Né en 1884 à Livourne au sein d’une famille juive séfarade de la classe moyenne, Amedeo Modigliani s’était installé à Paris en 1906 pour y développer sa carrière. Il était fier d’être Juif et ne le cachait pas. C’est à Paris qu’il a été pour la première fois victime de préjugés antisémites. Quand il est arrivé en France en 1906, l’antisémitisme était dans l’air. Cette année-là, la Cour de cassation de Paris innocentait et réhabilitait définitivement le capitaine Dreyfus.
Marc Chagall raconta à propos de son séjour à Paris en 1910: “À chaque pas, je me sentais juif. Les gens me le faisaient sentir.”
Contrairement à Chagall, Modigliani, âgé de 22 ans, aurait facilement pu se faire passer pour Français. Elevé en Italie par la famille française de sa mère, il a grandi immergé dans la culture française. Il parlait couramment la langue sans accent.
Son ami proche et protecteur, Paul Alexandre, qui a rassemblé de nombreux dessins et peintures de l’artiste a écrit : “Face à ceux ayant la haine antijuive, il proclamait sa judéité avec arrogance”.
Le judaïsme était au centre de l’éducation et du patrimoine culturel de Modigliani. Son grand-père maternel déclarait être un descendant de Barouch Spinoza dont la philosophie fut à la base des valeurs et des croyances de l’artiste.
Dans sa biographie, sa fille Jeanne, décrit la “force dévastatrice” avec laquelle l’atmosphère parisienne a agi sur son père.
Le tout premier tableau que Modigliani a exposé à Paris s’appelle “La Juive”. Titre qui soulignait l’appartenance ethnique du modèle, pour faire écho aux origines de l’artiste. Modigliani avait mis un accent particulier sur la forme de son nez, afin de tourner en dérision les caricatures des magazines antisémites.
Dans l’un de ses rares autoportraits, réalisé en 1910, il se présente avec la barbe épaisse et la tunique associées aux juifs orthodoxes. La manière abstraite avec laquelle il dépeint ses propres traits, yeux en amande à fortes paupières, sourcils épais et nez triangulaire proéminent, tendait à illustrer un homme assumant son altérité culturelle.
Modigliani a été profondément affecté par son environnement social et politique. Confronté à un niveau de haine qu’il n’avait jamais connu en Italie, l’artiste proclamait farouchement son identité et protégeait son individualisme. Il a attiré de nombreux individus et groupes marginalisés dans la société française.
Alors qu’il était encore adolescent il avait écrit :
“Exprimez-vous et avancez. L’homme qui ne peut pas trouver son identité en lui-même n’est pas un homme”.
Source: Wikisrael
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