% il y a encore deux ans.

Le problème grossit et menace de s’infiltrer dans toutes les tranches de la délinquance, des trafics, du banditisme (NDLR : par association avec le fait « Charlie-Hebdo », sur erreur d’évaluation : le terrorisme également)…

Il faut stopper cette hémorragie. Pour travailler efficacement, il faut se rendre sur le terrain, notamment à Bordeaux où vient d’être créée une cellule spécifique de lutte contre le phénomène. Mais également à Nantes, Lyon, Rennes (filière dite d’Oujda), etc. »

Tweet de GW Goldnadel :

G-William Goldnadel@GWGoldnadelVoilà les gentils migrants pacifiques, chouchous de l’audiovisuel public et d’Arte Journal. Il me tarde de les accueillir et de boire avec eux le verre de l’amitié.

Pour approfondir le sujet, on lira avec attention les conclusions de cet ex-gendarme, devenu Sénateur et rapporteur auprès de la Place Beauvau.

Quoiqu’on en pense, il s’agit d’un vrai problème de société, pour les dizaines de municipalités concernées par ce phénomène, qui semble récent (ou récemment identifié comme fait social) dans les statistiques de la délinquance.

Judiciariser le « polémiste » est aisé, mais ne résoudra rien, ni n’exonérera les décisions judiciaires, favorables à l’accueil, d’un peu plus de circonspection dans leurs choix, au nom du « peuple français » dont elles sont censées incarner la Volonté.

Zemmour semble, là, dans son rôle, consistant à soulever un problème de fond, au-delà des termes choisis, dont on est en droit de remettre en cause le bien-fondé. Dans toutes les filières, il y a des bourreaux et des victimes, tous ne seraient pas foncièrement « coupables », mais main d’oeuvre exploitée, dit plus prosaïquement. La question étant de savoir à partir de quand et de quoi, la « Protection » protège effectivement de ces mafias…

Jugera t-on sur le fond ou sur la forme? L’accusation au titre de la « haine raciale » semble déjà prêter une intention aux propos tenus à l’écran. Elle est brodée sur d’autres critères retenus lors d’audiences précédentes sur la délinquance des étrangers et sa proportionnalité débordante.

Hormis le fait établi que le terroriste Zaheer Hassan Mehmoo, dont il est question ce jour-là, est un Pakistanais abusivement accueilli par des services et des tribunaux peu scrupuleux de vérification d’identité, à aucun moment, le journaliste-vedette de CNews à l’époque ne mentionne une quelconque origine, sinon que la notion « d’isolement » attribuée laisse en-tendre qu’ils proviennent d’ailleurs, sans famille (comme disait Rémi, voir : Hector Malot, 1878).

Le seul indice de « racisme » est donc, au mieux ou au pire, « sous-entendu » (mais alors l’accusation se transformerait en procès d’intention) dans la généralisation ici appliquée aux présumés « mineurs isolés ». Rien d’explicite à traiter judiciairement, donc.

La charge de la cavalerie lourde des départements trahit une résolution corporatiste à défendre globalement le principe de l’accueil à « mineur isolé ». C’est ce droit qui semble la cible du chroniqueur : « Ils n’ont rien à faire ici« .

A ce titre, il est possible qu’il ait avancé des « bâtons pour se faire battre », même si le principe réellement mis en cause est celui de l’accord de ce statut « à l’aveugle« , sans parcimonie. On accueille à « la louche » des individus présumés « mineurs » et qui s’avèrent ne pas toujours l’être, au seul motif que les « tests osseux » ne seraient que partiellement fiables. On accueille les yeux fermés la gabegie de pays sans administration compétente pour dresser un état civil à peu près décent. Cela s’appelle accueillir « toute la misère du monde », selon l’adage de l’ancien Premier Ministre Michel Rocard, pourtant fer de lance du PSU dans les années post-soixante-huit.

Il aurait vraisemblablement suffi que Zemmour insiste sur l’aspect « amateur », aléatoire de cette détermination à prendre en charge a priori, pour affirmer que ce droit est d’abord une véritable « passoire ». Et non qu’il apporte un argument préjugé « liberticide » par l’appel à la suppression pure et simple d’un droit.

S’il est condamné, ce sera, une fois encore, sur la « forme » et absolument pas sur le fond.

Mais quand de tels « droits » mettent en danger la population française, ou ici, des caricaturistes déjà touchés au plus profond de leurs êtres et de leurs propres « droits au blasphème », par l’assassinat de leurs douze collègues, le 7 janvier 2015, que les frères Kouachi ont mitraillé au nom des mêmes principes que Zaheer Hassan Mehmoo, il y a de quoi faire hurler à la trahison des clercs les entre 3, 7 et 4 millions de manifestants descendus dans la rue pour marquer leur solidarité nationale contre les crimes d’Al Qaïda et Daesh.

On sait que « Charlie » a déménagé avant cet événement et que le terroriste hacheur était simplement mal renseigné. Là n’est pas le propos, car comme pour Zemmour, « c’est l’intention qui compte ».

D’un certain point de vue, Zemmour se trouve dans une posture assez identique à celle qu’il a tenue devant le Bataclan, lorsqu’il accuse François Hollande de ne jamais avoir tenté de filtrer les migrants pour détecter les terroristes parmi eux, ou de ne pas avoir suspendu cet afflux massif, au nom de la « solidarité européenne » et de l’alignement servile français sur les positions pro-migratoires d’Angela Merkel, ces années-là. L’instant pour en parler était mal choisi, le problème demeure.

Quand la France fera t-elle preuve de courage face aux problèmes qui l’assaillent? Il semble à beaucoup que la date de péremption est largement dépassée, comme les critères de vérification de l’éligibilité de nombre de ces délinquants, issus des « minorités » fictives. L’Allemagne a t-elle respecté les « droits » des femmes violées de Cologne, à la Saint-Sylvestre 2016?

C’est donc un procès pour botter en touche, où l’on relèvera toujours l’argutie qui tue. Ou qui peut s’achever sur un non-lieu, au nom d’une certaine liberté d’expression et du sens de la polémique, qui « forcément exagère », « caricature » ou généralise dans ses propos.

Voltaire peut l’emporter, tout comme l’intégrisme légaliste des Départements, lesquels sont incapables de rendre compte avec justesse du bien-fondé de leurs opérations, dans tous les cas et qui laissent se propager une vague délinquante, fréquemment parrainée par des passeurs, des proxénètes et chefs de réseaux, sur les trottoirs de Paris, Bordeaux, Marseille, Nantes, Rennes ou Manille….

Par ©️ Marc Brzustowski

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