En France, l’élection présidentielle est un scrutin à 2 tours et cette règle a une conséquence très précise sur la façon dont les français déterminent leur vote.
Au siècle dernier, Guy Mollet disait:
“Au 1er tour, on choisit!
Au 2e tour, on élimine. “
On ne va pas faire l’historique des 10 élections de la V ° République, mais rappelons-nous simplement des seconds tours de Nicolas Sarkozy, éliminé par François Hollande, ou, quelques années avant, de Giscard, battu par François Mitterrand.
Choisir, éliminer!
Concrètement, cette loi de sciences politiques signifie que, pour faire un bon premier tour, il faut dissocier pour se distinguer de ses concurrents, mais qu’au second tour, il faut éliminer les aspérités de son programme, pour rassembler.
Examinons ce qui se passe actuellement à l’extrême-droite:
La percée d’Éric zemmour a été rendue possible parce qu’il mène une pré-campagne très clivante et que ce qu’il dit entre en osmose avec ce dont parlent beaucoup de français.
Ces français qui promettent, en tout cas dans les sondages, de choisir au premier tour le candidat non encore déclaré Z.
Cette attitude n’a rien à voir avec Marine Le Pen, qui a fait un choix rigoureusement inverse.
Ses premiers thèmes de campagne étaient des thèmes de second tour!
Elle fait tout pour ne pas risquer d’être sortie, comme en 2017, par les électeurs pourtant pas Macronistes, mais qui voulaient l’éliminer, et, avec elle, le Front National.
Cette fois, elle a cherché à rassembler avec des paroles plutôt creuses et un slogan plutôt mou sur la liberté.
Résultat: elle a désorienté des électeurs, qui ont trouvé plus mobilisateur qu’elle.
C’en est à un tel point qu’elle a modifié sa campagne et a décidé de revenir à une position plus traditionnelle, plus à même de susciter un choix de premier tour.
Pour gagner au 2 e tour, il faut arrondir les angles, rassembler
Il faut dire que si un candidat veut gagner au 2 e tour, il doit arrondir les angles, rassembler.
D’où l’importance du bon dosage entre les positions d’une campagne de premier tour et l’élargissement du second tour.
C’est une des clés de la victoire!
C’est pour ça qu’on peut prédire que si Eric Zemmour ne change rien à sa façon de faire campagne, de multiplier les coups d’éclat ou les provocations, il n’a, à ce stade, aucune chance de gagner.
Il a commencé à parler comme les gens du peuple, à dire ce que chacun voulait entendre.
Ce que chacun de nous disait dans les salons, au Café du Commerce, bref, en aparté, Eric Zemmour l’a médiatisé.
Il a parlé, face caméra, des préoccupations de Monsieur tout le monde.
Et Monsieur tout le monde a été séduit.
A chaque déclaration du polémiste, on se disait:
“J’allais le dire…”
Pas un candidat qui n’évoque les thèmes “imposés” par Zemmour.
Tous musiciens, face à un chef qui leur impose la partition
Tous musiciens, face à un chef qui leur impose la partition.
Par la suite, quand tous les candidats lui ont emboîté le pas, de droite à gauche, il a bouleversé les thèmes de la campagne, c’est à ce moment-là qu’il a multiplié les provocations, dont certaines sont aussi inutiles que choquantes.
Au début, il savait doser ses provocations.
Soudain, il en abuse.
On peut le regretter, cependant, on ne lui retirera pas le mérite d’avoir mis à jour des thèmes enfouis dans le déni le plus total.
En un mot, il a fait bouger les lignes.
C’est tout à son honneur.
Pour un homme qui n’a pas encore annoncé sa candidature, il possède la fibre de la Communication.
© René Seror
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