Benny Gantz, ancien chef d’état-major de Tsahal, homme politique très affable et cherchant le compromis, a réussi de dissiper les malentendus avec la France dans l’affaire d’espionnage Pegasus. Selon une enquête menée par un consortium de 17 médias dont Le Monde, Radio France, et Haaretz, les services de renseignement marocains auraient utilisé Pegasus à des fins de piratage ou de tentative de piratage des téléphones du président Macron. NSO avait rejeté catégoriquement les accusations, et les autorités marocaines ont déposé des plaintes de diffamation contre ces médias.
Gantz a affirmé qu’il prenait les allégations très au sérieux mais qu’Israël accordait des autorisations en matière de cyber sécurité uniquement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité.
En règle général, le logiciel Pegasus doit obtenir le feu vert de l’Agence de contrôle des exportations militaires (DECA), qui dépend du ministère israélien de la Défense, pour être vendu à des pays tiers, au même titre que la vente d’armement.
NS0 est une entreprise israélienne privée dont certains consultants sont étrangers. L’un d’eux était ambassadeur de la France à Tel-Aviv…
Bien entendu, un contrôle plus efficace devrait être appliqué sur ce genre de logiciel espion. Dans cette affaire où le mystère plane nous devrions également être vigilants et méfiants devant la manipulation politique de certains médias et ONG, ainsi que sur les intentions malveillantes de certains utilisateurs. Une enquête approfondie est nécessaire pour éviter de dangereux dérapages. Pour l’heure, des premières indications prouvent qu’il n’y pas eu d’infiltration cybernétiques dans les ordinateurs de l’Elysée ni des téléphones mobiles du président Macron et ses proches conseillers.
L’importance de la visite de Gantz à Paris s’inscrit dans un contexte historique. Depuis 1967 et durant de nombreuses années, la France refusait des visites officielles de ministres de la Défense et des chefs d’état-major à Paris comme à Jérusalem. La coopération stratégique était timide et très discrète. La France conditionnait l’amélioration de la relation par des concessions dans la solution du problème palestinien. Cette politique a bien échoué. Elle a créé inutilement des incompréhensions et parfois des disputes graves.
Cependant, malgré l’embargo sur les armes, l’anathème gaullien, la politique arabe, et la méfiance des leaders politiques au pouvoir, une formidable « complicité » existait toujours entre les militaires des deux pays amis. On se souviendra que c’est grâce à l’armée française qu’Israël avait pu se moderniser et acquérir l’expérience nécessaire à l’organisation de Tsahal.
Nos relations sont aujourd’hui au beau fixe pour une raison simple : il existe une séparation nette entre le bilatéral et le multilatéral.
La puissance technologique de l’armée israélienne, ses divers services du renseignement, sa riche expérience dans les guerres conventionnelles et opérations militaires, sont un gage pour consolider les relations dans l’arène internationale. La forte présence israélienne dans les salons militaires et aéronautiques telle qu’au Bourget, attire toujours curiosité, intérêt, et soulève parfois l’admiration des armées concurrentes et des puissances émergentes.
Aujourd’hui, la France et Israël entretiennent de bonnes relations bilatérales de défense et la coopération militaire repose sur des consultations stratégiques sincères et un dialogue permanent entre les divers services sécuritaires.
Au-delà de cette sensible affaire, soulignons que la visite de Gantz à Paris a été programmée de longue date. Elle s’inscrit dans le cadre des ententes existantes entre les deux pays, face à la menace nucléaire iranienne, la déstabilisation des régimes arabes dont le Liban et la Tunisie, les intentions hégémoniques de la Turquie, et surtout le combat international contre le terrorisme islamiste. Gantz a demandé à la France d’intervenir énergiquement pour faire sortir le Liban de la crise actuelle. La faillite de l’Etat libanais risque en effet de voir le Hezbollah renforcer ses positions et de profiter de la situation explosive pour relancer des hostilités le long de la frontière Nord.
Sur la coopération bilatérale, soulignons que les armées de l’air française et israélienne ont procédé à des entraînements communs tels menés en Corse, en novembre 2016. Des manœuvres maritimes communes pourront également se produire dans le bassin méditerranéen et ailleurs notamment dans le cadre de l’OTAN.
Nous partageons avec la France des valeurs démocratiques et universelles et des intérêts stratégiques au moment où la planète affronte une guerre cybernétique dangereuse.
La visite de Gantz à Paris a donc renforcé les relations avec la France et le dialogue se poursuivra dans un climat amical avec une grande confiance à l’avenir.
Le CAPE de Jérusalem jcpa-lecape.org
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