On est tous d’accord sur un point : ce n’est pas le gouvernement que l’on espérait, loin de là. On n’a pas seulement perdu la tête ce dernier mois, on a surtout perdu la droite.
La responsabilité nous incombe à nous tous qui votons et pensons à droite du rond central.
Smotrich a dit non à Abbas. Saar s’est campé sur son « non à Bibi ». Bennett n’a dit ni oui ni non, et a joué un double-jeu troublant. Quant à Bibi il a baissé les bras, après douze ans de combat acharné, cédant ainsi le pouvoir au camp adverse.
Le grand gagnant de la course au pouvoir se nomme Yaïr Lapid. Après des années de patience et de réflexion, il a réussi son coup d’éclat sans passer par un coup d’état. Comprenant qu’il ne pouvait accéder au pouvoir par les urnes, Lapid a compris qu’il fallait viser le talon d’Achille : la désunion dans le camp adverse. Le peuple d’Israël vibre majoritairement à droite, et pourtant… Lapid a opté pour une stratégie du lâcher-prise, en cédant sa place de numéro un au spécialiste des startups : notre nouveau Premier ministre Naftali Bennett. Impensable, un nouvel exit digne du Guinness : Comment devenir Premier ministre avec seulement six mandats ? Rak be Israël…
La gauche a suivi son leader en silence, tête basse, enfin, pour le moment ! Elle s’est offert le pouvoir sur un plateau d’argent grâce aux rebelles de droite, tout simplement par stratégie et réalisme. Sans Saar, Lieberman et Bennett, la gauche n’aurait même pas pu imaginer prendre la direction du pays. Quant à la droite, elle se voit contrainte de céder sa place, doublée par sa droite. Le magicien qui nous a sauvés du Covid, qui a redoré le blason d’Israël, renforcé son économie et signé des accords de paix sans concessions, a perdu cette guerre… la plus facile en apparence.
Netanyahou sur le banc ? Dans l’opposition ? Incroyable ! On aurait dû y réfléchir avant, plutôt que de déverser tant de haine, une fois que les jeux étaient faits. Car oui, il existait des solutions pour composer un gouvernement homogène et de droite – mais chacun a campé sur ses positions. Le bloc de droite avait la possibilité de ralentir le véhicule lancé à pleine vitesse, d’allumer ses feux de détresse et de se ranger sur le bas-côté pour respirer, reprendre ses esprits. Bibi aurait-il dû céder le volant à Barkat, pour sauver la maison, le temps de rassembler les brebis égarées ?
Pour la plupart d’entre nous, la photo surréaliste de ce nouveau gouvernement, fruit de nos désaccords, n’est en rien rassurante. On parle de catastrophe, de détournement, de trahison…Qu’en est-il vraiment ? On va très vite le savoir !
Une seule consolation : dorénavant on ne devrait parler que de santé, d’économie, de social, d’éducation ou de transports… en espérant que l’on ne touchera pas trop aux sujets sensibles de Shabbat ou de cashrout !
Statu quo total côté de Abou Mazen, donc aucun nouvel État en vue, enfin normalement. Biden devra s’y faire, ou alors, retour aux urnes, on connait le chemin…
D’après le Dr Avshalom Kor, grand spécialiste de la langue hébraïque, « le gouvernement des contraires » est né ; on l’a nommé aussi « le gouvernement du changement ». Une chose est certaine, il ne s’agit pas d’un gouvernement « d’unité », ni même « d’union nationale ». Un jour peut-être, qui sait ?
Avraham Azoulay
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