Bon
Dimanche
Nous sommes le 18 juillet, et posts et photos fleurissent depuis deux jours sur la Toile pour commémorer la Rafle du Vel d’Hiv…
79 ans ont passé et sur l’écume de la mémoire les mots de ceux qui en sont revenus ne sècheront jamais…
L’inénarrable…
La barbarie nazie était une irrationnelle abjection…
Mais l’espérance des rescapés des pogromes émigrés en France fut broyée dans une incrédulité muette : Quoi? Les hôtes de cette terre d’accueil précipitaient les Juifs dans les brasiers nazis , toutes origines confondues, car les Juifs français enracinés depuis plusieurs générations connurent le même sort…
Ce feu antisémite qui se propageait des steppes glacées rougies de sang à la douce terre française aux mains d’une irrémédiable conjuration collabo vitrifia la confiance de ces Juifs à qui Napoléon avait offert un statut enfin digne…
Il s’agit là d’un chavirement sporadique de l’Histoire, d’une souillure inexplicable, d’une innommable ignominie…
Que les Français ont majoritairement effacée en accueillant les rescapés après la guerre dans une mutuelle promesse tacite de cohabitation pacifique et prospère…
Ils tinrent parole et les Juifs œuvrèrent sans relâche à assurer leur bonheur, celui de leurs enfants et à creuser le sillon nécessaire à l’intégration dans ce pays bienveillant…
Et nous, les enfants ashkénazes , comme les séfarades par la suite dans leur ensemble, avons été biberonnés à la langue, à l’histoire, à la culture de notre pays…
Même si nous avons tenté quelques incursions en territoire yankee, et avons ajouté Bob Dylan, Leonard Cohen et Joan Baez, aux vers de Victor Hugo et de Racine implantés dans notre mémoire , nous avons transporté sur notre route le bonheur d’être français, même si nos parents malmenaient parfois le verbe de Molière en le mâtinant de yiddish et en butant obstinément sur des voyelles imprononçables, comme ce U ridicule ou le Ê malencontreusement diphtongué en ey, et la diphtongue OI réduite à un simple A , la vature étant un concept unanimement partagé par les souchiens et les griners fraîchement débarqués..
Mes enfants se moquaient gentiment de leur grand-père qui disait vasins au lieu de voisins en tentant de rééduquer sa langue et son palais…
Il a rejoint les anges, ses vasins, qui l’ont sans doute accueilli à bras ouverts…
Et je reconnais que certaines cuisines juives fleuraient autant les oignons frits du foie haché que les effluves de vin blanc du lapin chasseur…
Et le défilé du 14 juillet a ranimé en moi la fibre patriotique tandis que la Marseillaise m’humectait les paupières…
Alors le genou à terre des footballeurs qui ,pour quelques euros de plus ,ont fini par y renoncer tandis que se fredonnait ce Youssoupha qui signa le résultat qu’on connaît, c’est pas lié? Ah bon!
Ce Youssoupha, disais-je, qui démontrait dans une fulgurance aveuglante, le désir d’intégration de ces joueurs déjà français pour la plupart…
Les apports extérieurs sont bien évidemment la richesse d’un pays, de sa culture, de sa gastronomie, mais l’équilibre entre l’acceptation libre des lois et coutumes de la terre d’accueil festonnés de certaines traditions communautaires signe ce qui fut longtemps une cohabitation sereine de la mosaïque ethnique de notre pays…
Voilà juste quelques confettis que le 16 juillet a débusqués dans ma calebasse en vacances et qui ne feront pas bon ménage avec l’esprit woke qui s’installe lentement sur nos terres…
Et tant que j’y suis :
Ces manifestants de l’irrationnel qui confondent liberté et fraternité dans un refus alarmant pour notre avenir, ont-ils conscience d’œuvrer à la scission d’un pays déjà largement martyrisé par la pandémie ?
Une dernière chose:
Un bon point à la campagne de vaccination qui passe sur nos écrans: en liant une vie festive et heureuse à la seringue salvatrice , elle touche sa cible d’un message pour une fois lumineux dans un monde de la pub où il faut parfois tisonner ses méninges pour débusquer le 3 e degré d’une accroche pour intellos 2.0.
Sauf pour les « vatures » où le vroum vroum fait office de traduction simultanée…
Que ce dimanche de vacances vous soit gai et tendre…
Paris est vide
Je vous embrasse
© Michèle Chabelski
Michèle Chabelski vient de publier “Des Années Twist aux Années Tweet“. En vente sur Amazon
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