Charles Meyer. Les conditions générales des GAFA: Une sorte d’entonnoir de la liberté d’expression

Une erreur, c’est un ballon d’essai qui se dégonfle bruyamment.

Imaginez. Vous êtes confortablement assis, un soir d’automne, dans une salle de cinéma et puis soudain, un pop corn se cramponne à l’accoudoir de votre strapontin.

Que faire ? L’enlever ? Le glisser à terre ?

Peu importe, cet incident ne gâche aucun film.

C’est l’image pitoyable que donne à voir ce progressisme sans intelligence, sans intérêt ni courage.

Zemmour et la censure des GAFA

On peut penser ce qu’on veut d’Éric Zemmour, de ses idées ou de ses sorties. On ne peut pas, en revanche, estimer que la censure des GAFA est chose normale et anodine. Encore moins, claironner sans honte que cette censure est bien-fondée dans son principe.

Un rapport de force entre deux blocs se dessine, entre progressisme élitaire et autoritaire d’un côté et conservatisme populaire et démocratique de l’autre.

Peu importe qu’au sein de ces blocs les choses ne soient pas si simples et que les excès des uns n’expliquent pas l’inquiétude que provoquent les autres. C’est une esthétique du paradoxe qui cache mal ce que donnent à voir nos sociétés, soit l’échec de plus en plus béant du libéralisme politique et de sa cohorte d’idiots utiles, d’alliés de circonstance plus ou moins crasseux, malsains, malfaisants ou inconscients.

Peu importe ce qu’on pense du second bloc, peu importe que celui-ci menacerait un jour de devenir plus autoritaire que le premier : même à considérer cette hypothèse, ce serait par conséquent lui donner des arguments pour aujourd’hui, puis des matraques pour demain.

Ce qui est arrivé avec le compte d’Éric Zemmour aujourd’hui est tout à fait cohérent avec un tableau d’ensemble préoccupant et je regrette que la liberté soit à ce point devenue un angle mort, parmi beaucoup trop de mes amis de droite, comme de gauche.

Le débat et la raison des peuples dans une démocratie ne s’agencent pas comme une partie d’échecs. La liberté d’expression, comme la liberté tout court, est une puissance de la volonté qui ne se contente jamais de tourner en cage.

Ce qui arrive depuis un moment déjà aura donc des conséquences inévitables et celles-ci seront bien pires qu’une série de polémiques plus ou moins stériles que déclencheraient, hypothétiquement, des publications plus ou moins intéressantes ou consternantes d’Éric Zemmour, parce que celles-ci auraient choqué le petit troupeau d’hommes – soja qui sert de panel de bonne humeur d’une société inclusive et déracinée. Ne pas le comprendre relève de la bêtise, que cette bêtise se conjugue avec l’opportunisme des pisses – froid sans lendemain, ou pas.

Le pire, dans ces épisodes à rallonge (Trump de ce point de vue aura été un clown utile), ce sont les arguments des nouveaux artisans de notre malheur, de tous ceux qui prétendent lutter contre l’obscurantisme avec leur bêtise et qu’ils ont le toupet de déguiser en intelligence et en vertu.

Les conditions générales des GAFA: un passe sanitaire de la pensée post moderne. Une sorte d’entonnoir de la liberté d’expression

Heure de gloire, donc, pour les conditions générales des GAFA qu’ils nous excipent fièrement comme un sésame, un passe sanitaire de la pensée post moderne et une sorte d’entonnoir de la liberté d’expression : puisque vous êtes sur Instagram, sur Twitter ou Facebook, vous souscrivez aux règles de ces réseaux et vous acceptez que votre pensée, vos écrits, votre expression, soient flanqués d’une litanie de restrictions toutes plus incontrôlables les unes que les autres. Vous acceptez aussi le joug des  » erreurs » de crétins sur qui repose votre liberté. Vous acceptez que la non-compréhension imbécile ou la mauvaise foi militante préfigurent la censure automatique de précaution. Le président de la République, les ministres, les parlementaires, les journalistes, les intellectuels, les partis politiques sont sur ces réseaux ? Qu’à cela ne tienne, votre liberté d’expression ne vaut rien, face à l’indignation de Jean-Kenin et de Lola. Twitter et Instagram sont des opérateurs privés qui ont le droit de dicter leurs CGV et vous, vous n’avez qu’à hurler dans le désert ou vous déporter sur le dark web si vous n’y souscrivez pas. Vous avez le droit inexpugnable de communiquer vos idées avec une ficelle et une boîte de conserve pendant que des millions de Jennifer et de Jean-Con peuvent partager des inepties qui feront le tour du monde. L’honneur de la Démocratie est sauf.

Au passage, c’est une bien curieuse conception du rôle de l’Etat que ces gens ont. Les mêmes qui n’hésitent pas à galvauder le registre régalien, à encourager les lois Avia et autres dispositifs idiots et dangereux, eux qui font de la lutte « contre la haine » le passe – pensée de leur liberté, n’hésitent pas ici à abdiquer toute forme de cohérence pour choisir de convoquer ici le contrat de droit privé américain ou maltais, uniquement quand cela les arrange.

Avec ces tartuffes, vous pouvez voyager dans les incohérences et les anachronismes. Vous pouvez par exemple convoquer la liberté d’aller et venir de 1921 pour accorder aux constructeurs automobiles la prérogative de rédiger le Code de la route.

C’est à peu de chose près ce que demandent les Caroline Fourest et autres Einthoven avec la libre expression des idées en 2021. Faire reposer une liberté fondamentale pour la Démocratie sur l’aberration des GAFA. Laisser s’effondrer avec le temps et la technologie les murs porteurs de la Démocratie. Ne jamais tenir compte du réel.

Ils n’ont toujours pas compris que le droit se construit comme une équation du pouvoir et de la réalité. Lorsque cette équation cède, tout le reste cède aussi. Ils l’apprendront, à nos dépens, le moins possible, on l’espère. En attendant, ils concèdent des »erreurs ». C’est tellement facile et la facilité est ce qui les guide, par désistement de soi et par-dessus tout.

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1 Comment

  1. Facebook est une entité privée , ses patrons sont des gauchistes pro islamo , en tant que juif militant j y ai ete menacé , puis exclus temporairement , alors que les messages antisemités restaient tranquillement en place , j ai donc quitté volontairement cette entreprise privée qui vehicule une ideologie que je rejette de la meme façon que j ai cessé d acheter la presse aux ordres du quai d orsay .
    Fb , tout çomme L IMMONDE ou libération ont absolument le droit , en tant qu entités privées , d epouser telle ou telle ideologie , et moi entant que client ou;consommateur j ai le droit de les eviter et de ne pas les subventionner .
    Il faut refuser a ces reseaux mediatiques le statut de canal officiel , et personne n empeche tout un chacun d investir dans un media concurrent pour vehiculer d autres positions ideologiques .

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