Raphaël Nisand – De l’Australie au Mali, la puissance française questionnée

Les conférences diplomatiques à l’issue de la seconde guerre mondiale, Yalta et Potsdam, avaient engendré un nouveau monde bipolaire Etats-Unis et URSS, prenant en considération trois puissances moyennes à l’époque la France, la Grande Bretagne et la Chine, avec un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU.

Les derniers soubresauts dans le monde montrent l’obsolescence de ce schéma.

Désormais, c’est dans la zone Asie-Pacifique que s’affrontent les intérêts des trois grandes puissances actuelles Etats-Unis, Chine et Russie.

Trump avait prévenu l’OTAN et ses états membres : sans un effort financier et militaire considérable, l’OTAN serait hors jeu dans un proche avenir.

Macron quant à lui faisait le constat d’un électroencéphalogramme plat de l’OTAN.

La Turquie membre de l’OTAN a considérablement aggravé ce diagnostic en faisant l’acquisition de missiles russes incompatibles avec l’alliance atlantique, et en pratiquant une stratégie de la tension à l’encontre des alliés des Etats-Unis en Méditerranée orientale.

Dès lors un nouvel ordre ou désordre mondial arrive au galop avec le retrait unilatéral des Etats-Unis d’Afghanistan laissant tous les alliés de l’OTAN impuissants et discrédités. Même les britanniques ont été surpris par la rapidité du retrait de Biden.

Biden ne s’est pourtant retiré d’Afghanistan que pour mieux redéployer la puissance américaine autour de la Chine dont les menées sont inquiétantes.
Les consultations sont permanentes entre les Etats-Unis et leurs alliés de la région que sont l’Inde, le Japon la Corée du Sud et l’Australie.
Il s’agit aussi de protéger Taiwan (une ile-Etat considérée par la Chine comme faisant partie de son territoire depuis Mao) et Hong-Kong qui semble déjà en passe d’être engloutie.

Dans ce contexte tendu la France a cru pouvoir maintenir un rôle éminent de puissance moyenne et de « pont entre les cultures », expression qu’affectionnait Jacques Chirac .

C’est l’activation d’une nouvelle alliance purement anglo-saxonne qui vient contredire cette conception.

La Grande Bretagne a profité du brexit pour se rapprocher des Etats-Unis et l’Australie a préféré la protection américaine à la française.

C’est douloureux pour la France mais comment s’en étonner ?

Caporal-chef Maxime BLASCO. Crédits : Armée de Terre

Au même moment, au Mali la France isolée face au terrorisme islamiste menaçant toute l’Afrique décide de renoncer à l’opération Barkhane et perd un soldat d’élite le Caporal chef Blasco.

Les efforts de la France pour mettre sur pied une force militaire africaine ne réussissent pas plus que les efforts américains en Afghanistan, et les français admettent de plus en plus difficilement cette lointaine expédition. Déjà les russes envoient au Mali des forces spéciales opérant par des sociétés privées avec des mercenaires.

Décidément, qu’on le veuille ou non, le monde de demain laisse peu de place au non alignement et aux puissance moyennes.

Un nouvel équilibre est loin d’être trouvé.

Raphaël Nisand                                                                                          Chroniqueur sur Radio Judaïca

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