Reporter en Israël, Noémie Halioua Raconte

J’ai pour « Elle » de la tendresse, – elle a l’âge de ma fille -, une infinie estime, – n’a-t-elle pas écrit le seul ouvrage sur Sarah Halimi-, et beaucoup de respect pour la « Reporter » que je regarde évoluer, s’envoler, et devenir aujourd’hui un « nom » dans le monde de presse: Noémie Halioua. La rencontrer pour Vous s’imposait donc!


Sarah Cattan – Bonjour Noémie. Vous revoilà de retour en France. Faisons le point. Lorsque vous avez quitté Paris, vous veniez de publier le premier et seul ouvrage consacré à l’Affaire Sarah Halimi. Pourquoi êtes-vous partie, et Pourquoi en Israël ?

Noémie Halioua – Vous savez, il me semble qu’on surestime la motivation idéologique des départs en Israël. Pour beaucoup de candidats à l’alyah, Israël constitue davantage la possibilité d’un nouveau départ que l’aboutissement de l’idéal sioniste ou d’une démarche religieuse. Beaucoup de divorcés, d’éclopés en quête d’eldorado, font leurs valises pour ouvrir un nouveau chapitre de leur vie. C’était en quelque sorte mon cas, bien que je souhaitais ce chapitre court. C’était la deuxième fois : à l’aube de la vingtaine, j’étais partie en Inde faire de l’humanitaire pendant six mois. Partir signifie à la fois changer d’air et saisir des opportunités nouvelles, en l’occurrence rejoindre la rédaction d’i24news et vivre une expérience humaine et professionnelle hors du commun.

S.C. – Où et comment avez-vous vécu ?

Noémie Halioua – La première année, je partageais une colocation sur le boulevard Rothschild à Tel Aviv, un quartier bourgeois dans un univers cosmopolite. Une façon d’adoucir le déracinement des premiers temps qui fut une douleur pour moi. Puis, au moment de la crise du coronavirus, j’ai emménagé dans un hôtel reconverti au cœur du quartier arabe de Jaffa, où l’appel du Muezzin traversait les fenêtres cinq fois par jour. Une résidence bicentenaire avec beaucoup d’anciens portraits fixés au mur qui, au vu du contexte des confinements, s’était transformé en une sorte de kibboutz. Des locataires de tous horizons occupaient la vingtaine de chambre et au fur et à mesure des semaines, une chaleureuse vie en communauté a pris forme. Pour finir, j’ai vécu quelques semaines face de la gare centrale de Tel Aviv, une zone très populaire, réputée pour concentrer les populations immigrées les plus pauvres, les drogués et les prostitués. Tel Aviv est une ville étonnante mais à mon sens, elle ne rivalise pas avec Jérusalem en termes d’histoire, de beauté et d’intensité. 

S.C.- Très vite, le téléspectateur français a pu vous retrouver sur différentes antennes et vous suivre via Twitter : Noémie, vous avez traversé une période de folie durant ces 3 années, du covid à une foultitude d’élections. Racontez-nous

Noémie Halioua – Quatre élections, la crise du coronavirus, la campagne de vaccination, l’opération Gardien du Mur et le crépuscule de Netanyahou à la tête du pays. Ce travail de reporter sur le terrain m’a permis d’être au plus près de ces événements et de la population qui les vivait. C’était très intense. Certaines choses m’ont vraiment impressionnée, comme ce légendaire esprit de résilience dont savent faire preuve les Israéliens, cet Etat fort qui sait se faire craindre et respecter, la discipline déployée en période de crise et ce sens du collectif. D’autres m’ont rebutée, comme l’instabilité politique inhérente à ce système de proportionnelle intégrale, ou encore cette façon qu’ont les Israéliens, pour le pire comme le meilleur, de se mêler de ce qui ne les regarde pas.

S.C. – On vous a vue un soir assurer le direct avec maestria alors qu’un missile traversait l’écran…

Noémie Halioua – En effet, on me parle beaucoup de ce direct et pour cause, il est objectivement le plus impressionnant de ma petite carrière de reporter télé. C’était le 13 mai dernier, quelques jours après le déclenchement de l’opération Gardien du Mur, nous faisions des duplex depuis Sderot, une ville située à quelques kilomètres de la bande de Gaza. Les sirènes avaient résonné toute l’après-midi, ce qui signifie qu’avec Ahmed, mon cameraman, nous avions passé notre temps à courir nous réfugier dans des abris antimissiles. Nous étions déjà sur les rotules à 22h pour le dernier bulletin d’information et le dernier direct de la journée, lorsque nous avons été interrompus par une roquette qui a traversé le ciel si proche de nous. Nous avons continué à filmer et décrire ce bref éclair, puis lorsque la caméra s’est éteinte, nous nous sommes serrés fort dans les bras. 

S.C. – Noémie, Française en Israël, avez-vous « observé » le traitement « 2 poids-2 mesures » réservé à Israël ?

Noémie Halioua – « Les médias vertueux avalisent sans broncher la propagande du Hamas », disait récemment Alain Finielkraut dans un entretien au Figaro. Evidemment, il a raison : il existe un consensus médiatique sur la question qui persiste à ne montrer qu’une face de la réalité de ce conflit et d’en ignorer une autre, bref à défendre un point de vue au nom d’une prétendue objectivité. En ce sens, le travail journalistique d’I24news et de fact-cheking de Info-Equitable est d’utilité publique. Ce sont les seuls à faire ce travail, à montrer les dessous de carte d’un conflit plus complexe que certains le rapportent.

S.C. – Quels sont vos projets ?

Noémie Halioua – Continuer à couvrir l’actualité, aller sur le terrain pour décrire et raconter, éclairer, analyser et écrire, d’une façon ou d’une autre.

Vous aviez entrepris de vous lancer dans une sorte de « Journal de bord » : peut-on espérer un ouvrage de vous ?

Noémie Halioua – Je travaille sur un projet en ce moment. Vous en saurez bien assez tôt !

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1 Comment

  1. Je suis déçu de voir Noémie Halioua en jean déchiré.
    J’espère que la chaîne i24 News, que je regarde régulièrement, la paie suffisamment pour qu’elle puisse s’acheter un nouveau pantalon à chaque fois que l’ancien s’use.

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