Inna et Michael Rogatchi. Coeur fait de cicatrices : Tisha BeAv et l’art

Réflexions artistiques sur Ticha be Av

Michael Rogatchi (C). La voie du peuple juif. Encre de Chine, pastels gras sur papier coton bleu foncé. 40x70cm. 2017

Oeuvres d’art : Michael Rogatchi (C), Inna Rogatchi ©.

Cette année 5779, ou 2019 pour le reste du monde, le 9 août, un Chabbat très spécial arrive, celui qui entre directement dans Tisha be Av, 9 Av, ‘un marqueur’ dans notre calendrier annuel juif en résonance avec tant de tragédies tout au long de notre longue et unique histoire. 

Les tragédies anciennes et celles très fraîches et récentes, toutes essentiellement douloureuses, avec les présentes, entrent dans le cœur sans anesthésie, avec une cicatrice de plus ajoutée à notre cœur juif commun. 

Parfois, on peut penser que notre cœur juif commun est fait de cicatrices, que ces cicatrices en sont le tissu-même. Ayant survécu à toutes ces cicatrices et vivant avec elles, la nation juive est unique dans son endurance. 

Quel est le secret de cette endurance ? À mes yeux, c’est notre dialogue avec le Créateur, très personnel pour chaque Juif, même non religieux, et souvent partagé et collectif pour ceux qui sont membres des communautés religieuses. 

C’est notre Torah, source de sagesse, d’équité et de bonté. C’est notre héritage, nos traditions, nos valeurs, notre humanisme fondamental basé sur tout cela et provenant de ces sources de vie pour le peuple juif. 

C’est notre cœur appris depuis des générations. Le cœur fait de cicatrices. Et notre mémoire y vit son propre paysage, depuis près de six mille ans maintenant. Inna Rogatchi (C). PAYSAGE DE LA MÉMOIRE JUIVE. Aquarelle, crayones à encre sur tirage original d’archives sur papier coton. 50x70cm. 2017. Collection d’âmes brillantes. Projet de sensibilisation à l’humanité. La Fondation Rogatchi.

C’est un lieu commun dans les études juives de se référer à toutes ces nombreuses et majeures calamités qui se sont produites le 9 Av tout au long de l’histoire. Et c’est inscrit dans notre esprit, comme faisant partie de nos connaissances générales. 

Mais lorsqu’un artiste réfléchit à cette chaîne de solennité, il entre dans une autre dimension. Notre connaissance neutre étant visualisée tout d’un coup obtient le volume. Surtout, ce n’est pas le volume d’égoïsme amplifié d’un artiste, mais c’est un volume d’émotions partagées, de mémoire partagée et d’expérience partagée de notre peuple. C’est ce que nous apporte un art réel, non égoïste, voire anti-égoïste. 

Les réflexions artistiques sur le thème du 9ème Av nous amènent à la synagogue Hurva détruite pendant de nombreuses décennies avec son arc solitaire debout si vulnérable et si mémorable qu’il est devenu une partie de notre amour pour Jérusalem, même après que Hurva ait été restauré dans toute sa splendeur. C’est un cas rare où une ruine peut commander un amour dévorant, mais à Jérusalem, c’est une chose naturelle qui se produit. L’œuvre fait partie de la Collection permanente d’art de la municipalité de Jérusalem. 

Michael Rogatchi (C). Mes pierres : Jérusalem. Huile sur toile. 110x90cm. 1993. Collection permanente d’art, municipalité de Jérusalem, Israël.

Cela nous amène aussi à la mise en forme de l’histoire juive – et du caractère juif dans une large mesure aussi – de l’expulsion d’Espagne, cette étude d’art parle de Tolède, le lieu d’origine de ma famille paternelle. L’expulsion des Juifs d’Espagne en 1492 n’a pas seulement formé notre histoire et notre caractère de manière substantielle. Elle a affecté l’histoire de l’Europe, l’histoire du monde, tout le parcours et l’impulsion du développement de l’humanité à bien des égards. On peut sentir le vide des Juifs, de notre culture, de nos traditions et de notre héritage en Espagne jusqu’à ce jour. Elle y est palpable, et toujours profondément triste, cinq siècles plus tard.Michael Rogatchi (C). TOLÈDE. 1492. Huile sur toile. 70x90cm. 2005. La collection d’art Rogatchi.

Le Goush Katif en 2005 s’était produit le lendemain de Ticha be Av, et le cœur de nombreuses personnes avait alors saigné. Pas tous, clairement, et c’était peut-être même une minorité. Mais la tragédie que c’était pour le peuple juif sur la terre juive, et il y a l’art qui y réfléchit, aussi, sur cette nouvelle blessure de Tisha Be’Av. Michael Rogatchi (C). SPIRALE DU DESTIN. GAZA. 2005. Huile sur toile. 70x90cm. 2005.

Ce qui reste du Beit Hamikdash, qui ont tous deux été détruits à Tish be Av, est la pierre de maïs inestimable du judaïsme, le Kotel. Le sentiment du Kotel est absolument individuel, et si un éditeur pouvait proposer une anthologie spéciale dans laquelle les réflexions de nombreuses personnes talentueuses et spéciales sur le Kotel seraient rassemblées, ce serait l’une des meilleures lectures de tous les temps, à mon avis. Et la mémoire accumulée dans les pierres du Kotel est le gage de notre survie. Michael Rogatchi (C). SOUVENIRS DE KOTEL. Huile sur toile. 45x125cm. 1999. La collection d’art Rogatchi.

Que nous fait le Kotel ? Dans ma perception et mon expérience, cela règle des revers, tous, de quelque nature que ce soit, et cela se nettoie comme de l’intérieur. Pourquoi? Parce que la plupart des innombrables personnes qui le visitent jour et nuit y viennent avec les meilleures intentions. L’énergie humaine ne disparaît pas. 

Inna Rogatchi (C). Heure de prière II. Aquarelle, crayones à encre sur tirage d’archives original de collage d’art original. 70x50cm. 2017. Collection d’âmes brillantes. Série de projets de sensibilisation à l’humanité. La Fondation Rogatchi.

Les pierres du Kotel, et l’esprit qui y plane, sont toujours là pour nous, toujours prêts à écouter chacun de nous. 

A la veille du 9 Av, Tisha be Av, je pense juste : Sommes-nous prêts à nous accorder sur la Présence du Kotel dans nos vies ? J’espère.

© Inna Rogatchi

Inna Rogatchi est une écrivaine, universitaire, artiste, conservatrice d’art et cinéaste de renommée internationale, l’auteur d’un film très prisé sur Simon Wiesenthal, Les leçons de la survie. Elle est également experte en diplomatie publique et a été conseillère en affaires internationales à long terme pour les membres du Parlement européen. Elle donne de nombreuses conférences sur les thèmes de la politique internationale et de la diplomatie publique. Sa marque de commerce professionnelle est entrelacée d’histoire, d’arts, de culture et de mentalité. Elle est l’auteur du concept des projets culturels et éducatifs Outreach to Humanity menés à l’échelle internationale par la Fondation Rogatchi dont Inna est la co-fondatrice et la présidente. Elle est également l’auteur du concept Culture for Humanity de l’initiative mondiale de la Fondation Rogatchi qui vise à apporter un réconfort psychologique à un large public par le biais d’arts et d’une culture de haut niveau en des temps difficiles. 

Inna est l’épouse de l’artiste de renommée mondiale Michael Rogatchi. Sa famille est liée à la célèbre dynastie musicale Rose-Mahler. Avec son mari, Inna est membre fondateur du Leonardo Knowledge Network, un organisme culturel spécial composé de scientifiques et d’artistes européens de premier plan. Ses intérêts professionnels sont axés sur le patrimoine juif, les arts et la culture, l’histoire, l’Holocauste et l’après-Holocauste. Elle dirige plusieurs projets d’études artistiques et intellectuelles sur divers aspects de la Torah et de la spiritualité juive. Elle est deux fois lauréate du Prix national italien d’art, de littérature et de musique italien Il Volo di Pegasole Patmos Solidarity Award et le New York Jewish Children’s Museum Award pour sa contribution exceptionnelle aux arts et à la culture (avec son mari).

Inna Rogatchi était membre du conseil d’administration de l’Association nationale finlandaise pour la mémoire de l’Holocauste et membre du conseil consultatif international du Rumbula Memorial Project (États-Unis). Son art peut être vu sur Silver Strings:

Inna Rogatchi Art site – www.innarogatchiart.com

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