Le 10 octobre, le réalisateur José Ainouz va enfin présenter en Avant-Première, lors d’une projection reportée en raison de la crise sanitaire, le Documentaire Georges Bensoussan, un Historien. Le Prix de la Liberté.
Seul un hasard donc, dans la sortie parallèle du livre de Georges Bensoussan et du documentaire : « Le film a été tourné en 2020. Je pense d’ailleurs que Georges écrivait pendant le tournage du film. Ça tombe vraiment par hasard. »
Heureux hasard pour le lecteur d’Un exil français: Un historien face à la Justice[1], qui pourra assouvir son désir de mieux connaître Georges Bensoussan grâce au film dense et abouti du réalisateur, dont la finalité affichée était d’approcher au plus près la démarche intellectuelle d’un Historien on ne peut moins académique qu’il a suivi dans ce travail solitaire à partir d’archives lues, relues, annotées, conceptualisées.
Ainsi, alors que Georges Bensoussan nous a livré un ouvrage capital démontrant l’impact de son travail sur un procès qui n’aurait jamais dû avoir lieu et qui avait comme finalité de le faire taire, le but du film est de mieux nous faire connaître l’entièreté de l’homme qu’un procès inique a tenté de bâillonner : « Toute une Somme qu’on a voulu minimiser. Un Historien qu’on a voulu délégitimer. »
José Ainouz, revenant sur ce procès qui n’est certes pas le point d’orgue de son film, parle d’ »une attaque politique à l’encontre d’un intellectuel, d’un intellectuel juif », et cite à son tour la notion de Fait social total validée Durkheim et Mauss selon laquelle un événement, même le plus anodin, met en pleine lumière le système qui l’a porté.
Il était donc impossible, dans un film ayant pour projet de montrer Qui était l’Historien Georges Bensoussan, de faire l’impasse sur ce temps capital de sa vie. Si Georges Bensoussan écrit qu’on a voulu viser certains de ses ouvrages fondamentaux : Juifs en pays arabes, Une France soumise, Les Territoires perdus, Ou encore 1860-1940, Une histoire intellectuelle et politique du sionisme, José Ainouz, en s’attachant à l’œuvre de l’Historien, se livre à un travail clinique sur son sujet. L’objectif est brillamment réussi puisque les lecteurs de Bensoussan comme ceux qui le découvriraient via ce film ne sauront en rester là : ils liront ou reliront ce qui aujourd’hui, n’en déplaise à ses contempteurs, s’apparente à une Somme sur la condition des Juifs dans les pays arabes.
Travail clinique ? Oui, car si le propos du documentaire est essentiellement de montrer l’Historien Georges Bensoussan à l’ouvrage, et de le faire au fil des thèmes principaux qu’il analyse, pour autant, le réalisateur s’attache à dévoiler un peu de l’Homme derrière l’Historien, sa pudeur, sa sensibilité, le profond respect à l’endroit de ceux qu’il côtoie, son humour aussi, caractéristiques consubstantielles du sujet filmé et que le film met en exergue, grâce notamment à ces temps d’arrêt de la caméra sur certains des gestes du sujet, les expressions de son visage, les nuances du regard, parfois plus explicites que bien des mots car servis ici par le cadrage et les mouvements d’une caméra magistralement dirigée. Avec maestria. Elégance. Respect. Délicatesse extrême.
22 heures de tournage. En des lieux divers : chez le cinéaste. Mais aussi dans le bureau de l’Historien. A l’Alliance Israélite Universelle. Aux Archives sionistes. Lors de la Remise du Grand Prix de la Laïcité.
Je m’appelle Georges Bensoussan…
Avec une élégance et un tact qui font partie de sa signature, José Ainouz a su obtenir bien davantage de son sujet. Celui qui parle dans son livre de cette bourgeoisie qui l’a mis de côté se livre et raconte son arrivée en France. Les difficultés à boucler les fins de mois. Ce père qui passe sa vie à se détruire les poumons avec sa femme dans une teinturerie. Pour conclure : « J’ai une conscience de classe. Très marquée. »
« On a arrêté de filmer », me dit José Ainouz. « Et Georges m’a expliqué pendant une demi-heure pourquoi Bourdieu était essentiel dans la compréhension de la pauvreté. Des classes . Des oppositions entre gens modestes et gens pauvres. Bourdieu l’a marqué très clairement », poursuit-il, insistant avec respect sur cet état d’esprit qui l’a conduit à évoquer avec l’Historien ce Portrait que lui consacra Pierre Assouline[2] dans le mensuel Histoire en 2012 et qui commence ainsi : « N’humiliez jamais, la victime peut mettre toute une vie à ne pas s’en remettre. Il arrive que cela suffise à gouverner souterrainement le destin d’un historien », avant de conter l’arrivée en 1969, en Classe Préparatoire du lycée Henri-IV, de ce fils d’un teinturier juif du Maroc, débarqué d’Oujda à Paris à l’âge de 6 ans : « Ce fut une année d’enfer parmi des enfants de l’élite qui se prenaient pour le nombril du monde. […] » Et Assouline d’ajouter : « Malgré la qualité reconnue de ses travaux et son habilitation à diriger ceux des autres, il sait que la nomenklatura universitaire ne le considère pas comme faisant partie de la famille : C’est ainsi : je n’appartiens pas à la noblesse d’État. J’en ai souffert. Or quand on décrypte les mécanismes qui nous tuent, on est plus fort qu’eux. Mais la souffrance sociale est toujours là. »
Une autre référence à Albert Memmi, au travers duquel Georges Bensoussan reconnaît ce qui s’apparente à de l’humiliation, est complétée lors de l’entretien entre les deux hommes, et ce moment précis où Memmi, évoquant l’Alliance Israélite Universelle, reparle à Georges de la façon dont étaient perçus les Juifs dans le monde des ghettos, de la hara de Tunis aux mellahs du Maroc[3] avant de conclure: « On n’est pas parti, on nous a mis dehors. »
José Ainouz, après avoir retracé un parcours universitaire à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales sous l’égide de Raymond Aron et Jean Baechler et un Doctorat intitulé Guerre d’Algérie et Conceptualisation clausewitzienne, me raconte comment il a, pour réaliser ce documentaire, d’abord consacré des mois, enfermé, à pénétrer l’œuvre de son sujet, insistant sur le fait qu’il n’est pas un spécialiste de Georges Bensoussan, se définissant comme un passeur : « Je m’en réfère à Raymond Aron parlant de la seule façon de comprendre les hommes politiques et j’applique cela à son projet : Comprendre un historien, c’est d’abord lire ce qu’il a écrit ; Puis essayer de comprendre comment il réfléchit ; comment il raisonne. »
De tout cela, il ressort à ses yeux quelque chose d’essentiel : « Au fond Georges Bensoussan traite toujours le même thème : aliénation – désaliénation. Il dit notamment : le dhimmi se vit, se voit et se perçoit comme un dhimmi, c’est-à-dire qu’il accepte son aliénation. Il la vit et il l’accepte comme pour les Juifs des shtetls. Il y revient dans Les Juifs du monde arabe, marqués par la peur permanente. » Pour José Ainouz, on le voit, la base du raisonnement de l’historien est ici : le mécanisme de soumission est lié à la peur.
Le film ne perd jamais de vue son projet qui est de montrer la dimension intellectuelle de l’Historien. A un des témoins qui explique que, d’ordinaire, il y a celui qui va aux archives et celui qui fait la synthèse, Denis Maraval, éditeur, précise : Georges fait les deux. Et on le voit en effet, en salle, aux Archives sionistes à Jérusalem.
Si le film met l’accent sur l’érudition indicible de son sujet, il pointe également sa capacité particulière à comprendre les événements, analysant par exemple ce vocabulaire animalier qui se retrouve à la base de tous les génocides, de Luther au massacre des Tutsis en passant par la guerre d’extermination qui entraînera la mort de 80 % du peuple herero, par le génocide arménien et la Shoah.
Le cinéaste insiste sur ce changement qui s’opère entre l’homme au travail et celui qui donne une Conférence : « Face à un public, Bensoussan arrive, humble. Vêtu toujours de la même manière. Et puis il se met à parler, et là, C’est la lumière. Subitement. Il adore discuter avec son auditoire. Il écoute. Il respecte. Tout d’un coup, l’homme solitaire est dans le social, la relation. »
José Ainouz évoque à l’appui de cette spécificité l’émission consacrée aux 90 ans de Memmi : « Les Historiens parlaient : c’était d’une fadeur folle. Quand Georges a pris la parole, c’était lumineux. C’est un homme qui explique. Qui veut communiquer. Démontrer. Laver certaines données. Il dit précisément dans le documentaire: il faut se méfier des évidences. L’Historien doit se méfier de ce qui va de soi. Il a compris qu’il faut mettre en évidence le supra intellectuel pour comprendre les phénomènes historiques. Décrypter les discours. Décrypter le réel au travers des mots, et là, il est un Historien culturel. Il a touché à des éléments essentiels pour le monde juif. De Memmi dans Portrait du colonisé à Nathan Weinstock, trotskiste invétéré qui, en 1990 change complètement de bord et comprend que, derrière le discours pro palestinien, il y a un discours profondément entaché d’antisémitisme. Là est la logique de Bensoussan : s’attacher à voir ce qu’il y a derrière ce qui paraît évident. »
Dans La Note d’Intention du réalisateur[4] que m’a remise José Ainouz, est précisée avec insistance sa volonté de s’interroger sur la légitimité de la parole d’Historien, mais aussi sur la judiciarisation possible de la réflexion intellectuelle.
On en revient au procès. « Le fait que ce procès ait pu avoir lieu montre que le débat intellectuel a perdu. Le débat intellectuel aurait dû ne pas permettre au procès d’exister. Le débat que Georges Bensoussan soulevait était un débat d’historiens et d’intellectuels et aurait dû avoir lieu sur le terrain intellectuel où il aurait eu sa pleine consistance. À partir du moment où il se passe devant un tribunal, nous avons la preuve qu’immanquablement il y a autre chose. On a voulu le délégitimer en tant qu’historien. Ça m’a paru fondamental, et c’est là que j’ai réalisé l’urgence de montrer Georges Bensoussan Historien. Celui qui va dans les Archives. Un historien de talent. Je voulais montrer à travers lui comment s’élaborent en chacun d’entre nous les chemins de la liberté. Ses idées ont trouvé un écho chez moi, comme lorsque j’ai décidé de travailler sur Clausewitz.
C’est là qu’en tant que réalisateur, j’ai compris qu’il ne fallait pas traiter de la même manière le Procès et la structure mentale de l’Historien Georges Bensoussan. J’ai travaillé un peu comme Rithy Panh lorsqu’il a fait L’Image manquante et qui avait imaginé, pour mettre à distance, des petits personnages en terre cuite qu’il faisait bouger et qu’il faisait parler. Moi, j’ai décidé d’utiliser des dessins – immenses – que j’animerais à l’aide de mouvements de la caméra. C’est la deuxième fois que j’utilise ce procédé après La Mémoire déchirée de Maurice Zelty, enfant juif caché. Là, C’était un enfant qui parlait, et Koichi Iguchi, dessinateur de mangas, avait réalisé des dessins d’enfants. Ici, il fallait mettre à distance le procès. Ne surtout pas l’éliminer. Il fallait qu’il soit présent. En trame de fond : ça n’était pas la pièce maîtresse, mais il existait. Il est là, mis à distance grâce au dessin, Koichi Iguchi ayant redessiné à partir des traits de leur visage aussi bien la Présidente du tribunal qu’Alain Finkielkraut. Un investissement réussi du dessinateur, qui a dû repenser en permanence ses dessins pour les transposer dans le monde occidental, mais aussi être proche de la réalité : les dessins de la salle du Tribunal ont été validés par une amie magistrate. » Le spectateur le vérifiera: Ces dessins, animés par les Voix des membres du Comité de soutien de Georges Bensoussan, confèrent à l’œuvre une respiration, une pause entre deux phrases musicales.
José Ainouz nous redit combien l’esthétique était à ses yeux fondamentale. On se dit que le pari est réussi grâce à des choix éminemment pertinents: lorsque Georges Bensoussan s’exprime, il est filmé sur fond noir, ce qui remplit le double objectif de créer en même temps une relative intimité et une sorte de neutralité dans le propos. Toutes les séquences tournées à l’extérieur concourent elles aussi à cette volonté d’intimité : On le voit tourner des pages aux Archives sionistes et parler bas. Expliquer. Le spectateur rentre dans les pages filmées en gros plan et participe de cette quasi-communion entre le Travail de l’Historien et celui du réalisateur qui, ici, se rencontrent … La musique de Jeremy Hababou participe à la beauté et à la justesse de la création, laquelle se déroule en cinq séquences, « parce que Georges Bensoussan est un Historien et qu’un Historien ça écrit », me dit José Ainouz.
Le Réalisateur revient sur l’urgence ressentie à mettre en images le travail de cet intellectuel au parcours si singulier.C’est qu’il réalise que le travail de cet Historien majeur reste confidentiel, et il lui a paru urgent de mettre l’ensemble en perspective. Initiative inédite et Ô combien indispensable. Là encore, Objectif atteint. José Ainouz a consacré 83 minutes à celui que ses contempteurs boycottent et qualifient de désenchanteur, casseur de mythes, et qui fut bien, en réalité, le premier à casser le mythe du temps heureux des Juifs vivant dans le monde arabe, au grand dam d’Historiens tels Lucette Valensi, mais encore le sonneur de tocsin auquel il est reproché d’avoir pointé les dangers de l’entrisme en France, notamment en dirigeant dès 2002 Les Territoires perdus de la République – antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire et en posant très tôt des constats dérangeant tous ceux, nombreux, qui se complaisent dans le déni.
Tout un chacun s’interrogera sur le cursus qui amène un réalisateur à consacrer 2 ans de sa vie à l’œuvre d’un Georges Bensoussan. José Ainouz a travaillé sur l’Afrique : il s’est intéressé à l’altérité et à la différence en allant voir de près les Dogons dont Jean Rouch et Marcel Griaule avaient montré comment il avait fallu nier cette civilisation pour mieux la dominer.
Il s’est ensuite intéressé à la Shoah, explorant, avec Attention aux enfants ! Les orphelins de la Shoah de Montmorency et La Mémoire déchirée de Maurice Zelty, enfant juif caché, cette honte ressentie. Honte d’être revenus. Honte de l’aliénation aussi.
Il concède volontiers un rapport avec son intérêt pour l’aliénation du dhimmi, et, partant, pour le sionisme, dont il a compris, en lisant Georges Bensoussan, qu’ »il symbolise la reprise en main par les Juifs de leur humanité, de leur conscience, la fin de cette peur, la fin de l’aliénation, la fin de la soumission, la libération du sujet psychique ».
A la question de savoir qui , du cinéaste, du professeur d’Histoire, du Juif, avait réalisé ce documentaire, il est permis de répondre que, pour l’essentiel, c’est un peu les trois, réunis dans un homme qui a décelé quelque chose de lui chez Georges Bensoussan, de l’humiliation vécue lorsque lui aussi croisa dans son parcours professionnel ces élites qui bétonnaient les entrées jusqu’à cet intérêt commun pour la chose historique. José Ainouz cite à l’appui son premier film, Yaapo : un puits pour Koumbé et Guénébana, réalisé en pays dogon, la lecture culturelle qu’il en fit, mais se souvient encore : « On a créé en 2004 Solid’Eau Mali. On a construit des puits et des écoles. J’ai vu cette progression éloquente : L’Arabie Saoudite construisait dans les vallées des mosquées. Et nous on construisait des écoles. Tout était déjà là. Le problème se posait déjà. Je le voyais, mais à distance. »
C’est à ce moment que José Ainouz, qui appartenait à une famille juive, fréquentait dans sa jeunesse en qualité de Cadre Les Eclaireurs Israélites de France et fêtait Pessah, sent peu à peu qu’il est passé à côté de sa judéité : « Il manquait un aspect de moi. Et le déclencheur a été la Conférence où Cathy Hazan est venue en 2000 présenter Les Orphelins de la Shoah. Les Maisons de l’espoir (1944-1960). Un pan de mon identité était resté de côté, peut-être parce que le prof de l’école républicaine avait pris le pas sur le reste.Les événements sont passés par là. J’ai été culturellement imprégné par une autre manière de voir … J’ai donc repris un peu possession de cette identité-là. »
Il réalise en 2005 Lecture du terrorisme en Israël, puis Girafe, Mon père, un juif engagé, oeuvres qui entrent dans la catégorie Film personnels.
Si José Ainouz évoque l’intérêt tout particulier que lui porta Raymond Aron lors de ses études, il ajoute que la lecture de Juifs en Pays arabes lui a permis de retrouver pour la première fois des préoccupations qui ne s’étaient jamais exprimées vraiment.
Il réalisera Attention aux enfants, les orphelins de la Shoah de Montmorency, travaillera à la recherche des Juifs en Afrique dans Black Jews of Nigeria – Les Juifs noirs du Nigeria avec Tudorr Parfitt et Edith Bruder, spécialistes de ces questions, et Shmuel Trigano. Il produira en 2014 Hatzalah, Les motos ambulances de la vie, et ajoute : « Le Film sur Georges, je l’ai produit aussi. C’est une décision intellectuelle. J’ai demandé à tous mes réseaux habituels de production. Je me suis heurté à des refus. Personne n’a voulu s’impliquer là-dedans. D’où l’idée de lancer cet Appel de fonds. »
Nous finissons sur « l’homme Georges Bensoussan », cette séquence un brin magique où la caméra le suit rechargeant son stylo, la réaction épatée du monteur qui n’avait pas assisté à tout le tournage et demande « Wouaaa! C’est qui ce gars-là? », la préconisation de Jean Rouch qui enseigne de ne pas éteindre les caméras pour ne jamais rater de ces instants fugaces, ce moment fort où l’Historien quitte le Palais de Justice, « comme en Majesté », la remise de médaille qui clôt le film et met en exergue la Reconnaissance après la forfaiture du renvoi de l’Historien par le Mémorial de la Shoah.
Nous conclurons sur la difficulté évidente à parler de l’œuvre de Georges Bensoussan, difficulté rencontrée aussi au sein d’Institutions juives telles la Fondation Rothschild très aidante mais se mettant en retrait dès que l’objet du projet se nommait Bensoussan, ou de lieux tels le MAHJ, qui jongla entre une aide concrète à l’endroit du réalisateur et en même temps un refus ferme de recevoir le film consacré à l’Historien, « refus qui ne peut s’entendre que par d’obscures raisons politiques », m’explique le réalisateur, ajoutant qu’il ne pourrait aujourd’hui réaliser Hatzalah, Les motos ambulances de la vie sans être taxé de « propagandiste » : « Il faudrait que ce soit un non-Juif qui le fasse. »
José Ainouz convient que la Communauté juive en France est démunie. A son sens, « il faut d’abord rester là : On a besoin de Georges Bensoussan en France. S’il écrivait depuis Israël, cela n’aurait plus la même portée. »
Il nous confiera encore ce qui est bien plus qu’une anecdote : Se référant au Hollywood Ending de Woody Allen, José Ainouz explique avoir été momentanément confronté à un grave déficit de la vision pendant qu’il réalisait ce film, achevé grâce à l’aide d’Éric Saussine, son monteur, et à force d’obstination : « C’était très dur. Et ça m’a permis de mieux comprendre cette humiliation. Les problèmes rencontrés par Georges. Je crois que je n’aurais pas aussi bien compris. J’ai cherché constamment à filmer dans le regard de Georges des choses qui exprimaient ce que je devinais enfoui… »
De là peut-être le sentiment de grâce, mais encore de communion ressentis par le spectateur. Une Equipe soudée autour de son réalisateur et de son sujet : « Il va comment Georges Bensoussan ? Comment va Georges ? Ça n’était pas Georges Bensoussan, c’était Georges.«
Notre rencontre se clôt sur l’annonce d’un Projet. Lumineux. Réaliser à 2 ce film sur Les Juifs du monde arabe : « C’est un film qu’on pourrait signer ensemble. Georges fait confiance à mon équipe. On se dit Ce sera notre dernier boulot. Lui dit : Je finis mon bouquin. On fait le film ensemble et après on s’arrête. On se promène. Ça serait un gros pied de nez à tout le monde. J’en rêve. Il sortirait dans quatre ans. »
Incontestablement un Film capital. Une réflexion sur un Homme qui réfléchit.
Un film qu’il faudra faire circuler. En France et bien sûr hors de France, une fois sous-titré.
Dans les Universités. Les Think Tank.
C’est le portrait filmé d’un Historien qui compte. Il se trouve que c’est un Historien juif dans la France des années 2000.
Pour Info, sont remerciés au générique Le Folkwang Museum à Essen pour avoir permis d’utiliser les photos de Helmar Lerski, et Chronos-Medias Gmbh qui a confié les Archives video demandées.
Pour une projection suivie d’un débat avec José Ainouz et Georges Bensoussan, s’adresser à joseainouz@me.com
[1] Un exil français: Un historien face à la Justice. Georges Bensoussan. L’Artilleur. 22/09/2021
[2] Les mondes perdus de Georges Bensoussan. Pierre Assouline. Histoire. Décembre 2012
https://www.lhistoire.fr/portrait/les-mondes-perdus-de-georges-bensoussan
[3] Du Juif dominé au Juif libéré par Iris LÉVY
[4] La note d’intention fait ressortir les éléments que l’on considérera comme déterminants pour un projet de film personnel, et sur lesquels on souhaite attirer l’attention. Elle évoque notamment la démarche de réalisation et les choix esthétiques.
Sarah Cattan
Merci Mr Ainouz , ou pourra t on voir ce film ?
Merci pour cet article, très intéressant. Quand et où pourra-t’on voir ce film ?
Merci de votre réponse.
Merci de me faire savoir quand et où on pourra voir ce film.
Votre article est magnifique. C’est un immense hommage rendu à une personnalité hors du commun qui le mérite réellement.Merci pour Georges Bensoussan, ma chère Sarah. Paulette Touzard Dawidowicz