Si je choisis l’islam, mes frères, j’oublierais la politique et je retournerais à la mosquée. L’islam n’est pas un programme politique.
La défaite des islamistes marocains est la meilleure chose qui pouvait leur arriver. Il était temps qu’ils partent, qu’ils rentrent aux vestiaires et prennent leur douche, comme une équipe de foot qui vient de perdre un match à suspense. En dix ans de «règne», ils ont eu largement le temps de montrer ce dont ils étaient capables: pas grand-chose de plus que leurs prédécesseurs, qu’ils soient de gauche, de droite ou de nulle part.
Si j’étais islamiste, je célébrerais cette défaite du 8 septembre comme une victoire.
Retournés à l’opposition, ils vont pouvoir de nouveau laisser pousser leurs barbes. Ce n’est pas qu’une question de poils et de look. Ils vont pouvoir retrouver leurs vieilles rengaines, leurs discours, leur démagogie.
Dix ans durant, ils étaient perdus. Ils ont rasé leur barbe, avalé leur langue et fait disparaître leurs gandouras de prédicateurs. Ils vont retrouver tout cela. J’imagine leur joie. Ils seront libérés, soulagés. Ils vont pouvoir dire, de nouveau, «A bas les sionistes!», «L’islam est la solution», «Non aux langues étrangères», «Non à la laïcité et aux libertés individuelles».
En retrouvant leurs tics, leur idéologie, leur pudibonderie, leur populisme, ils seront peut-être plus audibles. Plus proches de leurs bases, de leur peuple.
Appelons cela un retour aux sources, à l’envoyeur, au point de départ, aux “salaf” et “irchad” (prédication et encadrement religieux).
Mais si j’étais islamiste, pour de bon, je pousserais le bouchon encore plus loin. Je me remettrais sérieusement en cause. Et je retournerais tout simplement à la mosquée. Parmi les miens. Dans mon monde.
Partout où l’islam politique est passé, l’herbe n’a plus jamais repoussé. L’islam politique est une aberration des temps modernes. Incompatible. Entre islam et politique, il y a un mot de trop. Il faut choisir entre les deux.
Si je choisis l’islam, mes frères, j’oublierais la politique et je retournerais à la mosquée. L’islam n’est pas un programme politique.
Mais si je choisis la politique, ce n’est pas moi mais c’est l’islam qui retournerait à la mosquée. Et pour de bon.
© Karim Boukhari
Karim Boukhari a une longue expérience en journalisme. Il a dirigé plusieurs rédactions. Boukhari a une plume reconnaissable entre mille. Un regard aiguisé sur le monde, un sens enchanteur de la dérision, une griffe unique.
https://fr.le360.ma/blog/entre-amis/si-jetais-islamiste-245473
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