Acte symbolique de négation et de rejet antinational de toute l’histoire de la Pologne depuis 1264
Doit-on penser que ces fanatiques sont allés beaucoup trop loin, bien au-delà de ce que le pays pouvait admettre? Tout se passe comme s’ils avaient brûlé le « certificat de bonne conduite » historique de la Pologne, par ce traité qui signe l’acceptation des Juifs persécutés en France et en Allemagne (notamment) juste après l’époque des Croisades.
Il est vrai que les Juifs ont bénéficié de conditions favorables pour s’établir et, ensuite, avant la révolution française, de droits égaux totalement inexistants dans le reste de l’Europe à l’époque. Rappelons aussi que, dans les années 30, ce sont des officiers de l’armée nationale polonaise qui ont formé les premiers soldats juifs clandestins de l’Irgoun et du Betar (derrière Jabotinsky et une poignée de « vrais croyants ») partant libérer Eretz Israël, concevant l’autodéfense et les droits nationalitaires comme une tradition solidement ancrée depuis l’an Mille dans l’ADN des Juifs de Pologne, avant l’arrivée des Cosaques pogromistes de l’hetman (chef élu) Bogdan Chmielnicki en 1648, au XVIIème siècle.
Cela ne retire rien du droit d’inventaire sur ces environ 2/3 de citoyens polonais qui ont vendu leurs voisins juifs à l’Occupant nazi. L’Etat polonais refuse toute responsabilité au motif (entre autres) que le gouvernement actif était réfugié, comme bien d’autres, à Londres. Comme si les comportements individuels étaient voués à eux-mêmes, à la loi sauvage de la survie et déclarés « inconsistants » en l’absence d’administration nationale, au seuil d’Auschwitz, Treblinka, MaJdanek, Chelmno, Belzec, Sobibor….
Cet épisode fascisant se déroule alors même que l’armée et la police du pays, devenu « rempart de l’Europe et de ses excès de tolérance« , sont assiégés par la pression migratoire artificiellement générée par le Biélorusse Loukatchenko, vraisemblablement sous l’impulsion de Poutine, ce que celui-ci nie farouchement….
Le tollé se poursuit
Plusieurs épisodes de brouille entre le gouvernement nationaliste de Varsovie et Jérusalem, à propos du comportement des indicateurs polonais de Juifs durant la Shoah et de la non-restitution par principe de biens juifs confisqués ou spoliés à cette époque, ont préparé le terrain au comportement outrageant de ce week-end. On sent que l’Etat essaie de se « racheter une conscience » sur d’autres dossiers en faisant preuve de plus de cohérence, cette fois. Mais au-delà de l’exemple isolé?
« Kalisz, libérée du Fascisme! » : Les citoyens de Kalisz se rassemblent au centre de leur ville pour protester contre la manifestation antisémite qui a entendu des cris de « Mort aux Juifs ! » Photo : Forum juif polonais/Twitter
La police polonaise a arrêté lundi les meneurs de la manifestation antisémite virulente de la semaine dernière dans la ville de Kalisz où les participants ont crié « Mort aux Juifs ! » entre autres slogans.
Un contre-exemple par l’extrémisme
Andrzej Borowiak, porte-parole régional de la police polonaise, a déclaré à l’agence de presse PAP que trois hommes ont été inculpés par le procureur de district.
Wojciech Olszanski, Piotr Rybak et Marcin Osadowski ont dirigé la manifestation sur la place principale du marché de Kalisz, jeudi dernier, qui comprenait une cérémonie d’incendie du statut de Kalisz – une décision rendue en 1264 qui garantissait des protections juridiques fondamentales aux Juifs vivant dans le duché médiéval de Pologne.
Ces néonazis font la promotion d’un système étranger (communo-nazi) à l’histoire polonaise
Borowiak a déclaré que les policiers régionaux ont « travaillé sur cette affaire tout au long du week-end, analysant et développant les preuves fournies au bureau du procureur ».
Dans un communiqué séparé, un porte-parole du procureur de district a confirmé que les trois délinquants faisaient l’objet de poursuites pour « un crime impliquant la promotion du fascisme ou d’autres régimes totalitaires et des attaques pour motifs de xénophobie, de racisme ou d’intolérance religieuse ».
En attente de lourdes sanctions
Un ministre du gouvernement polonais a averti lundi que les trois hommes encourraient de lourdes peines s’ils étaient reconnus coupables.
« Il n’y a pas de consentement à l’antisémitisme ou à la haine fondée sur la nationalité, la religion ou l’origine ethnique », a déclaré le ministre de l’Intérieur Mariusz Kaminski dans un communiqué. « L’État polonais doit montrer sa cruauté et sa fermeté envers les organisateurs de l’événement honteux de Kalisz. »15 NOVEMBRE 2021 18H291
Auparavant, le président polonais Andzrej Duda avait dénoncé la « barbarie perpétrée par un groupe de hooligans à Kalisz », suggérant même que la manifestation pouvait être considérée comme un « acte de trahison ».
Même l’Eglise s’en mêle!
Les dirigeants de la puissante Église catholique en Pologne ont également fustigé l’affichage. « Nous condamnons fermement les comportements antisémites à Kalisz. De telles attitudes n’ont rien à voir avec le patriotisme », a déclaré l’évêque Rafal Markowski – président du comité de la Conférence épiscopale polonaise pour le dialogue avec les dirigeants juifs – dans un communiqué.
« Ils portent atteinte à la dignité de leur voisin et détruisent l’ordre social et la paix. Ils sont en contradiction directe avec l’Évangile et l’enseignement de l’Église », a poursuivi Markowski.
Contre-manifestation et message des Israéliens d’ascendance polonaise
Dimanche soir, des centaines d’habitants de Kalisz se sont rassemblés dans le centre de la ville pour une manifestation condamnant les scènes d’incitation à l’antisémitisme de jeudi dernier.
Plusieurs parlementaires polonais ont pris la parole lors de la manifestation de dimanche, insistant sur le fait que la réputation historique de Kalisz en tant que ville de tolérance ne serait pas ternie par une provocation extrémiste.
« Ce qui s’est passé le 11 novembre dans notre ville est un épisode honteux qui n’aurait jamais dû se produire, mais quelqu’un l’a permis et je ne pardonnerai pas aux autorités de la ville d’avoir ouvert les portes de cette ville merveilleuse aux agitateurs en chemises brunes », a déclaré au rassemblement Mariusz Witczak, député représentant la plate-forme civique centriste.
Le conseiller local Piotr Mrozinski a souligné que « Kalisz n’est pas une ville hostile, raciste ou antisémite ». Il a rappelé qu’au début du mois, Kalisz avait décerné le titre de « citoyen d’honneur » à Theodor Meron – un éminent juge américain et expert en droit humanitaire né dans une famille juive à Kalisz en 1930.
L’actuelle Pologne a encore le choix de tirer les leçons de l’histoire
Un groupe d’Israéliens descendant d’immigrants juifs de Kalisz a également écrit à la contre-manifestation de dimanche soir, qui a fait lire leur message.
« En tant que Juifs israéliens qui ont émigré de Pologne, nous sommes fiers de notre pays d’origine et de sa culture », a déclaré le groupe dans une lettre lue à l’assemblée.
« Nous savons que la récente manifestation extrémiste à Kalisz ne représente pas la majorité des Polonais et de la culture polonaise. Dans chaque pays, il existe des groupes d’individus qui doivent haïr quelqu’un ou le blâmer pour tous les problèmes qui surviennent dans leur pays », poursuit la lettre.
Commentares : Marc Brzustowski
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