La vidéo a tourné en boucle sur tous les réseaux, sur toutes les télés, et nous a horrifiés, c’est vrai. On y voit des centaines d’Afghans essayer de retenir un gros porteur de l’US Air Force sur le tarmac de Kabul. Mais l’avion avance indifférent, malgré les pauvres gens accrochés à sa carlingue, et a sans doute pris son envol depuis, loin de ce maudit pays.
Comme une couvée de lapins
A tort, on a comparé cette retraite américaine à l’évacuation de Saïgon, il y a plus de 40 ans. Mais à la différence des Vietnamiens qui avaient un stratège de génie en la personne du général Giap, et des troupes nombreuses et bien entraînées, en Afghanistan on ne comprend pas comment une armée formée et équipée par les Américains détale comme une couvée de lapins devant des va-nu-pieds armés de pétoires.
C’est pourquoi l’intervention de Jo Biden hier soir fut édifiante. Après 20 ans de présence en Afghanistan, le Président américain a dit deux choses essentielles :
1) On peut former des centaines de milliers de soldats, mais on ne peut pas les forcer à se battre s’ils n’en ont pas l’intention.
2) Il n’y avait donc pas un moment idéal pour évacuer l’Afghanistan. Ni de forme idoine.
Reconnaissons ce mérite au président américain d’avoir clarifié ce qui nous semblait totalement incompréhensible. En effet, pourquoi l’Afghanistan, pauvre et arriéré, est-il capable de chasser l’Armée Rouge puis l’US Air Force à 40 ans d’écart ?
Soulever des montagnes
Biden nous a donné la réponse. Elle est juste anthropologique. L’Afghanistan est un ensemble de tribus, pas une nation, et c’est pourtant un sentiment plus fort que le nationalisme qui leur permet de chasser l’étranger : leur xénophobie tribale.
Elle s’avère un ciment plus solide que n’importe quel patriotisme face au non-musulmans. L’ex-URSS et les USA auront perdu beaucoup d’hommes et d’argent pour comprendre que l’islam primitif, comme le christianisme primitif, peut soulever des montagnes. C’est même ce qui motive la surenchère entre toutes les bandes armées islamistes aujourd’hui. Plus elles se rapprochent du modèle initial de Mahomet en cruauté et en arriération, plus elles sont puissantes.
C’est ce qui foutait les jetons dans l’intervention si franche de Biden hier soir.
© Marco Koskas
Marco Koskas, pensionnaire de la Villa Médicis de 1980 à 1982 et auteur, a publié récemment Aline Pour qu’Elle Revienne, décrit comme un “polar lyrique et déjanté”, et Sentimental Oxymore, une “série ” israélienne en 43 épisodes.
Pour le lecteur Juif, Marco Koskas est aussi le regard nécessaire car distancié porté sur les errements et l’israélophobie française.
Simple et bonne analyse ! Quand donc l occident matérialiste et ultra cartésien comprendra t il que la foi est un moteur de combat plus puissant que la solde en dollars ?
Un homme qui se bat pour sa foi ou pour sa maison est invincible et finira toujours pas écraser l envahisseur
La foi ! La foi en quoi ? en qui ? Pourquoi cette obstination à prétendre qu’il DOIT y avoir un être supérieur qui dirige le monde, appelé arbitrairement DIEU ?
Et si on osait faire circuler l’idée qu’en somme Dieu est une éthique, éthique qui pourrait avantageusement remplacer le nom “Dieu”, auquel de plus en plus de gens – juifs, chrétiens ou musulmans – ne croient plus, et qui sans elle se permettraient toutes sortes d’abus ?
En partant donc du principe que Dieu est une éthique, pourquoi ne pas faire évoluer les trois religions abrahamiques vers UNE seule éthique, universaliste et de bon aloi, en allégeant celles-ci des dogmes mystificateurs qui les particularisent et qui les rendent ennemies les unes des autres, avec des guerres en perspective comme il y en a eu tant dans le passé et comme il y en a encore actuellement, notamment en Afrique et au Proche-Orient, ainsi qu’en Europe, sporadiquemen, sous forme d’attentats ?
Qui sera, qui seront les personnalités compétentes pour mettre en route les démarches nécessaires pour réaliser cet aggiornamento ?
Seriez-vous prêt à y figurer, T Amouyal ?
Ce qui pénalise « l’homos occidentalus » c’est qu’il est entravé par les principes des droits de lhommiste et autre bagage civilisationnel et respect de la vie humaine alors que ces talibans glorifient la mort sans limite au nom de leur foi
Bonjour Shlomo Khalifa,
Votre pensée me semble amidonnée par les convictions du communisme des année 60, n’y a-t-il pas moyen d’évoluer, se poser des questions de se remettre en question. La philo c’est critiquer ce qui nous semble “aller de soi” et bon nombre de philosophes modernes ne conçoivent pas d’éthique sans la notion de dieu. On n’est pas obligé de suivre ceux-ci mais il y a l’idée que la philosophie occidentale est dominée par le concept de totalité. C’est la totalité qui gouverne la paix et la guerre, la politique et la morale, le statut des individus, l’ontologie., etc… (déjà mettre toutes les “religions abrahamiques vers UNE seule éthique, universaliste, c’est peu les connaître la première est effectivement inclinée vers l’éthique, la seconde vers la théologie, ce que n’a pas la première et la dernière est l’orgueil guerrier de l’envahisseur comme l’est son histoire. Il est probablement juste que fut seulement par l’idée de l’unicité de Dieu que l’homme a découvert l’unité de l’humanité à l’origine de l’idée la plus haute de la moralité mais les deux dernières religion ne se sont pas gênés de vouloir dépouiller la première de toutes ses prérogatives…non, je ne suis pas Juif ) L’idée de l’infini est un concept extérieur à la totalité, et elle est loin d’être universelle. On ne peut ni l’englober, ni le démontrer. Aucun contenu dogmatique ni aucune rationalité philosophique ne le limite. Notre condition de toute vérité objective, il est extérieur à la pensée. On ne peut penser Dieu et encore moins le lier à une idée. La figure de Raskolnikov prouve comme le dit Berdiaev que « l’idée de Dieu est la seule idée surhumaine qui ne détruise pas l’homme… se lève l’image d’un monstre, l’image de l’homme qui veut être Dieu, du Surhomme en marche… Il n’y a, chez Nietzsche, ni Dieu ni homme, mais seulement ce Surhomme. Dieu et l’homme existent au contraire chez Dostoïevski. Dieu ne dévore pas l’homme, et l’homme ne disparaît en Dieu : il reste lui-même jusqu’à la fin et pour la consommation des siècles. » Pour Dostoïevski, l’homme qui se divinise anéantit Dieu et, dans le même temps, anéantit l’homme. Vous parlez aggiornamento (c’est-à-dire, mise à jour, adaptation à l’évolution du monde, à la réalité contemporaine). Dès le 18ième siècle les Juifs, puis les Catholiques ont accepté la laïcité. L’Islam, non seulement, n’a jamais fait son aggiornamento mais de plus ses autorités, qu’elles soient chiites ou sunnites, prônent sans interruption le dogme de la charia et la lutte pour un état théocratique… Il y a de quoi réfléchir et non de rêver.
Merci, Christian Rayet, de m’avoir fait éclaté de rire en lisant votre première phrase. Je ne savais pas qu’on pouvait amidonner une pensée.
N’ayant jamais suivi des cours de philo et ne m’étant jamais intéressé de près à cette discipline – j’ai 9O ans, ancien médecin de Santé Publique – j’avoue que je n’ai pas compris où vous voulez en venir, ou en arriver.
Si vous préférez que l’on continue à s’entretuer pour (un) Dieu délaissé par tant et tant de gens – juifs, chrétiens ET musulmans – c’est votre affaire.
Pour ma part, je préfère rêver au jour où l’Humanité , de guerre lasse, se résoudra à faire évoluer le mot Dieu (universel) vers le mot Ethique (universaliste).
Bonjour monsieur Slomo Khalifa,
Lorsque je me suis lu j’ai eu honte; emporté par mon idée je n’ai pas pris garde à la cohérence du texte. Cela étant dis, je laisse entendre que votre souhait est impossible, d’ailleurs il n’y a pas d’universel; Freud ne sera jamais universel et encore moins avec l’idée d’éthique. Quant à la religion, dont je suis bien peu, le vingtième siècle le pensait enfuit à jamais… Mais la tautologie du “Je suis qui je serais” du Dieu de la Thora, Dieu qui se cache, le Dieu qui dit “Je” quand il peut dire “tu” à l’humain qui respecte autrui comme lui-même… me laisse espérer. Mais, pour moi, il n’y a pas de respect de l’autre sans transcendance. Je suis un non croyant qui s’est opposé à la religion et puis, plongé dans cette pensée, il y a eu par exemple le “Je suis”.