Stéphane Attal nous offre dans les Mémoires des Possibles l’histoire d’une saga familiale, une famille Juive tunisienne qui s’intègre en France après son départ de Tunis.
Au gré des grandes joies et des épreuves, chacun mène sa barque contre le vent contre le temps.
Cette épopée doit s’appréhender comme une vaste fresque, qui place à l’un de ses multiples centres, une réflexion unique sur le destin juif. C’est gai, frais c’est truffé d’anecdotes Stéphane Attal est un vrai conteur et nous entraîne dans un voyage de Tunis à Paris.
Rencontre avec Stéphane Attal
Tribune Juive : Pourquoi avoir écrit ce livre qui est un témoignage sociologique et l’illustration des valeurs et traditions d’un clan ?
Stéphane Attal : J’ai commencé à l’écrire au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, je voulais montrer qu’il ne fallait pas mélanger immigration et terrorisme. Je suis moi même fils d’immigré et dans mon livre qui relate une saga familiale, celle de ma famille, une famille nombreuse et joyeuse, remplie d’amour, je raconte comment nous avons réussi à nous intégrer grâce a l’effort, au travail et à la discipline.
On t’injecte ces valeurs au biberon. Cela s’appelle aussi le judaïsme.
L’histoire de cette famille, la mienne, est finalement celle de gens simples, porteurs de valeurs ancestrales, qui ont su s’intégrer partout où le destin les a menés. Mon souhait est que ces souvenirs, tous véridiques, puissent aider un peu ou beaucoup, ceux qui doutent de la France. Moi, je ne doute pas. Mais je reste vigilant. Pour atteindre la sérénité il ne faut pas être ingrat, mais rendre à la République ce qu’elle nous a donné avec bienveillance.
Tribune Juive : En fait ce livre est aussi une déclaration d’amour d’un enfant à ses parents ? De la transmission reçue, en quelque sorte votre héritage spirituel ?
Stéphane Attal : Nous étions une famille unie, remplie d’amour les uns pour les autres. J’ai grandi entouré de mes cousins, tantes, oncles, nous formions une seule et même famille. Nous avions une règle d’or à la maison : le partage pour faire vivre la solidarité, créer des liens indéfectibles. On passe de Jules Ouaki le modèle d’une génération qui créa l’empire Tati au grand rabbin Joseph Sitruk, tout deux membres de la famille.
On quitte le 36 rue de Courcelles pour un détour par Cannes au 133 la Croisette le lieu de toutes nos vacances. Les grandes tablées, les concerts yéyé, les fous rires, les copains, les professeurs, les disputes tout y passe.
Mes parents ont du travailler dur pour nous élever ma sœur et moi. On ne transigeait pas sur la réussite une des valeurs de l’éducation. Ma mère qui avait connu l’assistance publique n’avait qu’une obsession, la réussite de ses enfants. Leur devise était : « f ais ce que tu veux, mais fais le bien « .
Leur courage, leur bonne humeur, leur travail sont les valeurs qu’ils ont transmises, la transmission, étant une des valeurs essentielles du judaïsme.
Tribune Juive : Vous portez un regard particulier sur votre grand-mère Marie Uzan dans votre livre ?
Stéphane Attal : Marie Uzan ma grand mère que je n’ai malheureusement pas connue, est un personnage central. Tous les personnages dont je parle n’auraient pu vivre leurs aventures sans cette icône du Faubourg Montmartre des années 50. Ma grand-mère, on la retrouve à la tête du restaurant chez Marie, un établissement qui accueille tous ces aventuriers tunisiens, oranais et autres, venus tenter leur chance à Paris.
Elle les materne, les nourrit à crédit, joue aux cartes et aux courses avec eux. Une femme dans un monde d’hommes. Il suffit de regarder les photos en noir et blanc pour y retrouver Alex Sitruk, Jean Pierre Fargeon, Adrien Nataf, et autres Francis Borelli en quête de succès, de conquêtes féminines, de réussite sociale et financière. À propos de ce dernier, je me remémore les mots de ma mère : « il n’aurait pas réussi si ta grand-mère ne l’avait pas nourri au restaurant. »
Beaucoup plus tard, un jour de juin 1983, je me retrouve assis près de lui sur un plateau TV. Très intimidé, je lui emboite le pas alors qu’il se dirige vers les toilettes. Intrigué, il me demande ce que je veux. Et là, je lui assène tout de go « je suis le petit fils de Marie ». Un torrent de larmes embue ses yeux rieurs, il me prend dans ses bras et me dit « tu sais, sans ta grand-mère je ne serais pas là ! » La légende était donc vraie !
Tribune Juive : votre famille n’a pas été épargnée par la seconde guerre mondiale ?
Stéphane Attal : Mon grand père qui était légionnaire a rejoint la France en 1936 avec femme et enfant. Alors que la seconde guerre éclate, le monde est à feu et à sang, l’humanité se consume dans les affres d’une guerre comme elle n’en a jamais connu. Dans ce chaos mon grand père qui refuse de porter l’étoile jaune, va chercher ma mère et sa sœur à l’assistance publique il récupère sa femme et retourne à Tunis pour échapper à la rafle. Il a ainsi sauvé sa famille, c’était un visionnaire.
Tribune Juive : Etes vous engage sans la sphère communautaire ?
Stéphane Attal : Le jour où mon père est mort je suis allée à la synagogue et je n’en suis pas ressorti je suis chômer shabbat j’étudie régulièrement la thora, je suis impliqué dans la vie communautaire à Moadon, je fais partie de la commission administrative. On a relancé les activités cultuelles on a réussi à mobiliser les gens tout en étant respectueux des règles sanitaires. Je suis également le vice Président de l’Upjf (Union des Patrons Juifs de France) rescapé du Covid, ce sacré virus a changé ma vie. j’ai décidé de vivre avec le moins de contraintes possibles, je l’ai fait comme une démarche sanitaire je prends soin de ma femme et de mes enfants et de ma petite fille. j’ai été trop proche de la fin je veux consacrer mes journées à faire du bien.
Tribune Juive : Vous rendez hommage dans votre préface à deux personnes importantes dans votre vie ?
Stéphane Attal : La première, à Haïm Korsia, qui a inspiré le titre « Mémoire des possibles ». En rendant hommage à Paul Schaeffer « la mémoire des possibles « je me suis dit voilà c’est comme cela que mon livre doit s’appeler, c’est ce titre qui convient le mieux. C’est possible de réussir en respectant les valeurs du pays qui nous accueille, on doit penser que c’est toujours possible.
Je rends hommage à Haim Korsia, son amitié, son soutien, sa bienveillance, sa présence de tous les instants dans les bons et les mauvais moments, sont des inspirations quotidiennes. Son humour et ses prières ont par deux fois largement contribué à me guérir pendant que les médecins, eux, cherchaient à me soigner. Il est le Grand rabbin de France que le judaïsme attendait pour entrer dans le 21e siècle.
La seconde, Berto Taieb, qui a changé ma vie. Berto m’a fait confiance et m’a donné ma chance. Depuis l’année 1989, il a accompagné mon existence, chaque heure, chaque jour. Ses conseils, sa bienveillance, sa pertinence nous ont liés à jamais. Notre dernier projet commun devait voir jour en mars 2020, c’était sans compter avec le Covid qui nous a fracassés en même temps. Il a été emporté le 6 mars alors que j’entrais en réanimation. Nos familles sont liées et si j’étais vivant parce que lui est mort?
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Stéphane Attal, est le Co-Fondateur chez LesInfluenceurs. Expert en communication politique.
Sylvie Bensaid
Lien pour commander non valide???
Très belle biographie ! Bravo Sylvie👍