« Le joli monde » de Rooney ou la pollution BDS des esprits

Aux ordres d’une pseudo-rebel attitude inconsistante

Le 12 octobre 2021, l’écrivaine irlandaise, Sally Rooney, a indiqué refuser la publication, par les Editions Modan, de son roman « beautiful world, where are ou ? » (joli monde, où es tu ?), conformément aux directives du mouvement « Boycott Désinvestissement Sanction » (BDS).

Plus précisément, sa décision a été prise sur la base des rapports de Human Rights Watch et de B’Tslem selon lesquels : « le système israélien de domination raciale et de ségrégation contre les Palestiniens répond à la définition de l’apartheid, en vertu du droit international» (sic). Ainsi, et une fois encore, une personne intelligente s’est laissée polluer l’esprit par une campagne stérile de diffamation et de calomnie anti-israélienne.

L’incohérence comme ligne éditoriale

Si l’auteure du best-seller international « Conversations avec des amis » a admis : «Je comprends que tout le monde ne sera pas d’accord avec ma décision », elle s’est dite persuadée du bien fondé de son choix :

« il ne serait pas juste pour moi, dans les circonstances actuelles, d’accepter un nouveau contrat avec une entreprise israélienne qui ne prend pas publiquement ses distances avec l’apartheid et qui ne soutient pas les droits stipulés par l’ONU du peuple palestinien ».

En d’autres termes, elle a fait siennes, les thèses de BDS selon lesquelles, Israël serait un Etat d’apartheid qui ne reconnaitrait pas les droits du peuple palestinien. Sa position n’en reste pas moins incohérente : l’éditeur israélien Modan a déjà traduit et commercialisé ses deux premiers romans. Il est donc illogique qu’il ne le fasse pas pour le troisième.

Le nouveau conformisme : ne plus être lue en hébreu

Le lendemain de son annonce, Sally Rooney a mesuré l’absurdité de sa position, qu’elle a légèrement nuancé : « les droits de traduction en hébreu de mon nouveau roman sont toujours disponibles, et si je peux trouver un moyen de vendre ces droits, conformément aux directives du boycott institutionnel du mouvement BDS, je serai très fière de le faire. Pour le moment, j’ai choisi de ne pas vendre ces droits de traduction à une maison d’édition basée en Israël » (sic).

De la même manière, son revirement est insensé : l’éditeur Modan possède une partie de Tzomet Sfarim, qui est l’une des plus grandes chaînes de librairies en Israël. L’auteure irlandaise accepterait de faire éditer son ouvrage en hébreu, à condition qu’il se conforme à la politique du BDS. Dans ce cas, il ne pourra plus commercialiser le livre dans ses propres magasins, après l’avoir édité. C’est tout à fait absurde…

Le Dôme de Fer de l’authenticité culturelle

Le gouvernement israélien a, immédiatement, déploré ce boycott intellectuel. Aussi, a-t-il lançé l’application Act.Il (que le Ministère israélien des Affaires Etrangères   qualifie de « dôme de fer de la vérité ») sur lequel il a indiqué : « c’est un comportement haineux. Nous devons y mettre fin ».

Pour sa part, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a accusé Sally Rooney d’être « bornée » et de « faire taire l’opinion ». Il a donc regretté : « c’est une position malheureuse qui favorise l’étroitesse d’esprit et entrave la paix, le dialogue, et tout changement significatif. La littérature est un outil pour promouvoir le dialogue et la conversation ».

La littéraire obtuse refuse le dialogue et la critique

Sans ménagement, il a même précisé : «  il y a quelque chose de fondamentalement défectueux chez un intellectuel qui refuse de s’engager dans la conversation et soutient plutôt le silence de l’opinion ».

Enfin, la directrice de la division culture du Ministère des Affaires Etrangères a rappelé que le mouvement de Boycott était une campagne illégitime, entaché d’antisémitisme depuis le jour de sa fondation jusqu’à aujourd’hui ».

La ségrégation linguistique, nationale et résidentielle de Sally

Pour elle : « la littérature et l’art sont destinés à favoriser le dialogue. Nous nous attendrions à ce qu’un auteur favorise le dialogue, entende d’autres points de vue et influence par le discours ». Elle a alors tenté d’expliquer la position de Sally Rooney par son manque de connaissance de la situation :

« Si Mme Rooney avait visité Israël et étudié la situation en profondeur, je pense qu’elle n’aurait pas pris une décision aussi discriminatoire qui exclurait tout un groupe de personne en fonction de son lieu de résidence et de sa langue ».

James Zogby, le fondateur de l’Arab Américan Institute

Bien évidemment, les anti-israéliens se sont réjouis de sa prise de position. Ainsi, James Zogby, le fondateur de l’Arab Américan Institute a déclaré : «  que Dieu bénisse les irlandais. Ils connaissent l’oppression quand ils la voient parce qu’ils l’ont vécue, et ils soutiennent les droits des palestiniens parce qu’il s’agit de justice ».

Armée et Magav protègent et contrôlent, mais ne discriminent pas

De son côté, l’ancien député sud africain et militant BDS, Andrew Feinstein, a assimilé les situations en Israël et en Afrique du Sud :

« le BDS était crucial pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud et il le sera à nouveau en Israël et dans les territoires palestiniens occupés ».

Rappelons que la séparation avec la Bande de Gaza vise simplement à protéger la population juive d’un groupe terroriste qui appelle à la destruction d’Israël.

Or, protéger une population n’est pas en discriminer une autre. Par ailleurs, Andrew Feinstein ne semble pas informé de l’autodétermination dont jouissent les palestiniens (en zone A et B de Cisjordanie et dans la Bande de Gaza) et de ce que les contrôles organisés entre les territoires juif et palestinien résultent d’un découpage issus des accords de paix signés par les prix Nobel de la Paix, juifs et palestinien, Péres, Rabin et Arafat.

En tout état de cause, le mouvement BDS est bien parvenu à assimiler la relation d’Israël à l’égard des palestiniens, à celle de l’Afrique du Sud vis-à-vis des personnes de couleur noire, et à l’installer dans l’opinion publique. En réalité, il n’y a pas le moindre rapport entre elles.

Sally Rooney se méprend donc lorsqu’elle reprend les postulats faux de BDS (autour duquel s’est construit le mensonge international de « l’occupation des territoires palestiniens »), sans même comprendre qu’Israël ne fait que « boycotter » le terrorisme palestinien. Ce faisant, elle prive les lecteurs hébreux de son message.

Les malgré-Nous de l’antisémitisme ordinaire

En fait, Sally Ronney n’est peut être pas fondamentalement antisémite mais elle l’est devenue, malgré elle. Sur ce point, le mode opératoire de BDS est à rapprocher de l’antisémitisme chrétien : à force d’entendre, chaque semaine à l’église, pendant 2000 ans, que non seulement les Juifs n’ont pas voulu reconnaître Jésus comme étant le Messie (supposé le leur) mais qu’en outre, ils sont collectivement responsables de  sa mort, le message est fatalement devenu vecteur d’antisémitisme. Vatican II a, depuis, modifié la doctrine.

Il en sera de même avec BDS : lorsque la vérité sera rétablie sur le plan international, à savoir qu’il n’y a ni occupation, ni occupation de supposés « territoires palestiniens » (mais juste protection de la population juive contre le terrorisme palestinien), le mouvement anti israélien BDS pourra rejoindre les poubelles de l’histoire et cessera d’alimenter sa haine d’Israël et des Juifs (sur ce point, l’Onu porte une part de responsabilité considérable en cautionnant la polémique avec ses positions mensongères et contraires au Droit)

En attendant, le boycott de Sally Rooney relève, incontestablement, d’un fanatisme stérile : BDS n’a jamais eu d’impact sur l’économie israélienne qui se porte très bien. L’auteure irlandaise s’est donc ridiculisée, tout comme elle l’a fait de BDS. Son « joli monde » sera difficile à trouver dans son attitude.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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