Quel est ce pays dont le peuple lynche l’un des siens

On nous dit ce matin que l’Algérie est meurtrie par le lynchage d’un de ses jeunes en Kabylie et que les Algériens exigent que lumière soit faite sur cet acte odieux et que soient sanctionnés les criminels.

Pris à partie le 11 aout dans le fourgon de police où il s’était réfugié par une foule hystérique qui le soupçonnait d’être à l’origine de l’un des feux, Djamel Bensmail, 35 ans, a été lynché en Kabylie où il s’était rendu pour aider. Tout ça dans la cour-même du commissariat de Larbaâ Naït Irathen. Poignardé. Traîné dehors à coups de pied. Tombé au milieu d’une foule chauffée à blanc de jeunes surexcités. Brûlé. Décapité. Le tout filmé par des dizaines de personnes. Relayé par les media. De El Watan à TSA. Vidéos à l’appui.

Voilà la Kabylie, toujours en proie aux flammes, désormais sous le choc d’un drame éminemment barbare.

Non la barbarie de l’acte n’est pas multipliée parce qu’aujourd’hui on apprend que le jeune homme était un artiste venu de Miliana par solidarité. Quel qu’il fût, les images de cette foule déchaînée laissent pantois, et le fait que ce matin de nombreux Algériens dénoncent un acte barbare ne changera rien à notre stupeur, pas plus que la dignité du père de la victime, lançant un appel au calme, pas plus que l’enquête ouverte, et la déraison du pays face au feu qui le brûle n’excuse en rien la bestialité de la chose, que certains veulent comprendre comme la recherche à tout prix d’un bouc émissaire.

On interroge ce matin encore davantage l’incurie de ce gouvernement venu parler à son peuple de traumatisme national et promettre un châtiment judiciaire…

Pour rappel, Djamel Bensmail, artiste, était militant du Hirak.

Sarah Cattan