Bennett : Je vous ai compris !

TRIBUNE JUIVE a toujours publié un texte à la veille d’élections en Israël. L’idée centrale était que les choix des israéliens ne sauraient être remis en question.

Surtout pas par ceux qui se disputent les places en terrasse au Café de Flore.

Seuls ceux qui ont été incorporés dès l’âge de 18 ans pour des périodes de plus de 30 mois, seuls ceux qui ont affronté le terrorisme et qui tentent de se construire une vie meilleure malgré salaires légers et lourdeur des impôts … eux seuls ont le droit de choisir leurs dirigeants et la politique qui leur convient.

« Et si le peuple vote mal, il n’y a qu’à changer de peuple ! » avait affirmé Barnea, éditorialiste péremptoire.

Netanyahu n’est pas Poutine. Après 15 ans de service, ses subordonnés ont le droit de guigner la place et de tout tenter pour qu’elle leur revienne. Ils ont rapproché des petits partis antagonistes pour arriver à une presque majorité.

Pas suffisant ! Il faut chercher l’appui d’un parti arabe qui a demandé et obtenu beaucoup de concessions et d’avantages. Beaucoup trop.

Le loup est dans la bergerie mais on espère qu’il se tiendra bien ( comme à Lod ou à Yaffo le mois dernier !)

La sécurité ? Pas de problème écrit le thuriféraire de service : le vrai gouvernement c’est la poignée de Premiers ministrables, les autres n’étant au pouvoir que pour en garantir la survie !

Les électeurs les plus mécontents sont ceux de Neftali Bennett : ils ont voté pour un parti qui s’affiche « À droite toute » et qui devra composer avec des centristes, des travaillistes ou des crypto communistes !

« On verra bien » disent les plus désireux d’accéder au pouvoir. Oui, on verra comme on a vu des enfants jouer avec des allumettes.

Bennett avec sa poignée de députés sera Premier ministre parce qu’il a su se rapprocher puis s’éloigner puis revenir. Dans les réseaux sociaux, on le compare à Pinocchio avec son nez qui s’allonge après chaque mensonge !
C’est choquant de lui reprocher son habileté. Les Israéliens peuvent préférer un dirigeant intelligent qui sache tirer parti de toute situation.

Et puis mentir en politique, est ce mentir ? « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » ( Charles Pasqua) et le plus beau de tous, l’indépassable « Je vous ai compris » du Général de Gaulle : « La réforme de nos institutions, vous avez voulu qu’elle commence par le commencement, et c’est pourquoi me voici ! » Tonnerres d’applaudissements !

Gantz impeccable ministre de La Défense et Lieberman qui, un jour, peut décider de tout dynamiter, Gideon Sa’ar dans le rôle de Brutus ( Tu quoque mi fili !) et Lapid avec 16 élus cédant la place à Naftali fait figure de sacrifié. Il faut dire que sa véhémence contre Netanyahu était choquante et il devra ronger son frein durant 104 longues semaines avant de se voir lui aussi roi dans le royaume.

Si cet improbable attelage ne se disloque pas en cours de route.

André Simon Mamou