Magnifique exposition au MAHJ. Des œuvres remarquables d’artistes juifs comme Marc Chagall, Chaïm Soutine, Jules Pascin, Jacques Lipchitz, Chana Orloff, Moïse Kisling, Louis Marcoussis et Ossip Zadkine… Tous à l’exception d’Amedeo Modigliani, ont fui les pogroms en Russie ou en Pologne, sont venus chercher à Paris, au début du 20e siècle, un cadre et une ambiance plus libres et favorables à leur émancipation artistique, sociale et religieuse.
C’est à cette génération d’artistes arrivés entre 1905 et 1914 que le mahJ consacre son exposition. Leurs motivations, les liens qui les unissent, le cadre historique et politique, leur implication dans la vie artistique parisienne et leur judéité : toutes ces dimensions sont explorées dans cette exposition qui rassemble une centaine de peintures et de sculptures signés des 3 artistes majeurs que sont Marc Chagall, Amedeo Modigliani et Chaïm Soutine, mais aussi d’autres injustement tombés dans l’oubli. À côté des œuvres exposées seront montrés photographies d’époque, dessins et livres d’artistes, et de nombreuses archives, mettant en lumière les liens entre ces artistes, les galeristes et les collectionneurs. A partir de 1903, artistes et intellectuels germanophones se rencontrent au Dôme, à Montparnasse. Marc Chagall, et d’autres ont eu plus de chance. Ils ont habité dans “La Ruche”, fondée en 1902. Cette Ruche héberge alors une centaine d’ateliers à loyer modique. Le yiddish est la langue commune de beaucoup d’entre eux. L’imaginaire attaché au monde juif d’Europe centrale et orientale marque les œuvres de certains. C’est dans ce contexte que Joseph Tchaïkov, avec Marek Szwarc et Isaac Lichtenstein créent Markhmadim, la première revue entièrement consacrée à l’art juif. Léon Indenbaum, Ossip Zadkine et Marc Chagall s’installent à la Ruche en 1911. Ces années d’intense création sont marquées par un grand dénuement matériel. Ces hommes trouvent à la Ruche, une sorte de transition entre leur milieu d’origine et la société française.
Mais celui qui a accroché mon regard est Amedeo Modigliani. Depuis longtemps, très longtemps, j’ai un faible pour lui. Issu d’une famille juive séfarade de Livourne, Modigliani a une culture multiple nourrie des œuvres de la Renaissance comme de son goût pour la statuaire africaine ou khmère. Lui, il s’installe au Bateau-Lavoir, dès 1906, puis délaisse Montmartre pour Montparnasse. Il se consacre d’abord à la sculpture. Mais en 1914, l’artiste abandonne la taille et se remet à la peinture. Alors que la guerre éclate, Modigliani, réformé,devient le portraitiste de la bohème cosmopolite de Paris (photos de ses tableaux). Bref, ne ratez pas cette remarquable exposition. Elle y sera jusqu’au 31 octobre 2021 !
Alain Chouffan
Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme
Hôtel Saint-Aignan – 75003 Paris
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