Dérèglements climatiques : fournaise en Tunisie, incendies en Grèce, en Kabylie et ailleurs, inondation en Allemagne, en Belgique, pluies incessantes chez moi et chaussettes aux pieds en été… mais rien n’indique que nos consciences soient bousculées par ces événements.
Le grec s’attriste pour le grec, les algériens pour leur Kabylie, les européens pour l’Allemagne, la Belgique et la Grèce, pour ce dernier pays, une petite lamentation du bout des lèvres au cas où on hésiterait à l’inclure ou non dans l’Europe. Mais il est toujours de bon ton d’afficher son hellénisme et son amour des temples.
Et puis, le Canada et sa canicule, c’est si loin, dans le temps et l’espace. La Banquise qui fond, c’est seulement pour les ours polaires et les esquimaux. On continuera à aller en Norvège admirer l’aurore boréale et le passage des baleines. C’est too much.
Choc des civilisation, antisémitisme, racisme, ces pensées en actes sur Facebook qui en raffole ont également trouvé une belle vitesse de croisière. La haine des autres, c’est si facile. Le paquebot est chargé, et sur le pont, celui qui en est la victime s’arrange pour être bourreau à son tour sur le transat inoccupé. Un homme à la mer, crie t-on mais personne ne se lève, Anne Dufourmantelle n’est plus là.
Pensées complotistes ou conspirationnistes prennent des allures de vertiges. Falsifications, contre-pensées, semblants de pensée qui se plaquent à toutes les réalités. Le Juif est partout, c’est de sa faute, l’Arabe est sale et fourbe mais on veut bien de son argent et puis c’est la faute aux Américains.
J’apprends aussi que la constitution tunisienne est juive et que la France est une dictature.
Au marché des illusions, l’imposture est en première place sur les étals, les balances sont faussées.
Je fais gaffe parce qu’en demandant des patates (des charlottes pourquoi pas), le risque est grand que j’apprenne que le journaliste, juif en plus, nous ait trompés. « J’vous le dit m’dame, ils nous auront pas« . Et le marchand de merde d’insister sur le grand complot du monde. Le marchand facho aurait pu clamer un vers de Racine, sa Phèdre : « Ma vengeance est perdue, S’il ignore en mourant que c’est moi qui le tue.«
Et moi, en rentrant, j’épluche les pommes de terre et j’éprouve une immense solitude. Exit pour un temps, la fabrication des êtres idoines au marché.
© Elham Buissière
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