Ahmad Massoud. « Nous, Afghans, n’avons même pas vraiment perdu de bataille, puisque Kaboul ne s’est pas battue »

Ahmad Massoud, fils du commandant afghan Ahmad Massoud, à Paris le 22 mars 2021 afp.com/JOEL SAGET

Ahmad Massoud, fils du légendaire commandant Massoud et désormais, commandant en chef des forces de résistance afghanes dans le Panjshir , a transmis à La Règle du Jeu le texte suivant, que publie également L’Express, « Appel du 16 août » où il invite les Afghans comme « tous les amis de la liberté » à combattre les talibans.

Peuple afghan, Moudjahiddine, amis de la liberté partout dans le monde! La tyrannie triomphe en Afghanistan. La servitude s’installe dans le bruit et la fureur. La vengeance hideuse va s’abattre sur notre pays martyr. Kaboul déjà gémit. Notre patrie est dans les fers. 

Tout est-il perdu ?  

Non. 

J’ai reçu en héritage de mon père, le héros national et Commandant Massoud, son combat pour la liberté des Afghans. Ce combat est désormais le mien, sans retour. Mes compagnons d’armes et moi allons donner notre sang, avec tous les Afghans libres qui refusent la servitude et que j’appelle à me rejoindre dans notre bastion du Panjshir, qui est la dernière région libre de notre pays à l’agonie. 

Je m’adresse à vous, Afghans de toutes régions et de toutes tribus et vous invite à nous rejoindre. 

Je m’adresse à vous, Afghans d’au-delà nos frontières qui avez l’Afghanistan au coeur et je veux vous dire que avez des compatriotes, ici, dans le Panjshir où je me trouve à nouveau, qui n’ont pas perdu espoir. 

Je m’adresse à vous tous, en France, en Europe, en Amérique, dans le monde arabe, ailleurs, qui nous avez tant aidés dans notre combat pour la liberté, contre les Soviétiques jadis, contre les Talibans il y a vingt ans : allez-vous, chers amis de la liberté, nous aider une nouvelle fois comme par le passé ? notre confiance en vous, malgré la trahison de certains, est grande. « Rejoignez-nous, en esprit ou par soutien direct »

Nous sommes, Afghans, dans la situation de l’Europe en 1940.  

Sauf dans le Panjshir, la débâcle est totale et l’esprit de collaboration avec les Talibans commence à faire école chez les vaincus qui ont perdu cette guerre de leur faute.  

Nous restons seuls debout.  

Nous ne céderons jamais.  

Je citais à un ami écrivain français, la veille de la chute de Kaboul, la phrase de Winston Churchill promettant du sang et des larmes. 

Je pense aujourd’hui à la phrase du Général De Gaulle, qu’admirait mon père et qui lança, après la déroute de l’armée française, que la France avait perdu une bataille mais pas la guerre.  

Nous, Afghans, n’avons même pas vraiment perdu de bataille, puisque Kaboul ne s’est pas battue.  

Nos combattants, vieux et jeunes Moudjahiddines, ici, dans le Panjshir, ont repris les armes.  

Rejoignez-nous, en esprit ou par un soutien direct.  

Soyez, Amis de la liberté, le plus nombreux possible à nos côtés.  

Nous allons écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire de l’Afghanistan.  

Ce sera un chapitre nouveau de l’éternelle résistance des opprimés contre la tyrannie.  

Avec l’aide de Dieu, nous vaincrons. 

 © Ahmad Massoud

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4 Comments

  1. Qu’il y aille, le jeune Massoud ; au lieu de se barricader à Paris et postillonner dans un micro.

    Expliquons. Il serait utile de rappeler notre problème principal, nous occidentaux (et notamment français) dans la compréhension de ce qui se passe en Afghanistan (et ailleurs).

    Nous croyons à la valeur universelle de notre vision du monde et de notre système de pensée et d’organisation. Cela nous est tellement naturel que nous en ignorons jusqu’à l’existence comme un poisson ignore l’eau.

    Jadis les conquistadors avaient la certitude absolue de leur foi ; au point de l’imposer sur tout ce qui bouge.
    Sachant que « catholique », en Grec ancien, veut dire « universel », n’est-ce pas ? Nous avons hérité de leurs certitudes MAIS pas de leur foi ; nous plaquons leur mentalité sur NOTRE système, celui (pour faire simple) de l’Etat-nation et de la démocratie.
    En conséquence nous nous comportons comme eux…. Cf. Afghanistan et ailleurs.

    MAIS pour un afghan (un VRAI…) l’Etat-nation n’a aucun sens. Il est (simplifions toujours et par exemple) Pachtoune et musulman ; d’identité tribale et religieuse. EXACTEMENT comme son cousin pakistanais derrière la frontière.
    Son identité afghane a l’épaisseur de la feuille de papier qui l’atteste.

    Une « armée afghane » est donc une vue de l’esprit ; sans cohésion, sans cohérence, sans raison d’être, sans raison pour mourir.

    Comme (exemple) une armée « malienne », quoi. Bamako connaitra donc le sort de Kaboul.

  2. Lorsqu en 2008 mon regiment a participe a une releve en Afghanistan,on m a conseille de contacter un specialiste de ce pays qui avait vecu trois ans chez les talibans.Il m expliqua qu aucune occupation etrangere ne pouvait vaincre a cause de la combinaison des facteurs topographiques et ethno religieux.Des grottes invulnerables amenagees sous des montagnes de 2 a 3000 metres,des clans et tribus echappant a tout commandement centralise.Il m expliqua que c etait un peu comme en France en 1943 lorsque les Allemands avaient cible le PCF,ce que n avait pas admis la resistance francaise,qui refusa net de rentrer dans la collaboration.Malgre ses pertes,le PCF passa de 6 a 24 %.Et il rajouta « les talibans,presque tous Pachtounes,submergeront tout le pays,meme chez le general Dostom-qui en a tue un maximum-et chez le commandant Massoud,qu ils ont assassine ».

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