19 Aout 2021.
Se suicider, pour un individu, est en règle générale une opération assez rapide. Pour une société, c’est plus long. Normal. Ici, c’est la France, mais ça aurait pu être d’autres pays de « l’Occident » libre et démocratique… La France sous toutes ses coutures…
L’auteure au voyeurisme revendiqué et au nom de famille imprononçable, femme apparemment hétérosexuelle, donc il est vrai douteuse, nous livre treize ans d’observations « sociétales » déprimantes dont je vous conseillerais vivement de vous tenir très éloigné, n’était-ce son humour ravageur, rire garanti dans chacune de ses cent quatre-vingt-onze pages et dans toutes les nuances de la libertude volontaire. Qui n’enlèvera rien ni à la gravitude, ni à la bravitude des thèmes abordés, l’école, le genre, les vieux, le procès Kravchenko, l’islam, l’écrivain nobélisé Kertesz, l’art contemporain dit « AC » , (et « non assez »), et du début à la fin, la connerie et la démence.
Comme par exemple, ce maire (de gauche) anti-sida, coiffant l’obélisque d’un préservatif fait sur mesure et gonflé à l’hélium (8000 euros facturés, grâce aux impôts locaux). Lequel préservatif dressé fièrement – alors que Buffet, la secrétaire générale du PC entonne l’Internationale – débande précipitamment (le préservatif, pas la secrétaire), ni par éjaculation précoce, ni par coïtus interruptus, mais plus prosaïquement après qu’une fine aiguille ait été plantée à l’initiative d’un citoyen (forcément d’extrême-droite et pro-sida).
L’école, ce qui s’y enseigne, ou plutôt ce qui ne s’enseigne plus, le but recherché n’étant plus le savoir mais l’égalité ou plutôt l’égalitarisme, reste cependant le centre de gravité : normal, l’auteure en a été, sommée d’abandonner la méthode syllabique de l’apprentissage de la lecture qui marchait si bien depuis des siècles, et de faire copain-copain avec ses « apprenants »…
Un tel livre, un ensemble de nouvelles qui ferait roman, ne pouvait être qu’orwellien, et forcément il l’est. Comment n’aurait-il pu l’être, lorsqu’un élève n’est plus qu’un « apprenant« , et le maître d’école un « sachant », ou lorsqu’il devient interdit de dire « père » et « mère’ » et recommandé de leur substituer « parent 1, parent 2″… ?
Ce livre est donc aussi une sorte de piqure de rappel : le totalitarisme commence par la tentative d’imposer à la société un nouveau vocabulaire. Normal, sinon le choc direct avec la réalité nue le pulvériserait. L’invention des mots ne servant plus à révéler une réalité jusque-là cachée, comme chez les poètes ou les vrais scientifiques et philosophes, mais à l’occulter, ou à la rendre acceptable. Et surtout à briser le doute…
» Par de pareils objets les âmes sont blessées
Et cela fait venir de coupables pensées«
Au fait, qui a dit ça déjà ?
Ce livre pas à pas, nous fait prendre conscience du chaudron dans l’antre duquel nous sommes en train d’être cuits à petit feu… Et je dis ‘’nous’’ car il s’agit bien d’une pandémie qui atteint meme Israel, le pays de la Loi et de la filiation, c’est dire ! Etrange expérience, car jusque-là, le totalitarisme, qu’il se soit imposé au début par les urnes ou contre elles, se voyait obligé, très vite, de prendre d’assaut la société, et physiquement d’éliminer tous les résistants. Le néo-totalitarisme décrit dans les « Chroniques citoyennes d’un suicide programmé« , lui, s’impose pacifiquement, par la subversion du langage. Il se cassera la gueule, forcément, un jour ou l’autre, car rien ne résiste à la réalité, mais d’ici là le monde et l’humanisme de la Renaissance à la base duquel est la Tora, auront été défigurés, saccagés, « déconstruits » comme disent, contents d’eux-mêmes, les post-modernistes.
A moins qu’entre temps…
Evelyne (que l’auteure excuse cette familiarité, mais bien plus encore que ceux du groupe Manouchian, son nom à prononcer est si difficile…) nous aura du moins averti.
Et son livre sera de ceux qui, espérons-le, auront préparé les saines révoltes à venir de l’esprit, précédant juste celles des profondeurs de la société…
© Jean-Pierre Lledo
Biographie d’Evelyne Tschiart
Enseignante, Évelyne Tschirhart a notamment écrit en 1979 avec Claudie et Jacques Broyelle Deuxième retour de Chine, puis L’école à la dérive en 2004, et Des élèves malades de l’école ou la médicalisation abusive des élèves en 2012.
Son site : http://tschirh-art.com/
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