Israël adopte son premier budget en 3,5 ans. Lapsus révélateur de Bibi?
Implicitement, il sait que les Israéliens sont fatigués des cycles électoraux sans issue. Même si beaucoup ne portent pas nécessairement l’actuelle coalition dans leur coeur et l’acceptent comme un pis-aller…
Comment interprêter autrement l’acte manqué des plus chevronnés, l’increvable Bibi et l’inoxydable Deri (Shass, meilleur allié du Likoud)?
Le ministre de la Défense Benny Gantz, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, le Premier ministre Naftali Bennett et le ministre de la Justice Gideon Saar lors du vote du budget de l’État 2021, le 3 novembre 2021(Crédit photo : MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Lapsus révélateur de la fatigue post-électorale du pays?
La Knesset a promulgué le budget de l’État 2021 par 61 voix contre 59 à 5 h 30 jeudi matin, donnant à Israël un nouveau budget pour la première fois depuis le 15 mars 2018, soit une parenthèse financière de 3 ans et demi.
Lorsque le vote a été annoncé, les députés de la coalition ont applaudi et se sont embrassés en manifestant joie. Après le vote, les députés se sont endormis quelques heures et reprendront plus tard jeudi le vote sur la loi d’arrangements économiques et ensuite sur le budget 2022.
Le Premier ministre Naftali Bennett a salué l’adoption du budget, écrivant sur Twitter qu’il était fier qu’Israël ait enfin un budget.
Les citoyens israéliens se réveillent en vacances », a-t-il écrit. Le budget devait être promulgué avant le 14 novembre pour éviter que la Knesset ne soit automatiquement dissoute, ce qui aurait déclenché des élections en février.
La droite ne peut pas substituer Lapid à Bennett
Selon l’accord de coalition, maintenant qu’un budget a été adopté, si des élections sont déclenchées pour le reste du mandat, le Premier ministre par intérim sera le Premier ministre suppléant Yair Lapid, et non Bennett. La droite actuelle derrière Binyamin Netanyahu et les partisans de ce camp n’ont donc pas intérêt à provoquer la chute de Bennett pour embrasser les pieds d’un « réformateur » douteux qui entraîneraitv le pays à ne devenir que le 51 ème état de l’Amérique du nord derrière Biden.
Aucune erreur n’a été commise par la coalition lors d’une séance de vote marathon du jour au lendemain sur les clauses budgétaires et les amendements soumis par l’opposition.
Comment l’expert a pu en … arriver là?
Mais il y a eu des députés de l’opposition qui ont voté par erreur avec la coalition, y compris le chef de l’opposition Benjamin Netanyahu sur une clause budgétaire à 1 heure du matin.
Le chef du Shas, Arye Deri, a également voté par erreur avec la coalition lors d’un vote. Netanyahu et Deri sont deux des députés les plus chevronnés de la Knesset.
Netanyahu a rencontré des membres individuels de la coalition dans le but de les persuader de voter contre le budget et de renverser le gouvernement. Il n’a apparemment pas réussi.
Bibi perd son alliance objective avec Odeh et Tibi
Non seulement les 61 membres de la coalition sont restés unis mercredi soir, mais la Liste arabe unie a annoncé qu’elle ne voterait pas pour les amendements proposés par le Likoud et d’autres partis de droite de l’opposition, ce qui facilitera la défaite de l’opposition dans l’ensemble des votes, d’ici vendredi matin.
La Knesset, malgré les bruits de couloir, a fait preuve d’une relative discipline, cherchant la stabilisation et donc le bien pour le pays. C’est la preuve que, même dans les « pires conditions », ce système brinquebalant de proportionnelle fonctionne quand même…
Il est difficile de prévoir si Netanyahu va ou non se contenter de ce rôle de leader d’une opposition qui ne peut pas fondamentalement modifier la donne électorale et parlementaire. Quoi qu’il en soit, les « hostilités » sont ouvertes, même si la coalition ne devrait, logiquement, pas tomber avant août 2023, au moment du changement de Premier Ministre.
Il n’est pas inconcevable que des ténors du Likoud se rapprochent des partis de droite au pouvoir pour perturber ce passage du flambeau et espérer reconquérir une majorité qui existe de fait, mais peine à retourner sous le joug du même driver durant 12 années…
Marc Brzustowski, avec la presse israélienne du matin, dont jpost.com
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