Jean Mizrahi. La crise du SARS-CoV2 nous emmène vers une pensée fascisante et un esprit de collaboration

Jean Mizrahi

La crise du SARS-CoV2 nous emmène vers une pensée fascisante et un esprit de collaboration

La décision du gouvernement autrichien de confiner sélectivement les non-vaccinés m’a conduit à exprimer hier un point de vue épidermique, et donc un peu trop sommaire, qui se matérialisait par un mot que j’utilise rarement: fascisme. Il semble que je ne sois pas le seul à avoir eu cette réaction et à utiliser le même mot, et cela me conduit à m’interroger sur cette réaction spontanée, intuitive, instinctive.

Nous vivons une période a-normale depuis un peu plus de 18 mois. La peur a été le maître-mot du premier semestre 2020. Il y a eu traumatisme, je l’ai ressenti moi-même et je ne suis pas le seul. Les peuples occidentaux ont du coup accepté docilement des mesures inédites qui n’auraient pas été envisageables il y a seulement deux ans: confinement total de la population, attestations de sortie, passeport sanitaire numérique, masques portés en extérieur, interdiction de se promener en forêt, etc.

Notre monde connaît une inflation accélérée d’inventions sociétales qui ne correspondent à aucune politique sanitaire rationnelle, et qui répondent plutôt à une logique d’innovation politique permanente. De précédents gouvernements avaient fait en sorte que des plans d’urgence sanitaire soient conçus avec attention et précision pour avoir les bons réflexes en cas d’épidémie. Ces plans ont été jetés aux orties à peine la crise du SARS-Cov2 débutée, et les dirigeants politiques des pays occidentaux se sont lancés, par mimétisme avec le pouvoir chinois, dans des politiques de restriction des libertés qui semblent extraordinaires au regard de l’Histoire des épidémies en Occident depuis le début du 19ème siècle. Enfermer toute une population, les dirigeants chinois l’ont imaginé dans le Hubei pour impressionner une population qui devait être tenue en laisse et pour permettre à Xi de garder le pouvoir indéfiniment sans que personne ne lève la voix. Le même régime de terreur a permis de museler l’opposition à Hong Kong: la peur instillée auprès des populations locales a rendu la tâche facile. Exit les turbulents agitateurs démocrates de l’ancienne colonie britannique, Hong Kong est rentré dans le rang, merci le SARS.

Mais pourquoi donc nos démocraties sont-elles tombées dans ce piège ?

Nous vivons une période a-normale car pratiquement toutes les strates de la population ont abdiqué leur capacité de réfléchir et de se rebeller, et ce jusqu’aux intellectuels les plus bavards et les plus hauts en couleur. Imagine-t-on Albert Camus rester les bras croisés devant ces mesures délirantes ? En France, l’inventaire des aberrations bureaucratiques et politiques qui se sont égrainées depuis mars 2020 devrait conduire notre gouvernement à perdre toute crédibilité. L’incompétence a été flagrante et l’improvisation permanente, alors qu’encore une fois il existait des plans structurés permettant de réagir à un épisode épidémique comme celui que nous avons traversé. Pourtant, nous avons assisté à une totale absence de réaction de nos intellectuels, qui restent silencieux, à de très rares exceptions près. Depuis le début de la crise, le gouvernement n’a cessé de pratiquer le mensonge comme méthode de gouvernement, promettant un jour la main sur le coeur qu’il ne mettrait pas en oeuvre telle ou telle mesure restrictive des libertés pour agir à l’opposé à peine quelques semaines plus tard, le summum étant notre ministre de la santé déclarant en mai 2021 qu’il était opposé au pass sanitaire en l’assimilant au transhumanisme… En dépit de tous ces reniements, de toutes ces erreurs, les français et leurs élites restent passifs, amorphes, comme abasourdis. Certains même, je le vois sur mes publications, se réjouissent des privations de liberté, comme si celles-ci les rassuraient. Syndrome de Stockholm.

Certains ont parlé de dictature sanitaire. Le mot est mal choisi. Il n’y a pas de dictature tant que la prise de parole est possible, tant que le vote est possible sans contrainte – cela reste encore le cas, et tant que les manifestations de rue sont possibles. La formule est maladroite, et pour ma part, je préfère parler de dérive fascisante. Nous sommes entrés dans une ère de pensée irrationnelle dominée par des postulats arbitraires, que seule la peur rend possible. La peur efface toute capacité de penser objectivement.

Quelles sont les données factuelles ?

– pendant des mois, les malades n’ont pas été soignés. Je l’ai personnellement vécu en 2020: malade dès mars 2020 avec tous les signes du SARS, mon médecin a été dans l’impossibilité de me tester et de me soigner, les instructions que la médecine de ville avait reçues étant de se contenter de prescrire du paracétamol. Je me suis donc gavé de paracétamol et heureusement je n’ai subi qu’une version pas trop lourde, mais néanmoins longue. Il m’a été impossible d’avoir un rendez-vous à l’hôpital: des lignes téléphoniques saturées, et un refus des plateformes numériques de réservation (y compris celle de l’APHP, je vivais alors à Paris) de donner un rendez-vous. Il m’a été impossible de me faire tester avant juin, et donc je n’ai jamais su si j’avais réellement eu le SARS, même si je suis resté deux mois avec plusieurs des symptômes. Tous les malades ont été dans ce cas, et on a laissé des gens aller jusqu’à l’étouffement avant de les prendre en charge, souvent trop tard.

– aucun des traitements éventuels n’a été sérieusement testé de manière systématique, les seuls projets de tests à grande échelle ayant été arrêtés en cours de route. Des manoeuvres frauduleuses ont été menées pour discréditer des médicaments potentiellement efficaces ( étude publiée dans The Lancet par exemple ), et notre gouvernement a purement et simplement interdit des traitements précoces dont on ne savait pas s’ils étaient efficaces (je n’irai pas prétendre qu’ils le sont), mais dont on savait en revanche qu’ils ne présentaient absolument aucun danger. Je ne crois en aucun cas à un complot, je crois à la soviétisation de notre système de santé: des bureaucrates parisiens qui imposent à notre pays des procédures absurdes mais fondées sur des partis pris idéologiques.

– le vaccin est apparu aux politiques comme la seule planche de salut. Nos politiques, nos journalistes et nos intellectuels ont à cet égard la mémoire courte, car l’homme qui a fait du vaccin la solution unique au problème était le même honni de tous en Europe : Donald Trump. Il suffit de reprendre les médias de l’époque: c’est Trump qui a poussé le vaccin comme seule solution à cette crise, et c’est sur l’espoir d’un vaccin produit rapidement qu’il s’est appuyé pour tenter d’être réélu, sans succès. Depuis, les politiciens occidentaux se sont réfugiés derrière les néo-vaccins géniques pour faire croire à leur population qu’ils maîtrisent la situation. La vaccination générale est devenue un dogme quasi religieux, au détriment de tout traitement précoce de la maladie. La vaccination est le remède indistinct, il doit s’adresser même à ceux qui n’en tirent aucun bénéfice, par exemple les enfants. La crise sociétale actuelle vient très exactement de ce que les néo-vaccins sont devenus le dogme sanitaire: hors du vaccin, point de salut, donc celui qui conteste le dogme est un hérétique qui doit être excommunié.

Pourtant, la réalité est bien plus complexe :

– la moyenne d’âge des morts du SARS est proche de 80 ans, ce qui est l’espérance vie en France. Et plus de 90% des personnes décédées souffraient de comorbidités. Donc 0,16% de la population est morte un peu trop tôt, mais quand même très tard. La mortalité du SARS est quasiment la même par tranche d’âge que celle de la grippe de Hong Kong de 1969, qui n’a laissé que peu de traces dans notre Histoire médicale. On a enfermé la société et on a terrorisé les populations pour une méchante grippe.

– les études réalisées en comparant les stratégies sanitaires de nombreux pays ont montré que le confinement n’a eu aucun impact significatif sur la maîtrise de l’épidémie. Certains pays ayant des stratégies moins restrictives pour les populations n’ont pas eu plus de décès pour autant (Suède par exemple). L’étude des différents Etats américains montre également l’inanité de nombre de mesures restrictives prises.

– les experts de tous poils avaient annoncé d’un ton docte qu’avec 60% de la population vaccinée, l’épidémie disparaîtrait naturellement. La prédiction ne s’est pas réalisée, et il a fallu adapter le discours officiel pour expliquer la sortie de route de la doxa : c’est la faute du variant Delta. Pas besoin d’en dire plus, le variant Delta est devenu le nouvelle brique du dogme : puisqu’à 60% la politique vaccinale ne fonctionne pas, il faut aller à 100%.

– fin juillet, le pilote américain de la politique sanitaire locale, Anthony Fauci, concédait qu’on pouvait être vacciné mais néanmoins infecté par le virus, porteur du virus, et contagieux. Diverses études scientifiques sont ensuite venues montrer que, vacciné ou pas, le risque d’être infecté était similaire, que la charge virale était la même et donc que, vacciné ou pas, on pouvait tout autant être infecté et contagieux, et donc infecter les autres. Dans ces conditions, le vaccin ne peut pas être une barrière contre l’épidémie s’il peut cependant limiter les effets négatifs pour l’individu vacciné. Au même moment, la France et quelques autres pays mettaient en place un passeport sanitaire censé protéger les vaccinés des non-vaccinés, summum du raisonnement irrationnel, puisque l’on peut être autant contagieux vacciné ou pas. Le pass est en réalité devenu un instrument de coercition destiné à forcer les citoyens à se faire vacciner avec des produits qui sont toujours en phase 3 d’expérimentation, en contradiction avec tous les principes d’éthique médicale, mais les intellectuels « engagés » ne voient rien à redire, tellement ils sont soumis à leur propre peur de la mort.

– la situation de pays hautement vaccinés comme Israël a montré que l’immunité conférée par les néo-vaccins est peu robuste, conduisant à préconiser un second rappel à peine six mois après le premier rappel, une complète nouveauté en matière de vaccination. Et d’aucun de prédire des rappels tous les six mois, sans que personne ne connaisse les conséquences à moyen terme, non seulement de ces néo-vaccins, mais surtout de ces injections répétées.

– les néo-vaccins ne sont pas exempts d’effets secondaires importants, en dépit de la chape de plomb qui a été placée sur cette question. Les jeunes femmes en particulier semblent plus facilement victimes d’effets secondaires négatifs, notamment au plan gynécologique. Grand silence alors que plusieurs dizaines (centaines ?) de milliers de femmes souffrent de ces effets négatifs dans notre pays et ailleurs. Des jeunes sportifs sont morts de détresse cardiaque après leur vaccination. L’étude épidémiologique publiée par Pfizer dans le journal médical medRxiv montre qu’après six mois, les groupes de 22.000 vaccinés et de 22.000 placebo (non-vaccinés) ont à peu de choses près le même nombre de morts, les premiers souffrant plus d’affections cardiologiques, ce qui n’est qu’une demi-surprise car des études ont montré que la protéine Spike, qui est à l’oeuvre dans ces néo-vaccins, a un effet coagulant puissant. Ceux qui soulèvent la question des effets secondaires, même de façon interrogative, sont tout simplement tournés en dérision quand ils ne sont pas ignorés.

La défaite de la pensée rationnelle, et l’irruption d’un schéma mental totalitaire

Ce qui se passe actuellement n’est en réalité que la défaite de la pensée rationnelle, et l’irruption d’un schéma mental totalitaire. Les dirigeants de certains Etats, comme c’est le cas en France, ont imposé des vérités simplistes qui sont devenus des postulats intangibles, tels que Le confinement permet de contenir l’épidémie , ou bien Le pass sanitaire permet de résorber l’épidémie, ou même Les enfants doivent porter des masques pour éviter de répandre le virus , entre autres vérités imposées. Le message a été matraqué par médias interposés, au point que plus personne ne se sent la capacité, le droit, ou plus simplement le courage, de contester les thèses qui découlent de ces postulats, car il faudrait pour cela s’attaquer aux postulats eux-mêmes, et ça c’est au-dessus de leurs forces. Il en faut du courage pour aller contre le courant…

Aucun débat contradictoire sur ces sujets avec des experts qui opposent des visions différentes, le champ est laissé aux seuls commentateurs de plateaux TV qui n’ont aucune compétence. Les contestataires sont relégués dans l’ombre ou sur des médias marginaux.

Nous sommes typiquement dans la démarche d’une idéologie totalitaire, et nos brillants intellectuels suivent les pas tracés par tous ceux qui les ont précédés dans les errements de la pensée : ceux qui ont épousé le national-socialisme dans les années 30 et 40, ceux qui ont adoré l’Union Soviétique dans les années 50 et qui ont pleuré le petit père des peuples, ceux qui ont applaudi le Grand Bond en avant, la Révolution Culturelle, ou la sombre besogne des Khmers Rouges. La méthode est toujours la même : on assène d’abord un postulat qu’on s’interdit de démontrer, et on déroule ensuite un discours simplificateur qui s’appuie sur le postulat, et qui formate la pensée. Vous ne pensez pas comme moi, vous êtes un salaud car vous êtes contre La Vérité. Combien de décennies a-t-il fallu pour reconnaître que Kravchenko n’était pas un agent de la CIA et que le Goulag existait bien ? Il fallait pour cela accepter de voir le réel tel qu’il est. Mais le réel n’est pas confortable, le réel est perturbant. Pour contester les postulats, il faut observer le réel, fût-il désagréable. Ne pas remettre en cause les postulats, c’est faire l’économie d’une  remise en cause du discours dominant, cela permet de vivre dans un univers simple et reposant, où l’on est plus heureux. Le discours systématique des gouvernants qui justifient toutes les pratiques anti-démocratiques pour éviter de devoir reconfiner s’appuie sur cette logique. Le plus grand nombre suit, sans contester le moins du monde la légitimité initiale du confinement, parce que le traumatisme du confinement ne doit pas être revécu, on veut vivre normalement … mais avec un tatouage numérique. La logique de la pensée totalitaire a conduit nos politiques à expliquer que le pass sanitaire, c’est la liberté. Un incroyable retournement conceptuel: je te mets des chaînes pour que tu te croies libre.

La folie totalitaire n’épargne aucune classe sociale

La folie totalitaire n’épargne aucune classe sociale, elle atteint jusqu’aux élites et aux plus instruits, de même que les plus instruits ont adhéré au parti nazi en Allemagne, ou ont collaboré en France, sans parler de l’aveuglement des intellectuels français devant les horreurs commises dans les pays communistes. Je vois ainsi des professeurs d’université se féliciter que leurs petits-enfants de moins de 10 ans soient vaccinés contre le SARS, quand il est acquis que cette maladie ne concerne pas les plus jeunes, et que la vaccination des uns (les jeunes) ne protège pas les autres (les vieux). Faites remarquer à ces bons esprits l’absurdité coupable de leur mode de pensée, on vous traite de fou bon pour l’hôpital psychiatrique, ou d’assassin en puissance. Réactions caractéristiques de personnes dominées par la pensée totalitaire.

Voilà aujourd’hui que l’Autriche a la bonne idée de confiner les non-vaccinés, amenant à son climax l’hystérie déchainée contre ceux qui n’acceptent pas de se faire néo-vacciner. Les messages subliminaux en France viennent nous chatouiller les oreilles pour nous expliquer que on ne veut vraiment pas en arriver là, mais que toutes les options sont sur la table (divers politicards macronistes comme Attal ou Castaner). Et l’opposition de la droite traditionnelle d’enchaîner, tels Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand qui comptent bien mettre les non-vaccinés au pas en les confinant sans autre forme de procès. Le discours totalitaire a trouvé des coupables parfaits : l’épidémie repart, c’est la faute de non-vaccinés. Ne leur dites pas qu’en Flandre belge, où le taux de vaccination est le plus élevé de tout le pays, c’est là que l’épidémie explose, les faits n’existent plus, car le nouveau postulat est désormais en place: si tout va mal à nouveau, c’est à cause des non-vaccinés.

Les faits n’ont plus d’importance, la vérité est dans le postulat. Il faut un coupable, on l’a trouvé. Sus au non-vacciné, qu’il paie. Ça ne vous rappelle rien ?

© Jean Mizrahi

Jean Mizrahi est Chef d’Entreprise

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4 Comments

  1. Merci, Mr Mizrahi. Votre lucidité et votre courage sont les bienvenus. Bien que plus radical que vous sur les causes et les ferments d’un tel désastre, je vous remercie. Merci également à TJ.

  2. Nous sommes un certain nombre a être conscients du désastre et de la folie, depis le premier jour ou presque, mais il est impossible de se faire entendre pour la plupart d’entre nous. Merci d’être un porte-parole de ce qui devrait tellement ressembler à des évidences…

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