Delphine Horvilleur, rabbin libéral au JEM, nous offre en un court essai une magistrale leçon de littérature dans laquelle elle interroge le pouvoir des mots, la puissance du verbe et du langage.
Une des fonctions d’un rabbin est d’accompagner les défunts vers leur ultime destination et de consoler ceux qui restent. Delphine Horvilleur, parce qu’elle s’est longtemps acquittée de cette tâche, est arrivée à cette conclusion que c’est par les mots, le conte, l’histoire qu’elle parvient au mieux à s’approcher de l’intime des endeuillés, à donner sens à leur vie au plus cruel instant de leur existence, celui de la perte d’un être cher.
Au travers de onze chapitres, onze récits de morts et d’enterrements, nous suivons son cheminement et son questionnement.
Comment retisser les fils de l’histoire du défunt désormais cassés, pour permettre aux endeuillés, sinon d’accepter, du moins de retrouver un sens à cette mort, sens qui leur permettra de continuer à vivre?
Le métier de rabbin s’apparente à celui de conteur et à celui de tailleur: Dans toutes les langues ou presque, “texte” et “textile” ont la même racine, dit-elle!
Le verbe se fait tissu, la syntaxe se fait couture afin de re-dire, de réparer les mailles sautées d’une existence abîmée. Des accrocs de la vie à l’ultime déchirure de la mort, c’est toujours la littérature qui recoud les âmes déchirées.
Et tous les lecteurs de ce livre pourront dire: Madame le rabbin, vous avez beaucoup “conté” pour moi”.
(Grasset, 224 pages)
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