André Simon Mamou. Tunisie : Kaïs Saïed a pris le pouvoir

Capture d’écran de l’allocution télévisée de Kaïs Saïed, au palais de Carthage, en Tunisie, le 25 juillet 2021. FETHI BELAID / AFP
Des agents de sécurité tunisiens retiennent des partisans du président Kaïs Saïed alors qu’ils scandent des slogans dénonçant le principal parti islamiste du pays, Annahda, devant le Parlement qui a été bouclé par l’armée à Tunis, le 26 juillet 2021. FETHI BELAID / AFP

A Sidi Bou Zid , une policière gifle un marchand ambulant qui n’avait pas de patente et lui confisque sa charrette à bras et ses légumes . Il s’immole par le feu. La Révolution du jasmin venait de commencer et Ben Ali perdait le pouvoir et quittait la Tunisie avec tout ce qui avait été volé par lui et sa famille.

A Mateur, devant le désastre sanitaire, le directeur de l’hôpital n’a pu retenir ses larmes : il ne disposait même pas d’oxygène pour empêcher les victimes du Covid 19 de mourir asphyxiés. Le coup d’état constitutionnel ( article 80) se déclenchait.

Le Président de la République Kaïs Saïed suspend le Parlement pour une durée de 30 jours et démet le Premier ministre Hichem Mechichi. Le principal parti d’opposition Ennahda est en fureur et son leader Rached Ghannouchi observe un sit- in devant la Chambre.

A Tunis, à Hammamet, dans toutes les villes, des scènes de liesse populaire montrent bien que les Tunisiens étaient écœurés de leur système politique. « Après Bourguiba. Il y a eu un Président efficace mais ouvertement malhonnête. Depuis il n’y a que des nuls et des voleurs »: c’ est à peu près le sentiment général qui prévaut.

Kaïs Saïed a été élu à une très forte majorité car ce professeur de Droit public, parlant un arabe littéraire sans défaut avec un débit impressionnant ( « Robocop », est-il surnommé !) est réputé incorruptible ( Robespierre ? ). La Constitution lui permet de s’emparer du pouvoir exécutif pendant une période. Il a pris soin de révoquer l’immunité des parlementaires, ce qui incitera beaucoup d’entre eux à se montrer coopératifs!

Kaïs Saïed n’a pas improvisé sa prise de pouvoir. Il a du obtenir l’accord des gouvernements qui comptent dans la région ( France , Etats- Unis, Union européenne …) et sans doute des promesses des États qui ne veulent pas voir la Turquie jouer un rôle dans ce qui fut un beylicat turc.

Il n’y avait pas de choix : le régime parlementaire bancal édifié par compromis successifs n’ était pas viable. Les islamistes purs et durs déguisés en hommes de bien et de religion sage pouvaient s’emparer de la Tunisie, « le pays ami ».

Le Président Saïed est un ennemi de l’Etat d’Israël, bien qu’ il n’y ait aucun contentieux entre les deux États. Mais il rêve d’une Palestine « de la rivière à la mer ». Le mot « rêve » est employé à juste titre et les réalistes, dont le pays frère, le Maroc , ont abandonné ce vieux schéma improductif.

Que les Tunisiens se saisissent de l’opportunité créée par leur Président pour bâtir un pays moderne avec une économie solide ( dont une industrie du tourisme qui pourrait repartir) . Tribune juive leur souhaite bonne chance : Mazel tov!
© André Simon Mamou

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