Saumon sans poisson, foie gras sans gavage…. comment nous mangerons demain

De vastes champs (bientôt) bio, une ferme laitière, mais aussi un accélérateur de start-up ou une école d’intelligence artificielle… En septembre, dans le petit village de Lévis-Saint-Nom (Yvelines), ouvrira Hectar, le plus grand campus agricole du monde, sur le point d’accueillir gratuitement 2 000 étudiants par an. Un projet porté par Audrey Bouroulleau, ex-conseillère d’Emmanuel Macron, et soutenu par Xavier Niel, milliardaire de la tech qui a souvent le pif pour flairer les secteurs à révolutionner. «Nous voulons former des chefs d’entreprise agricole qui puissent vivre correctement de leur activité tout en préservant l’environnement, explique la patronne des lieux. Le métier de demain sera complexe, on doit s’y préparer.»

Prostock-studio/Adobe Stock

Les défis, nous les connaissons : d’ici 2050, il faudra nourrir 10 milliards d’individus, encaisser les conséquences du réchauffement climatique, satisfaire un consommateur toujours plus inquiet du bien-être animal comme de sa propre santé… «Les défis sont de taille mais les technologies prometteuses ne manquent pas», veut rassurer Matthieu Vincent, fondateur de la société de conseil DigitalFoodLab. Dans les champs, capteurs intelligents et robots autonomes doivent aider les paysans à maintenir leurs rendements tout en produisant plus proprement. Dans nos assiettes, des start-up en tout genre nous mitonnent de nouvelles spécialités. Afin de limiter l’élevage, coûteux pour l’environnement, et la consommation de viande, nous mangerons toujours plus de protéines végétales : «Les recettes seront de plus en plus innovantes, propres et digestes», prévoit Ariane Voyatzakis, responsable du secteur agroalimentaire chez Bpifrance. Des bataillons de blouses blanches planchent aussi sur des ­solutions plus futuristes : les viandes in vitro, les farines d’insectes ou les poudres d’algues… De quoi totalement modifier notre alimentation. «A condition que ces technologies, aujourd’hui assez énergivores, affichent à terme un bilan environnemental flatteur», estime Céline Laisney, directrice du cabinet AlimAvenir. Voici un aperçu du menu de demain.

Des cépages oubliés feront les grands crus de demain

Le terret, le tardif… ces cépages ne vous disent rien ? Attendez quelques années ! Face à la hausse inéluctable des températures, la filière viticole teste des solutions qui pourraient sérieusement modifier notre carte des vins. Des ceps sont plantés dans des zones plus fraîches (jusque dans les Hauts-de-France), des plants résistants aux fortes chaleurs sont importés de Grèce ou du Portugal («touriga nacional»…), et des ­chercheurs ­s’intéressent à une ­ribambelle de raisins oubliés. «Aujourd’hui, 20 cépages couvrent 90% du vignoble tricolore, alors que 300 sont autorisés dans le pays, précise Inaki Garcia de Cortazar-­­Atauri, à l’Inrae (Institut national de la recherche agronomique). Ces variétés ont été délaissées car compliquées à travailler ou de moindre qualité, mais les conditions actuelles, et plus encore futures, pourraient les mettre en valeur.» La promesse de belles dégustations…

Nous n’aurons plus à gaver les canards pour déguster du foie gras

Loin des collines du Gers, dans un labo parisien moins guilleret, la start-up Gourmey développe un foie gras pour le moins révolutionnaire : il ne nécessite aucun gavage. «Nous sélectionnons quelques cellules dans un œuf de cane, puis les plaçons dans un fermenteur pour qu’elles se développent et récoltons alors des cellules de foie de canard que nous cuisinons, détaille Nicolas Morin-Forest, cofondateur de Gourmey. Nous avons déjà des prototypes approuvés par des chefs, au goût extrêmement proche d’un mi-cuit classique.» Reste à produire à grande échelle, pour un coût acceptable, et obtenir les autorisations de mise sur le marché. La start-up vient de lever 10 millions de dollars pour financer ce projet – elle espère de premières commercialisations d’ici deux ou trois ans –, et bien d’autres ensuite. Pavé de bœuf, nuggets de volaille… Partout dans le monde, des entreprises multiplient ainsi les essais de viandes in vitro. «Eh bien, ça ne me fait pas rêver !», regrette Marie-Pierre Pé, directrice du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras), rappelant au passage que ses volailles sont élevées en plein air et gavées selon un procédé rigoureux.

Lire la suite sur : https://www.capital.fr

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*