Juin 2021 : l’équipe de France de football ne fera pas le doublé Coupe du monde / Coupe d’Europe. L’équipe du Portugal n’aura non plus droit à une répétition, autre doublé. Par contre Toulouse vient de réaliser le doublé Coupe d’Europe / Championnat de France… Pourquoi le doublé nous passionne-t-il ?
Deux buts d’un même joueur dans le même match, une exception ! Deux orgasmes dans la même partie, un bon coup ! L’obtention du bac et du permis de conduire dans la foulée, une belle année !
Le doublé est rareté et en confinant à l’extraordinaire, il est au moins deux fois plus visible et attendu : il chasse la « banalité ». Car marquer un seul but ne suffit pas. Avoir un seul orgasme non plus. « Quant au bac, mon p’tit Monsieur, tout le monde l’obtient, il suffit juste de le passer ».
Le doublé est donc exceptionnel. Lorsque je réalise un doublé, je me place dans la performance, au sens anglais, dans un jeu d’acteur, dans un spectacle. Le doublé est alors à lire en double épaisseur (toujours plus confortable) car il est à la fois doublage et doublure, il est destiné, il m’est destiné.
Doublage… Est-ce ma voix intérieure, mon hybris peut-être, qui m’intime de continuer, de persévérer ; que dis-je par mon geste de doublé ?
Doublure… Est-ce mon corps que je gouverne, que j’aliène peut-être, et dont je gère l’exploit ; qui suis-je quand j’effectue un doublé ?
L’événement que crée un doublé est fortement soumis à inflation : le consommateur-spectateur en demande plus et me condamne à un triplé ou à la Roche Tarpéienne pour l’avoir trahi. Et Didier Deschamps est précipité.
© Serge-Henri Saint-Michel
Serge-Henri Saint-Michel est Psychanalyste
06 84 99 85 06
Poster un Commentaire