Il ne se passe plus une journée sans qu’une arrestation, une interpellation ou une convocation ne vienne cibler un individu ou une organisation en Kabylie. Souvent en violation des lois en vigueur.
Pourtant, aucun des acteurs visés n’a revendiqué ou commis le moindre acte de violence.
C’est bien connu en Algérie, les périodes d’alternance clanique sont toujours marquées par une guerre sans merci. Et une fois de plus, la Kabylie est offerte en victime expiatoire, le temps que les parrains trouvent accord sur la façon de recomposer le système.
Les manipulations à l’origine de certaines initiatives ou propos ne doivent pas faire perdre de vue une pratique politique qui remonte à la funeste année 1957 lorsque l’opacité et la violence firent basculer le destin algérien dans le règne de l’imposture où la Kabylie fut régulièrement désignée comme la menace originelle qui pèserait sur la nation.
Le scénario n’a pas manqué d’être exhumé à chaque fois que le régime devait affronter une crise politique majeure. Et celle qu’il traverse aujourd’hui ne manque ni d’intensité ni de complexité.
En la circonstance, notre devoir est de faire preuve d’autant de détermination que de vigilance. Cette attitude est à la fois une réponse politique adressée au pouvoir et une stimulation des anticorps de notre société.
Pour l’heure donc, la solidarité sans faille doit être affirmée envers tous les internés et toutes les victimes du harcèlement policier et judiciaire. Cette solidarité doit être rapidement déclinée sous forme d’assistance morale et matérielle due aux familles.
Aussi, il devient impératif de sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur les risques que fait peser sur le pays ce qui s’apparente à une forme d’apartheid où la loi s’applique de façon sélective selon le statut social, l’origine régionale ou la proximité avec le pouvoir du justiciable.
Rappelons, entre autres cas, que dans un passé pas si lointain, on a vu un chef d’Etat qualifier de traître l’architecte de la Révolution et entendu, plus récemment, une députée proférer des ignominies envers des personnages historiques ou des populations amazighes sans que la justice n’ait estimé devoir intervenir ni les intellectuels organiques s’indigner.
Cette ségrégation est une atteinte au droit, une offense à la mémoire de ceux qui se sont élevés autrefois contre le double collège.
Le sort réservé à la Kabylie et la réaction qu’elle oppose aux attaques dont elle est l’obsession récurrente – les experts es observation à longue vue voudront bien excuser l’inclination à la victimisation qu’ils déplorent chez les indigènes – ont toujours été un bon indicateur de la situation générale du pays. Et le moins que l’on puisse dire est que celle d’aujourd’hui n’est pas rassurante.
Les turbulences actuelles ne sont ni anecdotiques ni conjoncturelles ; elles sont les symptômes d’une longue et vieille maladie algérienne. Raison de plus pour demeurer lucide. C’est dans les moments de tempête que l’on reconnait les bons marins. L’efficacité est le contraire de l’improvisation. L’impulsivité est souvent l’ennemie de la raison. Les anciennes recettes sont périmées et une réflexion devant réinitialiser notre logiciel est urgente.
Le défi de la libération citoyenne est un combat au long cours.
© Saïd Sadi
Saïd Sadi est membre fondateur de la première ligue algérienne des droits de l’homme. Son parti, qui affiche un profil social-démocrate, a pour préoccupations essentielles la défense de la langue et de la culture berbères, la laïcité de l’État et la lutte contre le courant islamiste.
Finalement.
Mais JAMAIS ils ne l’avoueraient.
Ils étaient plus libres, mieux gouvernés et mieux lotis en tant que département français…
Et c’est la France qui a TOUT gagné à s’en débarrasser…
Encore et toujours: merci De Gaulle.