Le récit de Michèle Chabelski se (re)lit sans faim. Une sorte de salade de fruits caramélisés, avec parfois quelques hoquets de douleur élégamment enrobés des herbes mi-amères (dans amère, il y a mère et belle-mère) de l’autodérision et de l’ironie.
Ah, oui. Il convient de préciser qu’à quelques très petites années d’écart près, et une immigration tardive et risquée d’Union soviétique qui m’a fait passer littéralement à côté de presque tout ce qu’elle évoque, ses souvenirs représentent pour moi une véritable leçon d’anthropologie et de sociologie. Nous nous sommes croisées à Maurice Ravel, Michèle en « pantalons de gabardine de chez Arvel », enseignant l’anglais – malheureusement pas à ma pomme – et moi avec ma casquette en laine irlandaise blanche de révolutionnaire… déjà vissée sur ma tête.
Déjà, en 2017…
Je viens de retrouver une « mémoire » du 28 septembre 2017 où j’envoyais mes troupes sur la chronique quotidienne de Michèle Chabelski.
Si j’ai d’abord admiré l’exercice de style d’une travailleuse surdouée, et au-delà des petits énervements la solidité de la culture qui sous-tendait une pensée dont j’étais un peu éloignée, j’ai vite senti dans l’élégance de l’apparente facilité un geste littéraire original.
La lecture de ce que j’appelle maintenant le récit m’a permis de découvrir et de m’attacher à une entreprise plus romanesque, au sens d’une véritable étude de moeurs.
© Isabelle Rozenbaumas (Bat Kama At)
Séance de Dédicace le 3/10 chez Florence Kahn
Dimanche 3 octobre A partir de 14h Chez Florence Kahn 24 rue des Ecouffes 75003 Coin rue des Ecouffes et rue des Rosiers
Isabelle Rozenbaumas
Historienne, traductrice du yiddish et scénariste, Isabelle Rozenbaumas ( « Bat Kama At ») a « repris » avec Moïshé Rozenbaumas L’odyssée d’un voleur de pommes, texte écrit en yiddish et initialement traduit par l’auteur lui-même, avant de se reconstruire avec sa fille Isabelle au fil d’un dialogue qui étoffera le récit initial.
Elle lance en 2008 le projet Bat Kama At, (Quel âge as-tu en hébreu), un projet historique, artistique et éducatif sur la vie et la destinée de 500 jeunes filles juives du lycée de Telz en Lithuanie où sa mère avait étudié avant la guerre. Toutes celles qui étaient restées sur place pendant l’occupation nazie furent assassinées en décembre 1941.
Avec Michel Grosman elle a réalisé en 2019 le film documentaire « Nemt : une langue sans peuple pour un peuple sans langue ».
Elle travaille actuellement sur la traduction du journal de l’historien Emanuel Ringelblum, auteur des célèbres « Chroniques du Ghetto de Varsovie ».
L’odyssée d’un voleur de pommes. Moishe Rozenbaumas. Préfacé par Yitskhok Niborski. Paris. La Cause des livres. 2004.
The Odyssey of an Apple Thief. Foreword by Samuel Kassow. Syracuse university Press. 2019
Poster un Commentaire