Mieux vaut tard que jamais : le gouvernement suisse a adopté vendredi la définition de l’antisémitisme promulguée en 2016 par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), et devient ainsi le 36 -ème pays à approuver cette résolution.
Pour rappel, le site internet de l’IHRA, exemples à l’appui, définit l’antisémitisme comme une certaine perception des Juifs qui peut se manifester par une haine à leur égard. Les manifestations rhétoriques et physiques de l’antisémitisme visent des individus juifs ou non et/ou leurs biens, des institutions communautaires et des lieux de culte.
Voilà donc que vendredi le Conseil fédéral suisse a déclaré via un rapport reconnaître « la valeur et la pertinence pratique » de ladite définition, qui pourra servir de guide supplémentaire pour identifier les incidents antisémites.
A noter : Le rapport du Conseil fédéral se félicite que « les agressions physiques et verbales contre des personnes de confession juive et les dommages matériels, qualifiées de fléaux, soient plus rares en Suisse que dans d’autres pays, même si la progression de l’antisémitisme sur internet est manifeste ».
Parallèlement à l’adoption de la définition de l’IHRA de l’antisémitisme, le Conseil fédéral suisse annonce la mise en place d’une stratégie nationale contre le racisme et l’antisémitisme.
La définition de l’IHRA
Pour rappel, en publiant en 2016, en réaction à une montée des incidents antisémites en Europe occidentale, une définition opérationnelle de 500 mots de l’antisémitisme, l’IHRA ou International Holocaust Remembrance Alliance ou IHRA, réseau international d’universitaires, de directeurs de musées et d’organisations caritatives issus de 34 pays qui encouragent la recherche et l’enseignement sur la Shoah, a voulu, via un guide, définir le caractère antisémite de certains propos ou certains actes, et couvre les stéréotypes sur les Juifs, de l’incitation à la violence jusqu’à la négation de la Shoah. Le document énumère onze formes que peut prendre l’antisémitisme, de l’appel au meurtre des Juifs à la mise en avant de stéréotypes sur le complot et le contrôle par les Juifs en passant par le fait de blâmer les Juifs en tant que groupe pour des actions menées par des individus et toute forme de négation de la Shoah.
Peut-on … critiquer Israël
Mais on le sait : Tout un débat est aujourd’hui associé à ladite définition : la définition de l’IHRA contrevient-elle, comme aiment l’affirmer les critiques, et en particulier les Palestiniens et leurs soutiens, à la liberté d’expression, et, partant, l’établissement de comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des Nazis est-elle une vue antisémite.
Ainsi, face à ceux qui affirment que la définition fait bien la distinction entre critique légitime de l’Etat juif et la rhétorique qui serait susceptible de franchir la frontière parfois floue de l’antisémitisme, ou les propos qui utilisent Israël pour faire avancer, en arrière-plan, la haine des Juifs, s’élèvent les opposants, illustrés par ce groupe de 122 universitaires et auteurs palestiniens qui écrivit dans The Guardian qu’Accuser d’antisémitisme toute personne considérant que l’Etat d’Israël, tel qu’il est aujourd’hui, est raciste, revient à accorder à Israël une immunité absolue.
En réalité, la définition établit clairement que les critiques d’Israël similaires à celles qui peuvent être énoncées contre n’importe quel autre pays ne peuvent pas être considérées comme antisémites : mais est-ce souvent le cas…
Toujours est-il qu’un nombre croissant de pays, d’instances internationales, d’universités et d’équipes sportives l’ont adoptée, ladite définition.
Si Paris et Nice l’ont fait en février 2020, la ville de Neuilly-sur-Seine l’a adoptée le 1er avril, alors que
la municipalité de Strasbourg avait rejeté l’adoption de la définition et que la Collectivité européenne d’Alsace … l’avait adoptée.
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