Gerald Steinberg, fondateur de l’institut de recherche NGO Monitor, ouvre une fenêtre sur l’industrie palestinienne des associations à but non lucratif qui prélève des millions chaque année de l’argent des impôts européens. Témoignage Spécial
Ami Rohe Dombs | 04/11/2021
Gérald Steinberg. Crédit : ONG Monitor
À la lumière de la déclaration du ministre de la Défense, classant comme organisations terroristes six organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme, un débat public s’est instauré autour de la question des preuves confirmant le bien-fondé de cette déclaration, mais aussi autour de la question de savoir qui traque ces organisations et comment. Eh bien, NGO Monitor est le principal institut de recherche en Israël sur le sujet. Nous l’avons interrogé.
NGO Monitor est un institut de recherche qui fournit des informations et des analyses, encourage la responsabilité et soutient un débat approfondi, ainsi que des rapports sur les activités des ONG travaillant dans le domaine des droits de l’homme et de l’aide humanitaire. Je me suis assis à la table de Gerald Steinberg, le fondateur de l’organisation pour m’en entretenir avec lui.
« La symbiose entre les ONG et les pays européens a commencé à un moment donné, dans les années 1980 », explique Gerald Steinberg, fondateur de NGO Monitor, dans une interview à Israel Defense.
25 millions d’euros par an
Steinberg explique que le Front populaire de Libération est, à l’origine, une organisation communiste (laïque) et qu’elle a d’abord attiré les Palestiniens chrétiens. « En tant que telle, il lui était plus facile d’atteindre des représentants européens venus en Israël dans les années 1980 en tant qu’étudiants. “Aujourd’hui, certains de ces étudiants sont devenus des personnalités centrales dans les sphères de pouvoir des pays européens”, explique Steinberg.
Selon NGO Monitor, le FPLP gère au moins 13 organisations avec environ 73 militants. Elles propagent toutes du contenu de propagande contre Israël. Combien d’argent cette industrie d’organisations des droits de l’homme fait-elle circuler à l’insu (sous les pieds) de Tsahal ? Eh bien, selon Steinberg, il s’agit d’environ 25 millions d’euros par an. Presque tout ce pactole provient de l’argent des contribuables des pays européens.
Selon NGO Monitor, les gouvernements qui font des dons aux organisations associées au Front populaire comprennent l’Union européenne, les gouvernements de Suède, du Danemark, d’Espagne, de Norvège, d’Irlande, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, d’Allemagne, de Belgique, de France et de Suisse, ainsi que les Nations Unies.
“Regarde,” m’explique Steinberg. «Ce sont des organisations qui se présentent depuis des décennies comme faisant la promotion d’un agenda axé sur les droits de l’homme. En pratique, ils agissent au nom d’une organisation terroriste palestinienne. »
Et l’Europe ne le sait pas?
“Elle subit une sorte de dissonance cognitive“, dit Steinberg. « L’Europe ne veut pas le savoir. Que pourraient dire les élus à leurs électeurs ? Qu’ils ont sciemment financé des organisations terroristes pendant des décennies avec l’argent de leurs impôts ? Pour les Européens, la situation n’est pas simple après la déclaration de Gantz.»
Et que répondre à ceux qui demandent des preuves ?
Suite à la publication des noms des six organisations palestiniennes, des voix sont apparues dans les médias israéliens et internationaux pour demander des preuves de la décision du ministre de la Défense. Aucune preuve n’a été fournie, mais Steinberg affirme qu’il n’y a rien de nouveau à ce sujet.
« Le ministère de la Défense et le gouvernement israélien se sont engagés à définir les organisations qui participent au terrorisme en tant que telles.(Au niveau gouvernemental), il s’agit de longs processus d’approbation. Parfois, cela prend des mois. Le processus de présentation des preuves est effectué principalement par le Shin Bet. Il y a une enveloppe de secret qui en-toure la question, ça passe par des personnes morales, dont le porte-parole du gouvernement. À la fin du processus, une organisation est définie comme une organisation terroriste. Le processus est en place depuis plusieurs années avec des modifications de la loi depuis 2016 », explique Steinberg.
«L’État n’est pas obligé de publier tous les détails. D’un autre côté, il y a beaucoup de matériel (de propagande notamment) visible sur le sujet. Je suis surpris que l’administration américaine ait affirmé qu’elle n’avait aucune information. Il existe de nombreuses sources visibles.
Les droits de l’homme servent de couverture
Steinberg explique le fonctionnement de la méthode. « (Ce sont des) Organisations de défense des droits de l’homme ou organisations d’aide à l’agriculture ou aux femmes. Tous ces éléments opèrent sous la couverture de la légitimité internationale. Sous ses auspices, ils prétendent qu’Israël viole les droits de l’homme. « Si je peux définir mon organisation en tant que militante des droits de l’homme, sous les auspices des Nations Unies, cela m’ouvrira des portes me permettant d’atteindre (directement) les décideurs en Europe et aux États-Unis », a déclaré Steinberg.
« Ces organisations participent aux procès à Genève, elles ont libre accès au procureur de la CPI. Les droits de l’homme sont un permis d’entrer à toutes ces étapes des processus permettant d’incriminer Israël. Si quelqu’un se livre au terrorisme, il porte sur ses épaules une cape de légitimité et peut donc agir librement. Si ces décideurs européens reconnaissaient qu’il s’agit finalement bien d’un terroriste, ils lui fermeraient les portes.
Mais où sont donc passés les services de renseignement israéliens ?
L’une des conclusions, à propos de la dernière annonce du ministère de la Défense est que c’est trop peu – trop tard. Steinberg soutient que ces organisations travaillent, comme mentionné, depuis près de 40 ans pour acquérir une légitimité internationale, malgré leurs liens avec le Front populaire. On peut remonter à 2016 pour trouver la première trace de reconnaissance et de signalkement effectif de la part du Shin Bet à cet égard.
La question se pose de savoir où étaient passés les services de renseignement israéliens pendant toutes ces dernières décennies ? Eh bien, c’est une question ouverte. Dans l’abstrait, il semble que les renseignements israéliens ne se soient pas trop intéressés aux associations de “banchiment” du terrorisme, jusqu’à ces dernières années.
“En 2002, j’ai travaillé dans une université dans le domaine des sources obscures (cachées) de l’activité terroriste. J’ai reconnu qu’il y avait un manque de recherche sur les ONG ou la société civile palestinienne. Personne en Israël ne s’en est occupé. Même alors, dans les années 2000, c’était toute une industrie (qui débouche sur les pratiques de maquilage des activités terroristes sous la seconde intifada). Surtout, à ce moment-là, des organisations palestiniennes ont participé à la conférence de Durban (2001), condamnant uniquement Israël comme “raciste” “Prartiquant l’Apartheid”, explique Steinberg.
«Au début, mes recherches ne visaient pas à associer ces organisations au terrorisme, mais à les cartographier et à comprendre leurs activités. Le lien avec l’entreprise terroriste n’est apparu plu/s évident qu’après 5-6 ans d’activité. Aucun responsable du gouvernement n’a jamais traité les organisations sociales palestiniennes comme un acteur politique à risque. Le ministère des Affaires étrangères traitait avec les gouvernements étrangers (sans évoquer ce thème). Alors qu’à l’ONU, à la conférence de Durban, l’essentiel s’est joué autour des organisations non gouvernementales (ONG).
« J’ai commencé à collecter des données, à écrire des articles, à donner des conférences. J’ai commencé à accepter des dons et à créer ma propre association. Nous ne recevons pas du tout d’argent du gouvernement. L’organisation est en faveur de la recherche sur le net (en- sources ouvertes).
Quand avez-vous commencé à comprendre le lien avec le Front populaire ?
Steinberg explique que le lien avec les organisations terroristes, en particulier le Front populaire, a été découvert dans les années 2007–2008. “Quelques collègues et moi, nous avons commencé à comprendre les formes du soft power du Front populaire contre Israël”, explique Steinberg.
«Ces organisations ont reçu la plupart de leur argent des pays européens. Ils travaillent à La Haye et à Genève. Certains des “militants” de ces organisations ont reçu, au fil des années, des prix des droits de l’homme de pays européens.
«Au fil des années, nous avons cartographié encore plus d’organisations et le tableau a commencé à s’éclaircir. Nous avons, jusqu’à présent, atteint un total de 73 militants dans 13 organisations. Ils sont tous affiliés au Front populaire. En août 2016, le Shin Bet a annoncé que Muhammad Halabi, directeur de la branche Gaza de World Vision, avait détourné 60 % du budget de World Vision à Gaza vers l’organisation terroriste Hamas.
« Cette année, vers le mois de mai, le Shin Bet a déclaré l’organisation des Comités de santé comme liée au terrorisme avant l’annonce de l’actuel ministre de la Défense. En d’autres termes, il y a déjà des ordres israéliens prononcés contre sept des 13 organisations du FPLP (Haza’a) que nous connaissons.« On- peut étu/dier en profondeur les liens entre les différentes organisations et le Front populaire à partir d’un rapport d’ONG Monitor.
Selon un rapport du Shin Bet sur les « comités de santé » : « les institutions du Front populaire ont trompé les organisations d’aide en Europe par diverses méthodes – en leur rapportant des projets fictifs, en soumettant de faux documents, en falsifiant et en gonflant des factures, en soumissionnant à des appels d’offres, en falsifiant des documents sur les salaires gonflés et bien plus d’autres stratagèmes de contrefaçons.
« Le montant important des fonds reçus a été transféré, entre autres, aux paiements des frais des « martyrs » de l’organisation du FPLP (Haza’a), aux salaires des terroristes, au recrutement de nouveaux militants dans l’organisation, à la promotion et à l’intensification des activités terroristes, à la promotion du FPLP (Haza’a) « par le biais d’une activité à Jérusalem et la promotion et la diffusion des messages et de l’idéologie de l’organisation. C’est ce qu’on peut dire, en se fiant au rapport du Shin Bet. Le service n’a pas encore publié de données sur son site Web concernant les six nouvelles organisations annoncées dans la dernière mise à l’index. Les “preuves” devraient donc tomber bientôt pour ceux qui les réclament.
Comment ont-ils utilisé l’argent?
Steinberg explique que les salaires sont d’abord payés aux djihadistes. Et ce sont de bons salaires. A cela il faut ajouter les déplacements pour des conférences et réunions à travers le monde, notamment des frais de bouche et de séjours (dans les meilleurs hôtels). Certaines organisations ont des bureaux en Europe et aux États-Unis.
Et qu’en est-il du soutien au terrorisme ? Eh bien, avec la publication du Shin Bet sur les comités de santé, selon Steinberg, le fait d’avoir décrypté le meurtre de Rina Schnerb z’l a changé l’équation. Lorsque le meurtre a été résolu en décembre 2019, il est devenu évident, pour Steinberg, qu’il connaissait déjà certains des noms des détenus – ils étaient actifs dans les associations du FPLP soi-disant “humanitaire” (Haza’a). “C’était la première fois que nous voyions un croisement aussi précis entre des suspects de meurtre et des militants d’ONG”, dit Steinberg.
Y aura-t-il un changement dans les financements européens ?
Steinberg sourit. « Immédiatement après l’annonce des six organisations dévoilées comme telles par Israël, ces mêmes militants des organisations concernées par l’annonce faite par Gantz ont voulu être photographiés à Ramallah avec des Européens et des Israéliens (d’autres ONG-soeurs) », explique Steinberg.
«Rappelez-vous encore une fois, c’est une relation de près de 40 ans. Les organismes européens qui ont financé ces associations au fil des ans doivent expliquer à leurs électeurs à quel point ils ne savaient pas que l’argent allait au terrorisme. Il n’est pas facile pour une personnalité publique d’admettre une erreur. Et une autre implication finale dans des actes de terreur, c’est bien plus grave et conséquent.’
Selon Steinberg, les députés européens commencent à se poser des questions. Comment se fait-il que des militants de mouvements “sociaux” se soient retrouvés dans une prison israélienne ? “Peut-être que les pays européens cesseront de financer ces organisations. Au moins en partie. Après le meurtre de Rina Schnerb, nous avons constaté une diminution d’environ dix pour cent du montant du financement de ces organisations. Les pays européens peuvent également restreindre l’entrée en Europe aux militants de ces organisations. Cela aidera aussi.
« Une autre tendance que nous espérons voir se produire est la réduction des transferts d’argent dans le monde vers ces organisations. Certaines organisations financières ont décidé d’elles-mêmes, avant même la dernière déclaration israélienne, qu’elles n’acceptaient pas de fournir des dons à ces organisations. Principalement par crainte des réglementations internationales qui visent justement à prévenir le financement du terrorisme.
« Parmi eux se trouvent Pay Pal, Citibank, Global Giving et d’autres. L’annonce israélienne est un pas en avant dans ce sens. Il y a une obligation de la part de l’État d’Israël de dépeindre ces organisations sous le jour du financement du terrorisme. Il faut encore persuader les Européens. Ce n’est pas automatique. On peut également supposer que certaines des informations probantes liant ces organisations au terrorisme passeront discrètement entre les organisations de renseignement d’Israël et d’Europe. “Peut-être que cela éloignera davantage d’institutions financières des sept organisations concernées.
Poster un Commentaire