Le long entretien téléphonique d’Erdogan avec Itzhak Herzog n‘avait pas l’intention de se contenter d’un message de félicitation au nouveau président israélien. Rusé et pragmatique, Erdogan cherche un allié régional pour sortir de la profonde crise socio-économique et de l’isolement diplomatique.
Le départ de Nétanyahou est donc un moment propice pour lui pour relancer le dialogue entre les deux pays et consolider les relations dans les domaines énergétiques, technologiques et touristiques.
Rappelons que la Turquie fait partie de l’OTAN et a été le premier pays musulman à reconnaître l’Etat Juif. Ce grand pays charnière entre l’Europe et l’Asie demeure riche et prospère. Nous avons plusieurs fois tourné avec lui des pages tumultueuses dont celle de l’affaire de la flottille du Marmara.
Aujourd’hui, nous devrions être vigilant devant les nouvelles intentions d’Erdogan et avant de poursuive le dialogue il est nécessaire de poser certaines conditions. En priorité, cesser immédiatement les discours haineux et belliqueux contre Israël et rétablir des relations diplomatiques complètes avec des ambassadeurs en exercice.
Il est nécessaire de mettre un terme aux interventions grotesques et provocatrices d’Erdogan en faveur des Palestiniens surtout à Jérusalem Est, et lors de manifestations sur le Mont du Temple. Nous ne pouvons plus admettre des interventions dans nos affaires et surtout que des fonds turcs s’infiltrent ici et financent des institutions islamiques.
Exiger de ne plus soutenir le Hamas, branche de la confrérie des Frères musulmans dont elle a pignon sur rue à Istanbul.
Encourager la poursuite de la normalisation avec les pays arabes sunnites, en exigeant du Qatar, qui héberge les Frères musulmans, de cesser de diffuser de la propagande par le canal d’al Jazzera.
Rétablir de bonnes relations avec l’Egypte du Maréchal Sissi et de ne plus l’accuser d’être responsable de la destitution et de la mort de Morsi, premier président représentant les Frères musulmans en Egypte.
Trouver des solutions communes concernant les réserves de gaz avec Chypre et la Grèce en établissant des frontières maritimes adéquates en Méditerranée. Rappelons que la Turquie avait envahi en 1975 une partie de Chypre. Aujourd’hui, elle a élargi son rayon d’action en Libye, en Syrie, et en Irak.
La Turquie cherche donc par tous les moyens et tous azimuts de s’imposer comme une puissance régionale et devenir le leader des sunnites au Moyen-Orient et dans le bassin oriental de la Méditerranée.
Cependant, Erdogan est conscient des limites du pouvoir et ne peut, après 20 ans à la tête de la Turquie, réaliser tous ses projets, cette folie des grandeurs.
Devant la donne géopolitique actuelle et face aux menaces omniprésentes, Erdogan devrait comprendre que faire partie de l’OTAN, devenir membre de l’Union européenne, du monde occidental et surtout être un allié d’Israël, est un grand privilège à condition de respecter les règles du jeu, les lois internationales, le bon voisinage, et admettre les contraintes comme les avantages.
Nous souhaitons vivement tourner la page et entreprendre avec la Turquie de bonnes relations dans tous les domaines à condition qu’Erdogan cesse de rêver à devenir un nouveau Soliman le magnifique.
Freddy Eytan Le CAPE de Jérusalem jcpa-lecape.org
Erdogan est un néonazi psychopathe et un criminel de guerre. Peut-on commercer avec le diable ?
Espérons que Yaïr Lapid – l’actuel Ministre des Affaires Etrangères d’Israël – tiendra compte de l’analyse faite ici au sujet de la Turkie par Freddy Eytan, ancien ambassadeur de la Mauritanie.
Depuis le retrait de Nétanyahou du gouvernement israélien (où il s’était réservé le portefeuille des Affaires Etrangères), ce ministère semble prendre plus
d’initiatives face aux divers pays.