J’aime beaucoup la fête de Soukkot.
Durant longtemps j’ai pu bâtir une soukka sur ma terrasse. Je ne peux plus et je le regrette. Je ne peux plus par manque de force physique pour le faire. Mais aussi en raison de l’insécurité grandissante: mon rez de jardin est un peu trop accessible…..
Pourtant cette habitation si fragile, presque comme ténue dans la pluie et le vent, demeure de personnages de Walt Disney menacés par le loup et mettant tout leur espoir en la divine protection est bien une expression, une manifestation de la confiance en quelque providence.
Car si celui en qui nous croyons (ou non, ce n’est pas bien important) ne protège pas la demeure, qui la protégera?
Il n’en demeure pas moins que notre soukka est sur terre et non au ciel et que c’est bien à l’homme qu’il appartient de la bâtir et de la rendre solide et protectrice.
Petit habitat fragile et dérisoire qui nous fait souvenir de combien tout habitat, tout séjour, toute gloire, sont dérisoires et provisoires.
Petit habitat qui nous rappelle que le premier habitat d’un être animé est toujours le ventre maternel (envers lequel on est parfois ingrat) ou la fragile coque de l’oeuf (si vite oubliée).
Petit habitat qui nous rappelle que sans la protection jadis de notre mère, de notre père, nous n’eussions jamais survécu.
Petite maison si frêle qu’un souffle un peu vif la ferait peut-être s’envoler sans qu’il soit pour cela besoin d’une grande tornade.
Abri si dérisoire que nous sommes obligés de convenir de cette idée que sans la protection de l’aile divine nous serions comme oisillons sans l’aile de leur mère.
Abri dérisoire et provisoire comme notre propre enveloppe charnelle.
Abri qui est comme reconstruction d’un corps nouveau après cette célébration d’un Kippour où à force de méditation nous avions bien cru n’être plus qu’âme.
On croit, on ne croit pas, ceci n’a ici aucune importance, mais en faisant ces gestes nous nous immergeons dans une mémoire très ancienne, dans “la” mémoire.
Mémoire des origines.
Mémoire de toute vie.
Hag Soukkot Sameah à toutes et à tous.
© Jacques Neuburger
Poster un Commentaire