Vu hier soir un reportage à la télévision sur un centre de rééducation fermé pour les délinquants adolescents (aux États-Unis) à qui un juge a voulu éviter la prison (qui est souvent une spirale implacable et infernale dans l’endurcissement).
Six mois d’un régime de discipline militaire (sans aucune violence mais extrêmement strict) que les condamnés à la prison ferme doivent accepter en régime de substitution.
Vie cadrée, hygiène, sport, apprendre à obéir, apprendre à écouter, se sevrer des drogues, tenir sa chambre, RESPECTER les autres, respecter l’encadrement, SE respecter SOI, avoir le sens du groupe.
En finir avec l’agressivité, la victimisation, la complainte, la contestation, l’affrontement. Le rejet de tout comme système.
Accepter enfin une Autorité, claire, juste, toujours la même.
Même Lacan savait l’importance qu’il y a d’avoir un Maître et comment chacun d’entre nous, nous avons besoin à un moment d’avoir un Père ou un Maître.
Ils veulent un Maître.
Ne voit-on pas tous ces jeunes perdus qui hurlent pour avoir enfin des limites ? Qui hurlent pour un Tuteur contre lequel se construire et s’élever.
Tuteur, simple armature à qui on demande simplement d’être Verticale et Droite, de ne pas gondoler, de ne pas se « déconstruire » et s’avachir par veulerie pour se dégager de son rôle, de ne pas s’affaisser. La société s’affaisse, les parents s’affaissent et fuient.
Où trouver cette verticalité protectrice dont on ne sait même pas parfois qu’on est en recherche ?
Eh bien la discipline militaire, rude mais juste, peut SAUVER des enfants et des adolescents à la dérive. Peut les faire échapper au pire. Cela est démontré.
Cela va au rebours de la doxa gauchiste pour qui l’armée n’est bonne qu’à humilier et fabriquer du « fascisme ».
Cela va au rebours du discours des « éducateurs » qui pensent qu’un stage de Canoé Kayak dans les gorges du Verdon ou un séjour informel au bord de la mer en colonie de vacances peut faire prendre conscience à un adolescent violeur qu’il doit s’amender, se reconstruire, se donner des règles de vie.
Le gauchisme culturel « a tout faux » depuis des décennies qui partout substitue le principe de plaisir, l’empathie molle et démagogique, à la punition, à la rigueur, à l’effort, à l’encadrement.
Il programme sournoisement l’abandon de l’enfant livré à lui-même.
La vérité est qu’être Père, être Tuteur, édicter des règles, des lois, des limites, donner à voir un ordre (aucun progrès d’un ordre établi, aucune amélioration, réforme de cet ordre établi —établi par une Tradition—, ne peut se faire sans d’abord avoir accepté, intégré, cet ordre légué et transmis.
Ceux qui se dispensent d’avoir à transmettre un Ordre, ceux qui refusent de servir de père et de repère ne rendent service ni à la liberté, ni au bonheur, ni même à l’esprit de transgression qui ne peut exister que par la prise de conscience de règles antécédentes.
Mais le gauchisme culturel pourrait faire de l’adage « Après moi le Déluge » son slogan favori.
Il ne se sent au fond responsable de rien. Il fomente l’anomie et finalement pousse au suicide, qui est son aboutissement logique.
Savoir qui va être sauvé, comment il peut être sauvé lui importe peu.
Dès qu’il entend parler ordre, père (patriarcat honni) discipline, dévouement, fermeté, peu lui chaut qu’on puisse concrètement délivrer des jeunes en attente pathétique d’interdits libérateurs, en attente de colonne (vertébrale), de bon bâton de pèlerin, solide, ferré, bâton légué d’un bon et vrai curateur qui prête ou donne à son protégé l’instrument de sa marche.
Peu lui chaut qu’on puisse aider ou secourir, prêter main forte : il ne voit que les mots « discipline » et « loi » et, quand il entend parler ainsi, il sort son revolver.
Prêter main forte il est vrai suppose qu’on n’ait pas la main molle ( à supposer qu' »on » possède encore quelque chose qui ressemble à une main).
© Antoine Desjardins
Professeur de Littérature, Antoine Desjardins est co-auteur de “Sauver les lettres – Des professeurs accusent” (Editions Textuel). Membre du Comité Les Orwelliens, il écrit dans le Figaro Vox, Marianne, Causeur.
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