Invité pour un cycle de conférences à Berlin, Amos Oz raconte avoir été frappé par un slogan sur un mur près de son hôtel : “Juifs hors de Palestine”.
Son père lui avait dit avoir quitté l’Allemagne, car sur les murs de Berlin, dans les années 30, il était écrit : “Juifs hors d’ Allemagne”
Et Amos Oz de s’interroger si la place des Juifs n’était pas sur la Lune…
Et encore…
Et pourtant, cette Europe meurtrière restait un paradis dans le souvenir de ses parents et lorsqu’ils rêvaient, c’était dans la musicalité du yiddish.
Au réveil, ils retrouvaient l’hébreu dont ils ne maîtrisèrent jamais toutes les nuances jusqu’à la fin de leur vie.
“Papa lisait seize ou dix-sept langues et en parlait onze ( avec l’accent russe). Maman en parlait quatre ou cinq et en lisait sept ou huit. Ils discutaient en russe et en polonais quand ils ne voulaient pas que je comprenne… Pour la culture, ils lisaient surtout en allemand et en anglais. Ils rêvaient probablement en yiddish.
Mais à moi ils n’enseignèrent que l’hébreu : peut-être craignaient-ils que je succombe à mon tour au charme de la belle et fatale Europe si j’en connaissais les langues.”
© Daniel Sarfati
Amos Oz in Une histoire d’amour et de ténèbres
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