Gershon Hacohen. Le rassemblement des exilés n’est pas terminé

Partie de l’affiche de l’UJA. Image via Haute Vitrine

BESA Center Perspectives Paper No. 2133, 24 août 2021

RÉSUMÉ EXÉCUTIF : L’affirmation du ministre de la diaspora Nachman Shai selon laquelle ce n’est pas son travail d’encourager l’aliya à Israël nie le but même du sionisme, tel qu’il est compris et souligné par les dirigeants de la génération fondatrice. Le premier et le plus important de ces dirigeants était David Ben Gourion, qui considérait le rassemblement des exilés comme « le désir, le destin et la mission de l’État d’Israël »

Le ministre de la diaspora Nachman Shai n’est pas la seule personnalité publique à avoir cessé de considérer le rassemblement des exilés comme un objectif national. C’est une négation de l’essence et du but du sionisme tels que compris et soulignés par la grande majorité des dirigeants de la génération fondatrice. Le plus éminent de ces dirigeants était David Ben Gourion, qui considérait la rédemption d’Israël comme la raison d’être de l’État. Il a explicitement cité les paroles de Chazal dans le Traité Brachot et a utilisé consciemment et systématiquement des expressions juives religieuses pour expliquer sa position sur cette question.

Ben Gourion a déclaré : « Ni la sécurité ni le développement du pays ne sont l’essence de l’État. Ce ne sont que des conditions essentielles. L’État d’Israël n’est pas comme les autres États… Le peuple juif a porté le désir de rédemption dans son cœur [depuis des millénaires]. L’État n’est que le début de cette rédemption alors que le rassemblement des exilés est le désir, le destin et la mission de l’État d’Israël. Sans ce destin, il est dénué de sens historique et tourne le dos au peuple juif d’aujourd’hui, des générations qui nous ont précédés et des générations à venir.

Le retour en Terre d’Israël est une obligation nationale-religieuse et oblige également les Juifs qui y vivent déjà. Un état, comme l’intimité et l’amour, n’est pas un phénomène qui, une fois établi, suit une trajectoire statique. Il doit être nourri et régénéré quotidiennement. Un État est dans un processus constant d’établissement, en particulier l’État juif, où le rassemblement des exilés est son « vouloir, sa destinée et sa mission ». Être fort et prospère n’est pas une fin en soi ; l’État juif doit être fort et prospère afin d’accomplir sa mission fondamentale et sa destinée.

Ce n’est pas pour rien que le terme « עלייה (aliya) » – signifiant à peu près « ascension » – ne peut pas être traduit avec précision, car il n’existe dans aucune autre langue. En tant que concept, il n’est pas équivalent à « immigration ». Le mot hébreu « aliya » se réfère à une seule chose : les Juifs venant en Israël. Un Juif qui a quitté l’URSS pour les États-Unis est un immigrant, mais un Juif qui a quitté l’URSS pour Israël est un « oleh » (« celui qui monte »). Un juif qui quitte Israël pour un autre pays est un « yored » (« celui qui descend »). Jusqu’à il y a quelques décennies, cela allait de soi pour chaque juif israélien. C’est dans ce contexte que se définissent l’immigration et l’émigration juives : il n’y a qu’une seule patrie, et un Juif vivant ailleurs est en dehors d’elle.

Même pendant l’aliya d’Esdras et de Néhémie, aux premiers jours du Second Temple, la plupart des Juifs ont choisi de rester dans l’exil babylonien. Comme les sages ont dit : « À cause de nos péchés, nous avons été exilés de notre terre et éloignés de notre terre. » Les Juifs prient trois fois par jour : « Qu’un grand shofar sonne notre liberté et agisse comme un miracle pour rassembler notre peuple dispersé.

L’écrivain AB Yehoshua a décrit la tentation juive vers l’exil comme un ancien défaut génétique. Le sionisme existe pour corriger ce défaut, et la détermination à le faire doit être réaffirmée chaque jour par chaque Juif.

 © Général de division (res.) Gershon Hacohen

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Ceci est une version éditée d’un article publié dans Israel Today le 12 août.

Le major-général (res.) Gershon Hacohen est chercheur principal au Centre d’études stratégiques Begin-Sadate. Il a servi dans Tsahal pendant 42 ans. Il commanda des troupes dans les batailles contre l’Égypte et la Syrie. Il était auparavant commandant de corps et commandant des collèges militaires de Tsahal.

Merci à Josiane Sbero

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