Pascal Ory, historien, de l’Académie française, publie chez Bouquins, un essai de 162 pages sous le titre « De la haine du juif » .
Francois-Guillaume Lorrain dans « Le Point » lui pose des questions qui montrent bien que leur auteur a lu et disséqué le texte de l’essai.

Les réponses de Pascal Ory sont claires et catégoriques.
–Qu’est-ce qui permet de fixer la naissance de la judéophobie au christianisme ?
Le christianisme est issu du judaïsme, il attend du peuple élu une conversion massive , et sa logique prosélyte l’éloigne progressivement de ses origines.Les premiers Pères de l’ Église , très marqués par la dimension apocalyptique, font le constat que le peuple qui aurait dû accueillir la parole du Christ la rejette. Une erreur fatale pour des Chrétiens, au sein desquels dès le IIe siècle, les non juifs deviennent majoritaires . La figure du peuple déicide en sortira, par touches successives…
-L’Islam incite-t- il à l’origine à moins de judéophobie que le christianisme ?
Mahomet est marqué par un christianisme Syrien très peu favorable au judaïsme, comme à peu près tous les Pères de l’ Église orientaux.Cependant, l’origine géopolitique de l’ Islam , l’incite à mieux prendre en compte cette communauté des « gens du Livre » assurant parfois la promotion de certains de ses membres , plus que du côté chrétien.Pour autant, les musulmans sont, par exemple, les premiers à créer un signe distinctif discriminant les juifs , avant la rouelle chrétienne.
Dans sa conclusion Pascal Ory écrit : » Les deux familles hostiles au libéralisme, traditionalisme et socialisme, vont récupérer l’héritage anti judaïque … Bref, cette imbrication m’amène à penser que la haine du juif ne disparaîtra jamais « tant qu’il y aura des hommes « .
Source : Le Point