12 juillet. La République kurde de Mahabad (Iran), janvier 1946 – avril 1947. La région autonome kurde (suite à la première guerre du Golfe, 1991). En Turquie, s’efforcer de kurdiser les noms des villes.
Le principe des « territoires pour la paix », un attrape-nigaud. A rejeter fermement. Bon pour les gogos.
Plus j’étudie la vie du comte de Provence, le futur Louis XVIII, un roi que j’ai longtemps négligé, plus je me pénètre de son intelligence politique. La France républicaine lui doit beaucoup, ce qu’elle ignore ou feint d’ignorer. Le peu d’intelligence de son frère, le comte d’Artois, le futur Charles X. Lire « La France de la Restauration, 1814-1830. L’impossible retour du passé » de Francis Démier.
1258, les Mongols détruisent le califat et prennent Bagdad qu’ils anéantissent. L’année suivante, ils sont à Damas puis sont repoussés de justesse par les Mamelouks (cette aristocratie militaire turque d’origine servile) à la bataille d’Aïn Jalout, en 1260. Les Chrétiens trouvent à l’occasion l’appui des Mongols — certains d’entre eux sont chrétiens. Pendant environ trente ans, l’Islam est écrasé en Iran et dans une grande partie du Proche-Orient avant de devenir religion d’État. Dans l’Empire mongol, le plus vaste empire continu de tous les temps, les religions sont traitées à égalité. Par exemple, les écrivains juifs et chrétiens ont toute liberté de s’en prendre à l’Islam. Acceptons de nous poser la question (en laissant les réponses en suspend) : le monde n’aurait-il pas été plus apaisé avec l’Islam dépecé et ses survivants placés dans une stricte situation d’égalité avec les tenants d’autres religions ? Et si l’Occident avait su mieux pactiser avec les Mongols pour les appuyer dans leur entreprise d’anéantissement de l’Islam ? La collaboration resta trop timide. Voir l’appui prêté par le roi d’Arménie et le prince d’Antioche lorsqu’ils organisent leur campagne de 1260.
Projets de lecture : « Morales du Grand Siècle » de Paul Bénichou (1908-2001) ; et « Xavier Vallat. Du nationalisme chrétien à l’antisémitisme d’État, 1891-1972 » par Laurent Joly. L’étude de la vie de ce premier commissaire général aux questions juives (d’avril 1941 à mai 1942) permet de saisir la contribution de la culture catholique à l’antisémitisme, en France, de suivre cette ligne qui va de l’antijudaïsme à l’antisémitisme, un antisémitisme qui certes n’a pas la radicalité de celui de son successeur, Louis Darquier de Pellepoix, un raciste, un nazi. Il n’en reste pas moins que ce haut fonctionnaire catholique travailla consciencieusement et prépara le cadre législatif nécessaire à l’application de la Solution finale.
Guibert de Nogent rédigea un récit vers 1108-1109, « Geste de Dieu par les Francs. Histoire de la première Croisade », dans lequel l’Islam est assimilé au paganisme ou, tout au moins, à une hérésie chrétienne, une opinion alors répandue en Occident. Mahomet épileptique, initié à la religion par un moine chrétien qui l’aurait incité à fabriquer de toutes pièces une pseudo-révélation.
Les conquêtes de l’Islam arabe ne relèvent d’aucun génie particulier. Ces Bédouins, hommes frustres entre tous, équipés d’un livre rustique, pâle copie des écrits fondateurs d’une religion extraordinairement élaborée, ces Bédouins donc surent profiter de l’épuisement des deux super-puissances d’alors, l’Empire byzantin et l’Empire sassanide, occupées à s’épuiser l’une contre l’autre depuis des générations. L’Empire byzantin, riche de sa tradition greco-romaine et judéo-chrétienne, l’Empire sassanide, riche de mille richesses, ouvert aux immenses mondes chinois et indien. Les Arabo-musulmans (et reconnaissons-leur ce « génie ») surent mieux que personne faire travailler les autres et s’approprier leurs richesses. Leur monde esclavagiste s’accapara les meilleures compétences d’alors. A ce propos citons saint Jean Damascène, l’un des plus grands théologiens chrétiens, qu’ils placèrent à la direction de l’administration fiscale de Damas, sous les Omeyyades. Les Abbassides utilisèrent le savoir-faire des traducteurs syriaques jacobites (Syriens monophysites), des médecins nestoriens (les Nestoriens considèrent les deux natures du Christ, divine et humaine, mais jugent que Marie ne peut être considérée come Mère de Dieu), des administrateurs perses et ainsi de suite. Tout ce qui a compté au cours de « l’âge d’or de l’Islam » (du VIIIe au XIe siècle), pour reprendre une expression convenue, est à coup sûr juif, chrétien ou perse. Les maîtres flemmardaient lorsqu’ils n’étaient pas occupés à piller. Et comme le Coran est pauvret, les Arabo-musulmans se mirent à traduire ou, plus souvent, à faire traduire nombre de textes antiques et à solliciter à tout-va la philosophie grecque afin de s’équiper intellectuellement dans le but de démontrer la supériorité du Coran par l’exégèse. Le chien commençait à se mordre la queue mais au moins faisait-il encore quelque effort. A présent, exit l’exégèse, place aux éructations de propagande et aux slogans de possédé. Quand cessera donc ce tapage ?
La dynamique intellectuelle arabe s’est vite épuisée. Au IXe siècle déjà, les signes de fléchissement sont patents avec Ibn Hanbal. Fondateur de l’école juridique la plus rigoriste du sunnisme, il incite le calife al-Mutawakkil (848-861) à décréter la fin de l’ère de réflexion et d’interprétation du Coran. Exit le mouvement mu’tazilite. J’exprime une fois encore cet immense regret : que les Arabes aient vaincu militairement les Iraniens ; mais patience… J’en exprime un autre, radical : que les Mongols n’aient pas éradiqué l’Islam de la surface de la terre. On sait qu’ils étaient d’une dureté particulière avec les Musulmans. Souvenez-vous de la destruction de Bagdad en 1258 par Hülegü, commandant suprême des forces mongoles en Asie occidentale. L’Islam arabe dût son salut aux Mamelouks, ces descendants d’esclaves d’origine turque. Mais pourquoi cette sympathie pour les Mongols ? Ne furent-ils pas des destructeurs et des massacreurs ? Certes ; mais on ne peut s’en tenir à cette image toujours bien présente du Mongol. Les Mongols ne s’embarrassaient ni de race et, surtout, ni de religion. Ils respectaient ceux qui ne leur opposaient aucune résistance pour se porter plus loin, toujours plus loin. Ces conquérants (les plus formidables de toute l’histoire humaine) ne cherchaient à imposer aucune religion, aucune idéologie, contrairement à la chrétienté et à l’Islam. Le lecteur me pardonnera ces divagations spatio-temporelles et une certaine mongolophilie ; mais au point où en sont les choses, perdons-nous en rêveries…
14 juillet. Quelques notes de lecture prises entre 6 h 30 et 8 h 30, sur la terrasse, devant le soleil levant :
XVIe siècle. Violence protestante contre les images, les symboles (mouvement iconoclaste), le clergé séculier et régulier. Violence catholique, radicale avec la Saint-Barthélemy (25-30 août 1572) et la mise à mort des chefs huguenots ordonnée par le pouvoir royal le 24 août 1572. Massacre « purificateur » avec le traitement infligé au corps de Gaspar de Coligny. Le corps du Huguenot est volontiers mutilé puisqu’il est envisagé comme procédant du Diable en personne. La Ligue parisienne (active à Paris entre 1585 et 1594) et sa violence radicale, avec soumission des « élus » au Parti.
Démétrios Poliorcète, fils d’Antigone le Borgne, l’un des plus prestigieux compagnons d’Alexandre le Grand. Expert dans l’art de prendre les villes. Sous son impulsion, les ingénieurs de l’époque hellénistique rivalisent d’imagination et la poliorcétique (technique du siège, dans la défense ou l’attaque) élabore des machines spectaculaires.
Le pilum, arme de jet lourde. En se fichant dans les boucliers légers, il les alourdissait les rendant ainsi très peu maniables.
Le guerrier mongol portait une chemise de soie particulièrement solide qui pénétrait dans les chairs avec la pointe de la flèche mais sans être percée, si bien que pour l’extraire il suffisait de tirer sur l’étoffe, un savoir-faire dans lequel les chirurgiens chinois excellaient.
La « tactique oblique » du Thébain Epaminondas. Victoire de Leuctres (371 av. J.-C.) mais aussi de Gaugamèles (331 av. J.-C.), bataille au cours de laquelle Alexandre le Grand refuse son aile gauche (commandée par Parménion) et progresse en diagonale vers la droite. Gaugamèles ou l’emploi de la cavalerie comme force opérationnelle et non plus limitée à des missions de reconnaissance, de harcèlement ou de poursuite. Fin de l’hégémonie de Thèbes, Mantinée (362 av. J.-C.).
Trait caractéristique de la technique militaire grecque : la préférence donnée à l’infanterie lourde (hoplitique). Le corps des peltastes initié par l’Athénien Iphicratès, au début du IVe siècle. L’utilisation des éléphants par Alexandre le Grand et ses successeurs après la bataille de l’Hydaspes contre Porus (326 av. J.-C.) qui avait aligné deux cents de ces animaux. A Gaugamèles, Darius n’en avait aligné qu’une quinzaine.
Philon de Byzance et la poliorcétique.
Parmi les premières batailles urbaines : Saragosse (1808-1809), préfiguration de Stalingrad.
Genghis Khan, homme pur de toute religion, de toute idéologie. Tamerlan est déjà islamisé.
Me renseigner sur les travaux de relecture de la Bible conduits par Abraham Malamat à la lumière des Strategemata de Frontin et Polyaenus.
Leipzig, la « bataille des Nations ». Trente mille Saxons changent de camp au cours de cette bataille.
Très intéressant article signé René Quatrefages à « Espagne » (page 271 à page 277 dans « Dictionnaire d’art et d’histoire militaires » d’André Corvisier, P.U.F., 1988). On peut y lire ce qui suit : « Un des paradoxes de l’aventure impériale espagnole réside dans le fait que jamais aucune force armée d’État ne fut expédiée contre les Indiens d’Amérique » et : « La caractéristique principale de la colonisation espagnole fut son efficacité. Ainsi que l’a écrit Pierre Chaunu, pendant trois siècles l’administration de l’empire a su le maintenir intact contre toutes les puissances maritimes qui, depuis la fin du XVIe siècle, surpassaient nettement l’Espagne sur mer. »
Les lignes de Tôrres Vedras, au nord de Lisbonne, ou l’exemple d’un réduit d’attente en vue d’une offensive.
L’écrasante victoire du sultan mamelouk d’Égypte, Baybars, à Elbistan (1277), contre les Mongols qui dominent l’Irak septentrional, l’Asie mineure orientale et l’Iran. Statu quo jusqu’à l’offensive de Tamerlan, à la fin du XIVe siècle.
La sagesse du maréchal Mannerheim qui après avoir repris les armes en 1941 aux côtés de l’Allemagne contre l’U.R.S.S. ne poussa pas l’offensive au-delà des frontières finlandaises de 1918.
La « stratégie logistique ». Voir Raimondo Luraghi.
Parmi les chercheurs qui s’intéressent aux rapports entre hellénisme et christianisme, Pierre Hadot.
© Olivier Ypsilantis
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